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Jim Glickenhaus : « La réalité économique nous rattrape »

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14 mar. 2023 • 21:05
par
lmercier, à Sebring
Glickenhaus Racing est de retour sur ses terres aux 1000 Miles de Sebring. Le constructeur américain reste sur une troisième place en Floride.
Photo : MPS Agency

Si 2023 marque les débuts d’une nouvelle ère de l’Endurance, il ne faut pas oublier que Glickenhaus Racing entame sa troisième saison avec sa 007 LMH. Le constructeur américain, qui sort de deux belles campagnes WEC, doit faire face cette année à une concurrence bien plus forte dans la catégorie Hypercar. A Sebring, la 007 LMH est partagée par Romain Dumas, Olivier Pla et Ryan Briscoe.

 

Sans roulage depuis les 6H de Monza en juillet 2022, le retour en piste, qui plus est sur un tracé aussi compliqué que Sebring, n’est pas simple. Alors que la concurrence lime le bitume depuis plusieurs mois, Glickenhaus Racing doit tout réapprendre en peu de temps. Les pilotes et l’équipe doivent aussi se familiariser avec les nouveaux pneus. A l’issue du Prologue, le handicap à combler est de près de trois secondes. Jim Glickenhaus, le charismatique patron de l’équipe, se veut tout de même rassurant sur la montée en régime de son écurie. A l’heure de la pause déjeuner du mardi, l’homme au chapeau s’est confié à Endurance-Info tout près de sa 007 LMH.

Photo : MPS Agency

Comment se passe ce retour à la compétition ?

 

Nous n’avons pas roulé depuis Monza l’année passée. On ne peut pas dire que c’est facile pour nous, d’autant plus que nous découvrons les nouveaux pneus. Le règlement 2023 est différent car il n’est plus possible de chauffer les pneumatiques. Nous avons profité du Prologue pour bien travailler et nous verrons mercredi où nous en sommes. Le championnat fait la part belle à la Balance de Performance, ce qui fait que quelqu’un qui dépense dix fois plus d’argent n’en tirera pas un gros avantage. Cependant, c’est de plus en plus difficile pour les petits constructeurs comme nous. Nous allons voir quelle sera la suite.

 

La BOP doit permettre à tout le monde d’avoir sa chance…

 

Oui mais un constructeur qui a beaucoup de moyens mettra bien moins de temps pour faire du développement, par exemple au niveau des suspensions. 

 

Qui voyez-vous à l’avant ?

 

Je pense que Toyota est un ton au-dessus. Ils sont rapides, peu importe les conditions de piste. Avoir deux ans d’expérience est aussi un vrai plus même si leur voiture a évolué l’hiver dernier. A la régulière, je ne vois pas qui peut les battre. Malgré tout, ils peuvent avoir des soucis techniques ou des connaître sorties. En course automobile, rien n’est jamais acquis.

Photo : MPS Agency

Avoir une seule auto comme vous est aussi un désavantage ?

 

C’est sûr que cela n’arrange pas les choses. Pour nous, le WEC a de moins en moins de sens car il devient très dur de trouver des clients pour faire rouler une voiture, contrairement à la Baja et le Nürburgring. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir mais on se dirige tout doucement vers la fin.

 

Qu’en est-il de votre GT ? Vous pourriez faire ce qu’il faut pour la faire rouler en WEC ?

 

Je ne pense pas car cela demande beaucoup de moyens. Si on regarde de plus près dans cette belle allée de paddock, où sont les grandes marques comme Coca Cola ou Amazon ? Elles ne sont pas là. Le WEC est un très beau championnat qui nous accueille très bien. On veut faire les choses bien mais il y a une réalité économique qui nous rattrape. Nous n’avons pas de contact actuellement pour une 007 LMH. Une marque comme Ferrari arrivera toujours à trouver des privés qui veulent investir. Pourtant, notre voiture est fiable et tout le monde fait du très bon travail en interne. Il y a aussi le problème de l’IMSA où on ne peut pas rouler, ce que je considère toujours comme illégal. Nous avons eu des contacts dans le passé pour l’IMSA mais ce n’est malheureusement pas possible d'y aller.

 

Vous restez engagé à la saison en WEC ?

 

C’est le plan de disputer l’intégralité de la saison avec une auto et deux au Mans. Si nous n’avons aucune chance, nous prendrons une décision car l’objectif est clairement d’être compétitif.

 

Vous serez présent aux 24H du Nürburgring ?

 

Pas cette année car le focus est mis sur le WEC. En revanche, le plan est d’y retourner en 2024 avec deux autos. Notre business principal est de vendre des voitures de route comme la 004 où nous avons déjà 200 commandes.

Commentaires (12)

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wizztiti

15 mar. 2023 • 13:23

Qui prendra le risque de parier sur une BOP équitable après toutes les années de bidouilles en tout genre, et l'interdiction de commenter la BOP ? La BOP va TOUJOURS défavoriser la 007, et avec le nombre de constructeurs à servir, le risque est grand de ne faire que des courses anonymes toute l'année. Donc, même si elle est moins chère, ce qui n'est pas sûr avec le soutient d'un constructeur, la 007 est sûrement le plus mauvais choix pour un privé (on a vu comme ils préfèrent tous avoir la même voiture pour limiter les risques). Ce d'autant que l'ACO garde le LMP2 en réserve via les chassis "constructeurs" badgés LMPh en cas de fuite des "Grands" constructeurs. Aujourd'hui, il ne reste que le record du tour du Nurnurgring pour permettre à un artisan de se distinguer.

Michel Vaillant

15 mar. 2023 • 13:45

Les artisans et petits constructeurs n’ont aucune chance en LMDH
Ce sera la même pour Vanwall
Si je suis patron d’une écurie et que je veux faire de l’Hypercar donc jouer le podium, évidemment que je ne mise pas sur Glickenhaus. Pourquoi le ferais-je ?

La seule chance pour un privé de faire quelque chose en HyperCar est de s’associer avec un constructeur.

Les privés ont leur place en LMP2. Au lieu d’un plateau mono marque qui n’intéresse pas grand monde, pourquoi ne pas redorer le blason de la catégorie LMP2 en y intégrant les artisans (quitte à appliquer une BOP) type Glickenhaus.
Ses chances de victoire de classe seraient plus réalistes, pour un coût moindre, avec en prime la possibilité de rouler aux États-Unis