Chronique d'un monde qui change, part 5

Début 2006, la petite équipe Infos Course comprend que les attentes des lecteurs sont de plus en plus grandes et on se doit de hausser notre niveau de jeu. J’ai en mémoire les 24H de Daytona fin janvier. Pas question d’aller sur place car nous n’avions pas le moindre euro pour cela. Infos Course était une association où on ne gagnait pas un kopeck. Tous nos déplacements étaient financés par nos propres deniers.

La saison 2006 débutait par les 24 Heures de Dubai, la toute première édition remportée par la BMW M3 E46 GTR pilotée notamment par un certain Toto Wolff. Là aussi, pas question d’aller sur place mais j’ai toujours regardé de près cette épreuve où cette année-là aucun pilote français au départ malgré plus de 60 autos en piste. Je rêvais d’aller là-bas après deux éditions du FIA GT sur le Dubai Autodrome. Bref, il fallait faire une couverture avec les moyens du bord et sur le sujet, Claude (Foubert) était à fond pour couvrir de chez lui les 24H de Dubai.

Avec Antho, on avait l'idée en tête pour les 24H de Daytona de fin janvier : faire un live texte depuis la France. Une belle idée à la con car aucun live streaming pour suivre la course. Croyez-le ou non mais nous avons fait un live texte en écoutant une radio qui diffusait en espagnol alors qu’aucun de nous ne parle la langue. Pour couronner le tout, il y avait aussi de la musique bien pourrie. Quand je vous dis que c’était une idée à la con… C’était du n’importe quoi, on ne comprenait pas grand-chose sachant qu'il n'y avait pas le moindre réseau social. Il y avait donc Antho et moi sur MSN Messenger à s’envoyer des messages durant la course. « T’as compris ça ? Ha non moi j’ai compris ça. » C’était l’année de la victoire Target Chip Ganassi Racing with Felix Sabates (un nom qui claque au Scrabble). Nous avions quatre pilotes français au départ sur qui nous pouvions écrire : Cyrille Sauvage, Xavier Pompidou, Manu Collard, Sébastien Bourdais. Pas de bol, les deux derniers cités abandonnaient après une centaine de tours. On s’était pris d’affection pour Miro Konopka sur sa BMW M3, un pilote pour qui j’ai réellement de l’affection tant le gars est sympa et passionné. On s’était pris au jeu de savoir qui allait écrire en premier Bratislaboy dans le live texte pour l’ami Miro, de nationalité slovaque. Je ne sais plus lequel des deux a réussi mais juste pour signaler l’abandon de la BMW très tôt dans la course.

Ce live texte était fait avec deux bouts de chandelle et je ne suis pas sûr de l’audience. Moi, en 2006, je rêvais de Floride et de voyager, alors que je n’avais ni passeport, ni pris l’avion. On ne parle pas de voyageur en herbe mais plutôt de voyageur en bois. Vingt ans plus tôt, j’avais eu le déclic de l’IMSA et de la Floride via un épisode de Miami Vice appelé « Florence Italy » où on y voyait une course IMSA dans les rues de Miami avec Danny Sullivan en guest. Il fut un temps où Antenne 2 (là je m’adresse aux vieux) diffusait un épisode et chaque vendredi soir, je faisais mes devoirs scolaires dans la cuisine chez mes parents devant Miami Vice. Miami + IMSA = le rêve, le soleil, les palmiers. Tout ça pour dire que ce live texte des 24H de Daytona me donnait encore plus envie de Floride. Depuis, j’ai dû aller à Miami 30, 40 fois. Croyez-le ou non, mais à chaque fois que je sors de l’aéroport, j’ai une pensée pour cette période de mon adolescence et de ce live texte.

Revenons-en à 2006. Antho, travailleur infatigable, en faisait toujours plus, si bien qu’il m’était difficile de tenir le rythme, étant toujours moniteur auto-école. Il m’arrivait de faire des interviews au téléphone pendant que l’élève faisait son créneau. Cela commençait à devenir n’importe quoi. Petite anecdote à ce sujet. Quelques années plus tard, je demande un créneau à une élève et je passe un coup de fil pour quelques minutes. Je pose mes questions en anglais, je note les réponses. Le créneau était nickel. Je raccroche et j’échange avec l’élève. Tout était calme jusqu’à ce que je lui dise que la personne au téléphone était Patrick ‘Docteur Mamour’ Dempsey. C’était l’époque où il roulait sur une Mazda en Grand Am et j’avoue que ça avait été assez facile de l’avoir. La fille était limite en PLS à côté. Ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’elle allait le balancer à toutes ses copines. Je donnais des cours de code de la route et j’avais le droit à « quand est-ce qu’on peut parler à Patrick ? » A cette époque, j’allais encore pas mal en boite de nuit et j’étais connu comme le mec du coin qui avait parlé à Dempsey au téléphone.

Infos Course étant très badgé 24 Heures du Mans, on s’est alors mis en tête de changer de nom pour viser tous les championnats et plus seulement Le Mans/LMES. Je vais être honnête, il n’y a jamais eu la moindre prise de gueule entre nous tous. Bien sûr, il y a eu des différends mais aucun clash. Là où il aurait pu y en avoir, c’est sur le nom du site. Laurent avait une ligne, Antho, Julie et moi une autre, et Claude était très consensuel. Déjà, je suis un fervent défenseur des fonds blancs alors que Laurent est fond noir. Désolé mais moi le fond noir, ça me pète les yeux. On a évité les noms ‘côté piste’, ‘ambiance nuit’, 'couleur passion' et je ne sais quels noms à la gomme dont on ne voulait pas. Sorry Laurent ! Nous étions finalement ok pour Zone Rouge. Au moment de vouloir déposer le nom, déjà pris. Rebelote pour une série de noms. Il a fallu discuter, échanger, sortir le drapeau blanc pour calmer les esprits. 

Endurance-Info est sorti du chapeau. On prend ? On vire ? On trouvait cela un peu long mais compréhensible par tout le monde. Nous tenions absolument à lancer le site avant les 24H du Mans afin d'avoir une belle caisse de résonance. Pari réussi, non sans mal !

Stop ou encore ? 

➡️ Chronique d'un monde qui change, part 4

➡️ Chronique d'un monde qui change, part 3 

➡️ Chronique d'un monde qui change, part 2

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