Mirko Bortolotti (Grasser Racing Team) : « Un projet construit sur plus de 10 ans »
Voici la deuxième partie de l'entretien accordé par Mirko Bortolotti après sa victoire aux 24 Heures de Spa. Focus cette fois sur son aventure avec Lamborghini Squadra Corse.
La première partie peut être retrouvée ci-dessous.
Mirko Bortolotti (Grasser Racing Team) : « La boucle est définitivement bouclée »
Si l’on remonte en arrière, vous faites partie des pilotes à avoir tout connu de la Huracan, du développement à cette victoire à Spa. Que cela signifie-t-il pour vous ?
C'est difficile de mettre des mots sur ce que cela signifie. C'est une épopée incroyable, en considérant d'où nous venons, en considérant le passé de Lamborghini, comment Lamborghini était il y a 10 ans, avec quel genre d'outils nous travaillions, la structure, le personnel, les ingénieurs … Nous avons dû tout apprendre par nous-mêmes. C'est ce qui me rend si fier parce que nous devons nous rappeler d'où nous venons et qui nous affrontions. C'est un sentiment différent par rapport au fait d’arriver dans une équipe déjà installée, dans un environnement qui a déjà gagné, dans une voiture qui gagne et se concentrer juste sur le travail. Là, c'est bien plus que cela et c'est vraiment ce qui rend cette histoire si spéciale. Cela montre aussi qu'avec les bonnes personnes, avec la bonne approche, avec la bonne mentalité, avec les bonnes personnes en arrière-plan qui croient au projet, qui vous donnent leur confiance, nous avons prouvé que tout est possible. Et qu'aussi, en tant que marque relativement petite, il est possible de s’engager dans ce championnat et de gagner la plus grande course GT et les plus grands titres. Je tiens à remercier tous ceux qui ont été impliqués dans cette aventure dès le premier jour parce que je pense que c'est un succès qui débute qui remonte au tout début, avec tous ceux qui ont été impliqués dès le premier jour, et pas seulement des personnes qui sont là maintenant. Ces dernières sont vraiment importantes, sans aucun doute, mais c'est quelque chose qui a été construit sur plus de 10 ans.
En regardant l’histoire de la Huracan, gardez-vous un moment particulier en tête ?
Je me souviendrai toujours de la première course (à Monza en Blancpain Endurance Series en 2015, Ndlr). Ce n'était pas une bonne course pour nous, pour ma voiture, mais c'était une bonne course pour la voiture sœur car nous avons réussi tout de suite à gagner (victoire en piste avant un déclassement pour un restricteur de ravitaillement, avant que l'appel ne tourne en faveur de GRT). Ce fut un excellent début pour le projet. Nous étions la première nouvelle voiture face aux GT3 de l'ancienne génération. La première victoire à Daytona (2018) est aussi vraiment spéciale. Première victoire de Lamborghini en course de 24 heures, première victoire pour moi sur une course de 24 heures. Ce fut un très grand souvenir. Le premier titre en GT World Challenge l'année précédente (2017) en remportant un titre au général et d'endurance. Le DTM est aussi une victoire majeure après trois saisons sans réussir à remporter le championnat dans les derniers instants. Et évidemment le week-end dernier, sans oublier Petit Le Mans et Sebring.



L’Huracan GT3 en est à sa troisième version avec les EVO. Avez-vous clairement vu sa progression ?
Nous avions une plateforme solide au départ. En 2014, nous faisions le développement avec Audi, qui développait la R8 LMS. C'était vraiment une bonne synergie à l'époque à certains égards, mais ensuite, bien sûr, sur certains éléments majeurs, nous avons dû réaliser notre propre travail. La première Huracan avait certainement quelques faiblesses sur lesquelles nous avons réussi à travailler et à nous améliorer, surtout si l'on considère que la voiture devait être pilotée non seulement par des pilotes professionnels, mais aussi par des pilotes gentlemen. Je pense que cela a été bien fait en essayant de trouver un autre bon compromis sur l'EVO, qui a également été très réussie. Nous avons gagné une deuxième fois à Daytona et la première fois pour moi à Sebring en 2019 lors de ses débuts. Avec toutes les évolutions de la Huracan GT3, nous n'avons pas nécessairement trouvé de la performance pure, mais nous avons réussi à élargir un peu la fenêtre de performance de la voiture pour aider tous les pilotes et les équipes à être à l'aise, à avoir une voiture facile à conduire. Mais en même temps, il fallait toujours savoir exactement quoi faire si l'on voulait être compétitif. Ce n'était pas juste une voiture facile pour tout le monde. Avec l’EVO2, nous avons fait un autre pas dans la bonne direction pour les courses de sprint et d'endurance.
Nous allons bientôt en savoir plus sur la Temerario GT3. Le parcours de la Huracan a sans doute aidé à obtenir une bonne base pour le développement de cette nouvelle voiture ...
C'est difficile de répondre à cette question parce que la voiture n'est pas encore vraiment à un stade où je peux y répondre. Tout le monde chez Lamborghini connaît les forces de la Huracan et c'est la base sur laquelle nous allons continuer à construire. C'est l'objectif absolu pour nous de commencer par les garanties, si vous voulez appeler cela comme ça, que nous connaissons et ensuite, évidemment, essayer de s'adapter avec la nouvelle plateforme, le nouveau châssis … Nous sommes en plein développement de la Temerario GT3 ces dernières semaines. Je pourrai vous donner une meilleure réponse à votre question quand nous serons plus proches du début de la prochaine saison.
Appréciez-vous cette partie du travail de développement sur une voiture ?
Chaque fois que je suis impliqué dans ce que l'usine prévoit en matière de travail de développement, j'essaie toujours de donner mon feedback de la meilleure façon possible. C'est super d'en faire partie, et de voir de nouveaux produits prendre vie et se développer jour après jour. Ce qui me rendra le plus fier, ce sera de voir la voiture bien performer lors de la première course. Les phases de développement peuvent aussi être ennuyeuses du point de vue du pilote parce que vous êtes seul en piste. C'est un environnement complètement différent d'un week-end de course. Mais c’est quelque chose qu'il ne faut pas sous-estimer car il faut vraiment rester concentré et motivé pour essayer d'aider votre équipe à tirer le maximum de chaque jour et de chaque tour à disposition.
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