Porsche et la 3e voiture aux 24 Heures du Mans

POURQUOI PORSCHE ALIGNe UNE troisième 963 OFFICIELLE DANS LA SARTHE ?

La question, elle est vite répondue ! « Pour accroître nos chances de victoire, cela va de soi, nous a répondu Urs Kuratle, directeur des programmes LMDh chez Porsche. C'est mathématique. » Mais quand la décision a-t-elle été prise ? « Tardivement, a enchaîné l'Allemand. Nous avons mis du temps à nous décider car nous ne souhaitions surtout pas surcharger notre programme Le Mans, y compris au niveau de nos sous-traitants. Et nous devons aussi fournir des autos à nos écuries-clientes. »

Il est effectivement étonnant de voir que la maison-mère se permet d'aligner une troisième voiture dans la Sarthe alors qu'elle peine à livrer les écuries privées ayant fait l'acquisition de la LMDh allemande. « Mais une fois que nous nous sommes assurés que ça n'aurait pas un impact sur le reste, nous avons appuyé sur le bouton », a conclu notre interlocuteur. Il y aura donc quatre 963 au départ le 10 juin, puisqu'aux trois officielles s'ajoutera celle couvée par le Hertz Team Jota.

« Le Mans est le point culminant de chaque saison d'Endurance, et plus encore cette année puisqu'il s'agit du 100e anniversaire de la course, affirme Thomas Laudenbach, vice-président de Porsche Motorsport. Pour nous, il s'agit donc de maximiser nos chances de remporter notre 20e victoire au Mans à l'occasion du 75e anniversaire de la marque Porsche. Voilà pourquoi nous alignons une troisième voiture. » Une auto qui revêtira d'ailleurs une livrée spéciale pour l'occasion, et ce comme cela a été officialisé il y a quelques jours.

Gageons également que Roger Penske a également poussé fort pour qu'une troisième auto soit inscrite dans la Sarthe. L'Américain de 86 ans fait des 24 Heures du Mans une obsession et tient plus que tout à accrocher à son palmarès, de son vivant, cette épreuve de légende qu'il estime comme étant la seule à manquer à son palmarès.

Qui pour s'occuper de cette 963 n°75 ?

Tout d'abord, pourquoi le n°75 ? Tout simplement car 2023 marque le 75e anniversaire de la marque. Et s'il y a bien un constructeur qui tient à remporter l'édition du centenaire plus qu'un autre, c'est Porsche, détenteur du plus grand nombre de victoires dans la Sarthe.

Pour couver cette auto, « nous ferons appel à nos équipes IMSA », nous a répondu Urs Kuratle. Et au volant, « nous avons officialisé Felipe Nasr car règlementaire parlant, l'ACO nous impose de désigner un pilote au moment où la liste des engagés aux 24 Heures du Mans est révélée. Et ce que je peux vous dire, c'est que les deux autres pilotes seront également issus de notre programme américain. Mais ne nous sommes pas encore fixés de deadline concernant notre choix. Nous prendrons notre temps mais nous n'avons que des bons pilotes et sommes donc confrontés à un problème de riche. »

La question est donc de savoir qui de Matt Campbell, Mathieu Jaminet ou Nick Tandy restera sur la touche à la mi-juin. Les deux premiers représentent l'avenir de la marque, quand le dernier a pour lui d'avoir inscrit sur nom au palmarès de la classique sarthoise avec Porsche, en 2015... et déjà à bord de la troisième voiture. Bon courage aux décisionnaires...

Avoir une 3e voiture aux 24 H. du Mans, cela paie-t-il ?

Thomas Laudenbach assure que « l'histoire de la course montre que les voitures supplémentaires alignées ont souvent fait pencher la balance. Il n'est pas nécessaire de remonter très loin dans l'histoire de Porsche Motorsport pour s'en convaincre : en 2015, la troisième 919 Hybrid nous a permis de décrocher la victoire. » Certes, mais c'est plus compliqué que cela.

Si régulièrement des constructeurs engagent une voiture supplémentaire aux 24 Heures du Mans pour maximiser leur chance de victoire, cela a-t-il déjà eu une réelle influence sur le résultat ? En 2015, une autre 919 Hybrid avait terminé 2e derrière la n°19 de Tandy / Bamber / Hülkenberg, en l'occurence la n°17 de Bernhard / Webber / Hartley.

Le dernier à avoir procédé de la sorte est Toyota, en 2017. Mais cette année là, deux des trois TS050 Hybrid n'avaient vu l'arrivée, et la troisième avait fini au 8e rang. En 2011, Audi était bien content compter de pouvoir compter sur trois R18 TDI. Deux d'entre elles ont renoncé, mais la dernière – celle de Fässler / Lotterer / Tréluyer – l'a emporté devant quatre Peugeot. En 2007 aussi, seule une des trois Audi R10 TDI a vu l'arrivée, permettant à la firme aux anneaux de repartir avec les lauriers.

« Le fait d'engager une troisième 963 nous confronte à des défis logistiques et opérationnels, reconnaît cependant Jonathan Diuguid, Director du Porsche Penske Motorsport. Cela signifie que les membres de notre équipe IMSA se déplaceront en Allemagne et en France pendant environ quatre semaines. Ils uniront leurs forces à celles de leurs collègues du WEC pour préparer les voitures et le matériel nécessaire. »

Finalement, il est donc impossible de répondre à la question. Ce qui est certain, c'est que ça ne peut pas faire mal quand on connaît la difficulté de cette course... à condition que l'organisation soit à la hauteur, et donc les ressources financières et humaines.