Vécu

Chronique d'un monde qui change, part 4

Endurance Info
28 déc. 2023 • 17:00
par
Laurent Mercier
En 2005, mes compétences de photographe étaient déjà au top du top

En 2005, les choses continuent de bouger en Endurance avec deux championnats majeurs en Europe : Le Mans Endurance Series, FIA GT. Du côté d’Internet, il y a aussi une certaine forme d’ébullition. Les discussions sur les forums se poursuivent quotidiennement. Laurent Chauveau étant débordé professionnellement et Claude n’étant pas encore disponible à 100%, Infos Course se développait pourtant au rythme de la percée du championnat Le Mans Endurance Series.

 

▶️ Chronique d'un monde qui change, partie 1

 

Le fameux Shuga, avec qui je conversais de plus en plus, était plus flexible côté emploi du temps. Petit à petit, il est entré dans l’échiquier des contributeurs réguliers. Tous les soirs, nous passions du temps (beaucoup de temps) à discuter sur une messagerie instantanée, chacun sur son PC (et non un Mac). Oui, car il fut un temps où Windows dominait nettement le marché. Durant l’hiver 2004/2005, j’écrivais de petits articles avec ce Shuga que je ne n’avais jamais rencontré. Bien sûr, ses articles n’étaient pas signés Shuga, mais bien de son vrai nom Anthony Megevand. Lorsque l'on a rejoint Infos Course, Laurent Chauveau ne voulait pas de bordel, c’est-à-dire de publier des infos vérifiées et ne pas raconter n'importe quoi. Il fallait donc envoyer des mails aux pilotes et aux équipes pour avoir des infos et des interviews car en 2005, toujours pas le moindre réseau social et encore moins de Tinder (autre débat).

 

▶️ Chronique d'un monde qui change, partie 2

 

Je vais faire un aparté. Si Laurent a été celui qui s’est bougé le derrière pour écrire sur Infos Course, Anthony ‘Shuga’ Megevand a été celui qui a boosté le tout et qui m’a tout appris sur ce que l’on pouvait écrire, pas écrire et comment l’écrire. Les deux ont de vraies valeurs dans un milieu qui en a maintenant de moins en moins. Ce qu'on appelle l'éducation. Je sais qu’il va pester en lisant cela mais Anthony est selon moi la plus belle réussite en Endurance de ces dernières années. Arrivé dans le milieu grâce à une course DTM dans les rues d’Avignon qui n’a jamais eu lieu, rédacteur sur Infos Course, moteur pour la création d’Endurance-Info, attaché de presse de ORECA, puis responsable de la compétition-client chez ORECA et enfin directeur sportif de COOL Racing.

 

▶️ Chronique d'un monde qui change, partie 3

 

A cette époque, personne ne savait où cette aventure allait nous emmener. Ce que l’on savait, c’est que cela devenait de plus en plus énergivore et nous avons fait le choix, un choix assumé, de privilégier une vie professionnelle à une vie personnelle. Depuis 2005, il est difficile d’avoir des relations qui durent mais ça c’est une autre histoire que je réserve à l’écriture de mes mémoires en…2050, tout comme les petites histoires de ce sport jamais racontées ici-même. 2005 est l’année du déclenchement de pas mal de déplacements. Tout commence au Paul Ricard au printemps 2005 où Infos Course se retrouve accrédité à quatre personnes. Pire qu’une multinationale : Laurent, Antho, Julie (qui était la petite amie d’Antho) et moi.

 

La première rencontre physique entre Antho, Julie et moi s’est faite sur le parking à l’entrée du Paul Ricard. Il roulait en Peugeot 206 RC, moi en VW Golf noire, vitres teintées noires. Deux caisses faites pour aller sur une concentration de tuning. Au milieu des années 2000, accéder au Paul Ricard était compliqué, très compliqué car le circuit n’accueillait pas la moindre compétition. Il fallait être sur une liste, signer un registre avec l’heure d’entrée et l'heure de sortie, laisser une pièce d’identité. On avait l’impression de rentrer dans un endroit interdit, bien loin des quelques autres circuits que je connaissais. Un Yas Marina avant l’heure. Antho et Julie rencontrent Laurent Chauveau pour la première fois. Et c’est parti…

 

On connaissait peu de monde dans le paddock même si Infos Course avait déjà sa petite notoriété auprès des acteurs. Une fois le plan de bataille établi, chacun allait pêcher les infos, tout de même avec ce regard de vivre quelque chose d’assez fort car passer de l’autre côté du grillage n’était absolument pas prémédité. Nous avons donc couvert les essais pour Infos Course. En quelques mois, je passais de forumeur à modérateur puis rédacteur. Je ne pense pas que l’on puisse encore parler de journalisme pour ma part. Je tâtonnais. Je crois que le premier à être monté nous voir pour une interview en salle de presse est Nico Minassian. En réalité, c'était bien lui car j'ai encore la photo. Si je la publie, je pense que Antho m'en voudra à vie, d'autant qu'il doit avoir quelques dossiers à mon égard 🤣. On était beaux comme des camions avec nos chasubles. Oui, j'avais aussi droit à une chasuble pour aller prendre des photos en bord de piste. P**** que j'étais mauvais.

La question s'était posée de savoir si on devait publier cette Ferrari 550 Maranello cassée. Déontologie ?

