Supercars/IMSA

Chronique Kévin Estre : « Une super expérience et de super souvenirs »

IMSA
17 oct. 2023 • 16:00
par
Pierre Tassel
Le Français, qui a pris part à Bathurst 1000 en Australie pour la première fois de sa carrière, avant de mettre le cap sur Petit Le Mans le week-end dernier, revient avec Endurance-Info sur cette quinzaine un peu folle.
© Penrite Racing

En l'espace de quinze jours, Kévin Estre aura découvert un mythe du sport automobile australien à Bathurst, traversé un océan, pour revenir dans un univers un peu plus familier en IMSA le week-end dernier.

 

Un doublé Bathurst 1000 - Petit Le Mans de longue haleine pour le Français, qui a ajouté à son programme WEC 2023 la célèbre épreuve sur le Mount Panorama au sein du Penrite Racing, en soutien de Matthew Payne, avant d'épauler Klaus Bachler et Patrick Pilet chez Pfaff Motorsports pour la finale IMSA à Road Atlanta.

 

Pour le dernier volet de sa chronique autour de sa présence en Supercars, le pilote Porsche Motorsport revient sur ces deux épreuves, avant de mettre le cap sur Bahreïn pour la finale du WEC début novembre.

Bathurst 1000 : au coeur du mythe

Je suis arrivé le mardi avant la course, et nous avions dès midi une photo avec la nouvelle décoration de la voiture pour la semaine de Bathurst. Nous avons réalisé cela sur le sommet de la montagne. Il y avait des fans un peu partout, avec les campings déjà largement remplis alors que cela ne roulait que deux jours plus tard. L’ambiance était super. Quand on voit les photos, cela fait un peu à l’ancienne, très authentique avec les voitures dans la terre. C’était assez différent des présentations de décorations auxquelles je suis habitué.

© Penrite Racing

Nous avons ensuite eu beaucoup de choses à faire avec les médias et les sponsors. Le lendemain, le mercredi, se déroulait la parade. Malheureusement, il a plu durant cet événement. C’est un peu le même style qu’au Mans, avec chaque équipage dans une voiture pour faire un petit parcours dans les rues de Bathurst. Malgré la météo, il y avait beaucoup de monde. C’était un bon moment.

© Penrite Racing

Les essais ont débuté jeudi et contrairement au Sandown 500, il y avait beaucoup plus de sessions de roulage, avec des séances d’une heure. Le circuit est long et c’était bien de pouvoir accumuler les kilomètres, surtout dans la seconde session réservée aux copilotes. Cela faisait quand même quatre ans que je n’avais pas évolué sur le Mount Panorama. J’ai pris mes marques petit à petit. Avec la Ford Mustang GT, nous étions assez bien sur un tour, mais jusqu’à la course, nous ne sommes pas parvenus à trouver le bon équilibre. Les pneus arrière dégradaient beaucoup plus, et nous avons mis du temps à trouver le bon réglage. Tout le monde était concerné par la dégradation, mais notre voiture était généralement un peu plus survireuse, donc c’était moins bien que les leaders. Nous étions plutôt en milieu de peloton, avec Triple Eight Engineering et Erebus vraiment mieux que nous au regard de leurs longs runs. C’est surtout au warm-up que nous avons réussi à trouver le bon compromis pour être bien en course. Matt a réussi à entrer dans le Shoot-Out en qualifications, avant de prendre la huitième place. C’était une belle performance, car c’était son premier Shoot-Out à Bathurst, après une qualification solide, même s’il en manquait un tout petit peu. Il n’a pas pris trop de risques non-plus.

© Penrite Racing

Cette année, en course, il y avait beaucoup plus de liberté sur le plan de la stratégie que lors des dernières années. La capacité des réservoirs était plus grande, la fenêtre de changements de freins était très longue et il n’y a pas de fenêtre de ravitaillement. Plein de stratégies différentes ont été observées. Certaines équipes ont pris le départ avec le copilote par exemple. De notre côté, Matt a pris le départ et me rend la voiture en huitième position. Après deux ou trois bons tours au début de relais, je suis derrière Shane van Gisbergen et je maintiens un bon tempo. Mais sur le premier freinage sur mon huitième tour, j’essaie de freiner un poil plus tard et à l’attaque du frein, je bloque la roue avant-gauche. Je tire un peu tout droit, passe dans le bac, et vais « mourir » contre le mur de pneus. Je tombe les rapports et après avoir mis la première, la caisse se plante. Je suis coincé et la voiture de sécurité est déployée. Les commissaires me sortent, mais nous avons perdu un tour. L’équipe me fait rentrer sous Safety-Car pour vérifier la voiture.

