La Porsche 963, une symphonie inachevée en WEC
Ce n'est sans doute pas la marque que l'on voyait annoncer son départ du Championnat du Monde d'Endurance, mais Porsche quittera bien le WEC à la fin de la saison 2025, comme annoncé hier par la marque allemande.
Le constructeur allemand, allié à l'entité américaine Penske pour l'exploitation de ses 963 LMDh en WEC mais aussi en IMSA, ne se focalisera donc plus que sur le championnat nord-américain à compter de 2026.
Une fin quelque peu abrupte pour une période qui aura vu la Porsche 963 triompher au classement général des pilotes en 2024 avec Kévin Estre, Laurens Vanthoor et André Lotterer, mais sans jamais pouvoir apporter la fameuse 20e victoire dans la Sarthe à la marque.

Ce qui aurait également été le Graal du « Captain » Roger Penske, qui semble donc échouer (provisoirement ?) dans sa dernière grande quête en sport automobile. Mais si Porsche a échoué à renouer avec la victoire sur le double tour d'horloge, la 963 est loin d'avoir tout raté dans sa carrière.
La 963 à une marche du palmarès parfait
Dévoilée officiellement en juin 2022, la 963 avait marqué le choix, qui a pu surprendre au départ venant de la part d'un constructeur comme Porsche, d'embrasser le volet LMDh du règlement Hypercar. Rappelons que la 963 a pris la suite immédiate du projet avorté d'Audi, également lancé sur un programme LMDh.
Porsche avait choisi de s'allier à Penske pour mener à bien l'exploitation de la voiture des deux côtés de l'Atlantique, tant en WEC qu'en IMSA, avec la volonté affichée de triompher partout. Le retour d'une mythique alliance qui avait fait les beaux jours des deux entités, notamment avec la RS Spyder dans les années 2000.
Et force est de constater que le châssis développé par Multimatic, et propulsé par le V8 biturbo de 4,6 L n'est pas passé loin du score parfait.
Daytona, Sebring, titres Pilotes, Teams et Constructeurs en IMSA, titre Pilotes en WEC ... seules les 24 Heures du Mans ne sont pas tombées dans l'escarcelle Porsche.

Car si le palmarès est bien garni, les débuts de l'alliance germano-américaine n'ont pas été des plus simples, avec bon nombre d'avatars techniques à régler en début de carrière. Mais les évolutions apportées ont mené la 963 sur la plupart des podiums internationaux.
A ce jour depuis 2023, la 963 compte en WEC 3 victoires, 15 podiums, et 3 pole positions. En IMSA, le bilan est plus conséquent, avec 11 victoires, 27 podiums et 3 pole positions.
Autre réussite pour Porsche : être la seule marque à avoir réellement diffusé sa LMDh, en collant ainsi à la philosophie espérée par l'ACO, l'IMSA et la FIA, sur la base d'écuries clientes en lice face à l'usine comme dans les années 80.
JOTA, Proton Competition en WEC, JDC-Miller en IMSA, ont répondu présentes, avec plus ou moins de réussite. JOTA a réussi à empocher les 6 Heures de Spa en 2024, au terme d'un scénario rocambolesque.
Porsche, le mythe
Porsche demeure un vrai mastodonte de l'Endurance : 19 victoires aux 24 Heures du Mans, des titres mondiaux alignés depuis plusieurs décennies, des pilotes de légende comme Jacky Ickx, Henri Pescarolo, Derek Bell, le regretté Stefen Bellof, mais aussi, plus proche de nous, la génération dorée de Romain Dumas, Timo Bernhard, Marc Lieb, Stéphane Ortelli, Laurent Aiello, jusqu'aux actuels représentants de la marque.

Sans oublier une dynastie de modèles tous victorieux au plus haut niveau des courses proto, avec les 917, 956, 962, 911 GT1, 919 Hybrid et donc 963.


Sans oublier que ce n'est pas la première fois que Weissach annonce la fin de l'un de ses programmes Endurance, la firme allemande ayant mis fin à son engagement en LMP1 en juillet 2017, avant son retour via le programme Hypercar. Alors, n'est-ce qu'un au revoir ?
Commentaires (10)
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dmeyers
8 oct. 2025 • 12:54
LittleBen
8 oct. 2025 • 13:31
J’aurais tendance à répondre qu’en premier lieu il s’agit de la victoire aux 24 heures du Mans, qui reste le Graal.
Il suffit de se souvenir de l’époque du duel Audi-Peugeot en ILMC: Peugeot raflait la plupart des courses avec une voiture assez polyvalente, tandis qu’Audi concevait sa voiture uniquement pour gagner Le Mans!
Le fait d’être passé de l’ILMC à un championnat du monde estampillé FIA peut avoir donné un peu plus d’importance aux titres glanés en fin de saison, mais ne change pas fondamentalement la balance, je pense.
Bien sûr, un titre mondial (quel qu’il soit) doit être valorisable à travers du marketing ciblé, de même que dans les showrooms, mais j’imagine qu’il l’est différemment pour des marques plus généralistes comme Toyota et Peugeot, en comparaison de marques exclusivement sportives comme Porsche et Ferrari.
Autant je peux imaginer une augmentation des commandes de Ferrari ou Porsche le lendemain d’une victoire au Mans, autant le phénomène doit être accompagné (promotions, séries spéciales, packs etc.) et prendre plus de temps pour d’autres constructeurs.
LittleBen
8 oct. 2025 • 13:32
jean luc
8 oct. 2025 • 13:41
Les supporters et fans d'endurance (identifiés par les constructeurs) ont un profil très différent de la F1, en endurance l'histoire est importante. Or à part Le Mans, Spa et Suzuka (dans une moindre mesure) les autres courses sont interchangeables et n'apportent rien de plus qu'une course dans un coin du globe. Un championnat avec Daytona et Sebring aurait une autre gueule. Même le plus récent Petit Le Mans draine plus d'intérêts que le Qatar ou le Brésil ou la Lone Star.... L'argent c'est bien mais ce que cherche un constructeur c'est une valorisation et avec des circuits sans histoire et en grand nombre, le compte n'y est pas.
Pierre V.
8 oct. 2025 • 14:09