Pour cette première expérience ‘ricardienne’, je logeais chez Antho et Julie près de Marseille. Je m’en souviens très bien car ils m’ont fait découvrir la vraie Tarte Tropézienne. A cette époque, la pratique sportive m’était inconnue, alors qu’est-ce que j’ai pu en manger entre deux articles le soir avec quelques verres pour faire passer le tout. On établissait un plan de bataille pour le lendemain, sur qui allait voir qui. L’autre souvenir de ce déplacement est Madonna. C’était la sortie de l’album Confession on a dancefloor, notre musique du trajet Marseille/Paul Ricard. C’était un peu une bande de potes qui partait à la conquête de l’Endurance sans but précis sur le long terme car chacun avait une activité professionnelle en parallèle. En 2005, je n’avais pas pris l’avion une seule fois, alors c'est dire. 

 

Ces essais du Paul Ricard allaient laisser place à d’autres déplacements dans la foulée, à commencer par le FIA GT à Monza peu de temps après où nous étions tous les trois, Julie et Antho en camping dans le Parco di Monza. Un sketch car le camping était fermé. Un régal ce FIA GT avec ces Maserati MC12, Ferrari 550 Maranello et autres Ferrari 575. Je kiffais grave. Direction ensuite les 1000 km de Spa où j’ai passé le meeting dans la sympathique équipe LMP2 PIR Compétition de Marc Rostan et Pierre Bruneau. L’objectif était de raconter par écrit la vie de l’équipe durant l’événement. 

 

Le puzzle se formait avec des déplacements payés par nous-mêmes, des congés pris pour les courses à trouver les hôtels les moins chers et à manger des sandwichs au cul de la voiture. En 2005, on parlait encore de sport et non de BoP, mais ce n'est pas pour autant que tout était rose. J'ai le souvenir d'un article qui avait fait causer. Il avait fallu faire un droit de réponse, puis un droit de réponse au droit de réponse, avant un énième droit de réponse. Il n'est pas encore temps de tout révéler mais je peux vous dire que Antho s'était arraché les cheveux. Pour truander la chose, il publiait le droit de réponse le temps que la personne puisse le lire en ligne avant de l'effacer. Même chose avec le camp adverse. Les échanges étaient comment dire... très chauds. 

 

Nous sommes fin 2005 et Infos Course, qui à l'origine était dédié aux 24H du Mans, a trouvé sa vitesse de croisière avec un site qui va bien au-delà de la classique sarthoise : beaucoup de Le Mans Endurance Series, FIA GT et ALMS. Pour moi, il y aura eu Essais LMES, LMES Monza, FIA GT Monza, 24H de Spa, FFSA GT Val de Vienne, FFSA GT Nogaro, Club Europa Magny-Cours, Racing Festival Spa, 24H du Mans, Le Mans Story, Spanish GT Barcelone. Par contre, ce n'était pas le bon plan d'emmener sa copine sur une course car j'en ai perdu deux en un an après avoir tenté l'expérience, à chaque fois après une visite au Club Europa à Magny-Cours. Pourtant, Magny-Cours, j'y cours... Le reste du temps, je passais mon temps à écrire le soir et le week-end, à converser avec mes amis, sans oublier de continuer à faire vivre le forum.

 

Juste pour terminer cette partie, les accréditations presse pour les 24H du Mans étaient limitées et j'étais resté à la porte en 2005. J'avais donc repris un billet pitwalk, vous savez celui qui coûte un porte-avion. Il y a prescription maintenant mais j'avais changé le numéro, remplacé le 'pitwalk' par 'Auto Media', un média imaginaire, pour accéder à la salle de presse. Je sais, ce n'est pas beau et je suis confus. Les contrôleurs regardaient surtout le tour de cou qui était le même pour pitwalk et presse. Cela m'a permis de faire des interviews et d'aider au bon fonctionnement du live texte. Oui car ça aussi c'était quelque chose cette histoire de live texte. Fallait être un brin maso... 

 

A suivre (ou pas)...

 

Commentaires (10)

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Pierre V.

28 déc. 2023 • 18:24

"A suivre (ou pas) ..." ? J'espère bien que la réponse est Oui !

Skyd

28 déc. 2023 • 18:58

👏👏👏👏
un vrai panard de vous lire, et beaucoup de souvenir me reviennent à vous lire !
C est super top !

LittleBen

28 déc. 2023 • 19:49

Merci Laurent pour cette autre série d’articles dont je raffole et que je suis assidûment!
Ça rappelle beaucoup de souvenirs …
Ces forums que je parcourais aux aguets des informations sur les pilotes des 24 heures de Spa, par exemple.
Ou encore, puisque vous évoquez les Maserati MC12: je regardais hier l’épreuve de cyclo cross se déroulant dans les buttes de sable du circuit de Zolder, et je me remémorais les épreuves FIA GT auxquelles j’ai assisté sur ce circuit, avec ces magnifiques MC12 franchissant la butte avant de plonger vers le virage Gilles Villeneuve.
Le speaker était très enthousiaste en voyant la MC12 Playteam damer le pion à celles de l’équipe Vitaphone.
La Playteam était pilotée par un certain Alessandro Pierguidi …

lmercier

28 déc. 2023 • 20:24

@LittleBen : Même chose pour moi en regardant le cyclo de Zolder. 😀

clejoly

28 déc. 2023 • 23:10

Merci Laurent pour ces articles sont nous raffolons 🙏