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Thomas Laurent : "Une partie du rêve s'est réalisée"

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18 sep. 2020 • 8:00
par
lm@endurance-info.com

Magny-Cours, 28 septembre 2015, 17 h 10. Thomas Laurent découvre un nouvel univers bien loin de son traditionnel karting KZ2. A seulement 17 ans, le Vendéen qui a usé ses fonds de combinaison sur la piste de karting familiale des Sables d'Olonne semble un peu perdu sur un circuit de F1 près d'une LMP3. Son rêve : gagner Le Mans ! "Je prends l'orientation Endurance très tôt et cela de quoi surprendre", confiait Thomas Laurent à Endurance-Info sur le tracé nivernais. Le Mans, tout le monde en rêve mais ils sont une poignée à y arriver. A cette époque, les quolibets ont fusé : trop jeune, inexpérimenté, classe biberon.

Le Mans, 18 juin 2017, 11 h 40. Thomas Laurent mène les 24 Heures du Mans sur une LMP2 devant une Porsche officielle. Le duel David contre Goliath sera de courte durée, mais Thomas Laurent a marqué les esprits et les quolibets ont cessé. L'âge n'a rien à voir avec le talent. En trois participations aux 24 Heures du Mans, l'ancien kartman qui a sauté la case monoplace a toujours terminé dans le top 5, dont deux fois sur le podium au général. Un hasard ? De la chance ? Le Mans laisse peu de place au hasard et à la chance. Avant d'attaquer son quatrième Le Mans, Thomas Laurent s'est confié à Endurance-Info...

Lors de notre première rencontre à Magny-Cours en 2015, vous rêviez du Mans. Cinq ans plus tard, vous ne regrettez rien ?

"J'ai fait le bon choix et je ne regrette pas une seule seconde. Je vois toujours mon avenir en Endurance et pas en monoplace. Ces propos sont assumés et je ne reviendrais pas dessus. Je suis très bien en Endurance où j'ai trouvé ma place. J'ai eu la chance de rouler dans les quatre catégories LMP et d'y gagner. Le LMP3 m'a permis de me faire la main avant l'étape supérieure en LMP2 puis le LMP1 avec Rebellion et Toyota. Je suis très content de ce parcours et une partie du rêve s'est réalisée. Je vais disputer mon 4e Le Mans et jusqu'à maintenant, je vis une aventure incroyable."

Quand vous êtes en tête des 24 Heures du Mans 2017, vous vous dites que vous êtes en plein rêve et que vous allez vous réveiller ?

"(il sourit) C'est quelque chose qu'on me rappelle fréquemment. Le fait d'être en tête de la course marque forcément les esprits comme la livrée des Rebellion en 2019 a marqué. Pour 2017, je suis en tête le dimanche matin et je ne sais pas ce que je dois croire. Dans l'équipe, on y a cru en se disant que ça pouvait peut-être passer. Porsche a ensuite accéléré et il n'y avait plus rien à espérer. Je prends volontiers cette deuxième place au général pour mon premier Le Mans et la victoire en LMP2. Tu me dis qu'on ferait la course et je refais la même chose dans les moindres détails."

Avec le temps, vous abordez Le Mans différemment ?

"Il ne faut pas se voiler la face, la première année je n'étais pas prêt pour profiter de toute la semaine mancelle. La grande semaine du Mans est chargée en timing avec de l'émotion dès le lundi. Au fil des éditions, les choses rentrent dans l'ordre, je prends de l'âge et de l'expérience malgré mes 22 ans. Je me prépare différemment. Je suis plus prêt et moins anxieux."

Vous avez conscience que vous avez ouvert une voie pour les jeunes pilotes ?

"Au début, j'entendais souvent qu'une nouvelle voie était lancée en passant du karting à l'endurance. J'y croyais sans trop y croire car je pense que les gens surfaient sur mes performances de Silver. Avec le recul, j'en suis conscient et j'en retire un brin de fierté. Tous les jeunes n'ont pas les moyens d'aller en monoplace et les courses d'endurance ne sont pas à mettre au second plan. Je suis content de voir que des jeunes me contactent pour me poser des questions."

Vous avez un regret ?

"Il ne faut pas regretter les choses et je suis très content de ce que j'ai. Je roule chez Alpine, je suis passé par Toyota et je n'ai rien à changer depuis quatre ans. Certes, les choses sont allées très vite, peut-être qu'il y a eu des petites erreurs, mais cela te met une claque et te rappelle que tu n'es pas un super héros."

Forcément, la prochaine étape est Le Mans Hypercar ou LMDh...

"Il me tarde de voir qui sera là officiellement. C'est mon prochain objectif : jouer la gagne au général."

On vous attendait chez Toyota sur du long terme et finalement ça ne l'a pas fait...

"Peut-être qu'il y avait moins de volonté de leur part et c'était un peu compliqué de rouler en parallèle pour Rebellion en LMP1. Sur le papier, c'est quelque chose que je peux comprendre. Je roule chez Signatech-Alpine en WEC et Graff en ELMS, ce qui fait que je ne peux pas me plaindre."

Et Peugeot ?

"J'ai toujours rêver de rouler pour une équipe française et de faire briller cette équipe de A à Z pour la gagne au général. C'est ce que je peux faire avec Alpine en LMP2 et ce que j'espère pouvoir faire dans un futur proche dans la catégorie reine, pourquoi pas avec Peugeot."

Où serez-vous en 2021 ?

"Des discussions sont en cours sachant que la période est compliquée pour tout le monde. Mettre trois pilotes Platinum ou Gold dans un équipage n'est pas simple. J'ai la chance d'avoir mes propres partenaires, notamment PASO qui me suit depuis le début et sans qui rien n'aurait pu être possible."

Le Japon ou les Etats-Unis vous tentent ? La piste GT ?

"La situation actuelle fait que les choses sont compliquées. Le championnat IMSA m'intéresse. Pour ce qui est du GT, je suis habitué à rouler dans voitures qui ont de l'aéro, ce qui fait que j'ai eu un peu de mal quand j'ai roulé en Porsche Cup. Cependant, rouler dans une GT3 ne serait pas pour me déplaire."

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