 

Au restart, la stratégie devient simple : faire un très long relais et espérer une autre voiture de sécurité pour que les autres rentrent et que nous restions en piste pour récupérer le tour. Un peu comme aux Etats-Unis. J’essaie d’être précautionneux avec les pneus et de reprendre confiance, et au bout de vingt minutes, notre stratégie fonctionne, avec un autre Safety-Car. Après cette neutralisation, le relais se déroule bien, puisque j’arrive à effectuer la deuxième ou troisième meilleure moyenne des pilotes en piste. De plus, nous étions décalés en stratégie. Matt a ensuite terminé la course. Je pense aussi que nous n’étions pas les meilleurs au niveau du refuelling, sans être aussi rapides que les autres. Ce qui nous a fait perdre une position à chaque arrêt de Matt dans son dernier relais. Nous terminons 11e, mais je pense que sans les soucis aux stands, nous aurions pu terminer neuvième. Et sans mon erreur, entre 5e et 10e, ce qui équivaut à notre rythme en piste. L’équipe ne m’en a pas voulu après ma bourde, et je pense que c’était moi le plus frustré et énervé. C’est comme ça. Le point positif est que j’étais dans le rythme de Garth Tander, qui a bien plus de vécu ici. Je retire du positif de cette expérience, avec de super souvenirs, comme la parade sur le circuit juste avant la course, où les spectateurs peuvent nous voir. Ce serait bien de le faire sur d’autres circuits en Europe.

 

Petit Le Mans, un podium de haute lutte

 

Après Bathurst, j’ai pris la direction des Etats-Unis pour Petit Le Mans. J’ai retrouvé la 911 GT3 R, que je n’avais pas pilotée depuis les 24 Heures de Spa. Pfaff Motorsports a une immense expérience en IMSA, donc il n’y avait aucune raison que cela ne fonctionne pas. C’est sûr que cela faisait quand même beaucoup de différences avec le Supercars. Nous avons eu du mal en début de week-end, avec un équilibre vraiment défaillant. Mais plus la course approchait, mieux nous étions. Samedi, c’était un peu la bonne surprise, car nous pensions vraiment être loin en termes de rythme. Certes, nous n’étions pas les plus rapides, au contraire des Lamborghini, mais nous étions dans le match. Et comme les courses d’IMSA sont toujours très animées …

© Courtesy of IMSA

Le drive-through en début de course nous a placés parmi les derniers, mais le team a fait un super boulot sur le plan de la stratégie. Nous sommes repassés en tête une heure après la pénalité. Klaus Bachler a ensuite été impliqué dans un contact et a perdu le pare-choc avant et une aile, donc nous avons dû rentrer sous Safety-Car pour réparer, ce qui nous a remis une nouvelle fois en dernière position à mi-course. A deux heures de l’arrivée, Pfaff a pris un gros risque en nous faisant rentrer un peu plus tôt que prévu. Je monte dans la voiture et l’objectif est d’attaquer avec une piste libre. Virtuellement, nous remontons sur le leader, et survient un autre Safety-Car qui a obligé tout le monde à rentrer. Nous avions alors l’avantage en essence, du fait de notre arrêt précédent. Nous n’avons mis que 15 ou 20 secondes d’essence, contre 40 aux autres. Cela nous fait passer de la 8e à la 2e place dans les stands. Nous aurions pu être premiers en ressortant, mais la Mercedes – WeatherTech Racing a mis moins d’essence que prévu pour ressortir en tête et profiter de la track position. Il y a ensuite eu tellement de neutralisations qu’ils ont eu assez d’essence pour terminer. Entre la dernière longue neutralisation et l’arrivée, il devait rester 1h20, et personne ne pouvait rester autant en piste sans ravitailler sous drapeau vert. La Mercedes avait également un peu plus de couple que nous, et je n’ai jamais réussi à être assez proche en bout de ligne droite. Elle ressortait toujours un peu mieux que moi des virages. De plus, les pilotes n’ont fait aucune erreur.

© Courtesy of IMSA

 

L’ambiance était assez spéciale chez Pfaff, puisque c’était la dernière pour eux avec la Porsche 911 GT3 R (l’écurie alignera la McLaren 720S GT3 EVO en GTD Pro en 2024, Ndlr). Une opportunité s’est créée pour l’équipe. Pendant la séance d’autographes, tous les fans nous demandaient si nous allions rouler sur la McLaren ! Nous sentions que Pfaff voulait terminer sur une bonne note après les deux dernières saisons pleines de succès en GTD et GTD Pro.

 

Place maintenant à la finale du WEC à Bahreïn avec la Porsche 963 !

Commentaires (1)

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boiseaubert

17 oct. 2023 • 19:54

s'il y a un circuit que je rêve de voir au calendrier du WEC c'est bien Bathurst