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Julien Andlauer (ROWE Racing) : "Un grand sprint de 24h comme Le Mans et le Nürburgring"

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GT World Challenge Europe
19 oct. 2020 • 14:00
par
David BRISTOL

Julien Andlauer devait rouler aux 24 Heures du Mans 2020 avec la Porsche 911 RSR officielle #94 (GTE Pro) avec Mathieu Jaminet et Patrick Pilet qui a été retirée de la liste suite aux conséquences liées à la Covid-19. Le pilote officiel Porsche a cherché un volant, notamment chez Dempsey-Proton Competition, et cela ne s’est pas fait jusqu’au dernier moment. Il nous raconte la suite et fait un point aussi sur sa saison en GT World Challenge Europe à quelques jours des Total 24 Heures de Spa, épreuve qu'il va découvrir !

« J’ai reçu un message de l’équipe le samedi soir”, a déclaré Julien Andlauer à Endurance-Info. “L’équipe m’a demandé d’être au Mans dimanche soir. Pour être franc, j’ai réfléchi un dixième de seconde avant de dire oui (rire). Je me suis fait tester à la Covid dans l’après midi et j’ai eu les résultats en temps et en heure. Je suis arrivé en Sarthe, mais je ne savais pas trop sur quelle voiture j’étais ni avec quels coéquipiers. En plus je n’avais plus roulé dans la 911 RSR depuis un an et demi.»

Finalement, le vainqueur de la catégorie GTE-Am en 2018 roule sur la Porsche 911 RSR #99 Dempsey-Proton Racing en compagnie de Lucas Légeret et Vutthikorn Inthraphuvasak. « Ce sont deux bons pilotes qui ont été très sérieux au niveau de leur travail et de leur implication. On a bien bossé et échangé. La voiture et l’équipe ont été top comme d’habitude avec Proton Competition. Cependant, il nous a manqué un peu de préparation surtout du côté de mes deux coéquipiers qui disputaient leur premier Le Mans. Déjà, il n’y a pas eu de Journée Test, puis tout était concentré sur la journée de jeudi et, en plus, je disputais Road To Le Mans. J’ai fait le set-up puis je leur ai laissé le volant pour qu’ils aient du temps de roulage. Niveau perfo pure, nous étions dans le coup.»  

La voiture s’élance le samedi à 14 h 30 de la 45e place sur la grille de départ, la 8e des GTE Am : "Ce fut une édition difficile déjà car il n’y avait pas de public et, vraiment, cela manquait beaucoup. De plus, il y avait plus de temps de nuit. Moi, j’adore ces conditions, mais pour deux débutants, cela épuise encore plus. L’édition nous fut un peu fatale à la fin, mais le rythme de course a été plus bon, même s'il en manquait un petit peu pour avoir des chances de podium ou de victoire. Nous étions 5e ou 6e lorsque je prends mon avant dernier relais. Puis, Vutthikorn a fait une petite erreur dans son tour de sortie des stands, il est resté bloqué dans l’herbe en ayant un souci de boîte de vitesses. Il a eu du mal à passer une vitesse pour en sortir. On a juste perdu un tour et une position. Pour finir, Lucas a fait une petite faute au niveau du virage du Tertre Rouge et là on l’a payé bien plus cher. Heureusement, pas de mal pour lui, que de la casse mécanique. Il ne faut pas oublier qu’après plus de 20 heures de course, avec 60 voitures, il y a énormément de pick-up. Deux centimètres dans le pick-up et la gomme et on se laisse emporter. Nous manquons donc de réussite à la fin, mais ce fut une belle édition où ils ont pu prendre de l’expérience. J’ai été ravi d’avoir l’occasion de faire Le Mans encore une fois.»

Cependant, à la différence de ses deux premières éditions dont l’une victorieuse, Julien Andlauer a eu plus de poids sur les épaules, étant un peu le capitaine de route de la #99. « Cette fois-ci, ce fut en tant que pro. J’ai eu un peu plus de responsabilités, c'est un travail que j’ai adoré faire par-dessus tout car j’ai eu plus d’échanges avec tout le monde, avec les ingénieurs, les coéquipiers, j’ai plus donné mon avis et je pense que j’ai plutôt bien fait mon boulot. Je suis donc ravi et tiens à remercier, Porsche, Dempsey Proton et mes deux coéquipiers de m’avoir donné cette opportunité. »

Le principal programme de Julien Andlauer reste le GT World Challenge Europe. Il roule en compagnie de Dirk Werner et Klaus Bachler sur l’une des Porsche 911 GT3 R de ROWE Racing. Le début de la saison ne lui a pas forcément souri. « Ce fut assez difficile à Imola. On était à la recherche de perfo et, nous, en tant que pilotes, avons tous fait quelques erreurs. Pour ma part, j’ai tapé un vibreur qui nous a légèrement fissuré le carter, on a failli casser le moteur, mais l’équipe a super bien réagi. La qualif n’a donc pas montré nos forces, mais nous avons fait une super course. Je suis plutôt content de mon relais, je me suis fait plaisir avec de belles bagarres. On arrive à remonter sixième en partant 18e, c’est plutôt pas mal dans une catégorie où il y a un gros niveau avec des pilotes professionnels de tous les côtés. La manche du Nürburgring nous a, par contre, été fatale. Nous étions vite sous la pluie et un peu en recherche de perfo sur le sec. Il nous manquait un petit quelque chose pour aller chercher trois ou quatre dixièmes. On pouvait cependant viser un top 10. Malheureusement, Dirk (Werner) a perdu la voiture en Q3 à un endroit où cela ne pardonne pas. Nous n’avons pas été chanceux là-dessus car on fait un châssis et un moteur ! Nous n’avons pas pu prendre le départ ! C’est dommage car nous avons un gros potentiel équipe, voiture, pilotes. J’aime bosser avec ROWE, c'est à l’allemande, propre, carré, facile à travailler.»

Maintenant, le gros morceau de la fin de saison sera les Total 24 Heures de Spa, course qu’il n’a jamais disputée. Il pourra compter sur l'expérience du trio magique de la voiture sœur, la #98, composé de Earl Bamber et Laurens Vanthoor, les champions IMSA 2019 en GTLM, et Nick Tandy, vainqueur des 24 Heures du Mans, tout comme le Néo-Zélandais, au général. « Ce seront mes premières 24 Heures de Spa. Je chercherai à prendre le plus d’expérience possible sans faire de faute. Cela va être un grand sprint de 24 heures comme Le Mans et le Nürburgring. Plus les années passent, plus les voitures durent dans le temps. Le plateau est impressionnant, je suis impatient d’y aller car c’est quelque chose de disputer les 24 Heures de Spa ! On va tout faire pour la gagner et on fera peut être quelque chose de sympa, mais il va y avoir du boulot ! »  

Pour finir, le Français roule en Michelin Le Mans Cup sur la Porsche 911 GT3 R #2 de TFT avec Niki Leutwiler. Après un Road To Le Mans bien compliqué, les choses ont enfin souri avec une victoire le week-end dernier sur le tracé de Monza. « C’est là aussi une saison difficile. En termes de perfo, les pilotes, l’équipe, la voiture sont toujours dans le coup, aux avant-postes, mais il y a toujours quelque chose qui vient nous barrer la route. Cela peut être un peu de malchance, un problème mécanique, une erreur de notre part. Mon coéquipier Niki envoie du gaz, l’équipe est bien en place, je fais mon boulot. C’est dommage, je pense que Road to Le Mans était pour nous, mais c’est toujours facile à dire après-coup. En tout cas, il faut juste tout mettre bout à bout pour que cela puisse nous sourire ! » Le Français et son coéquipier allemand ont donc retrouvé le sourire sur la plus haute marche de la catégorie GT3 à Monza !

Même si la saison ne touche pas encore à sa fin avec quelques rendez-vous importants, 2021 commence à trotter dans la tête des pilotes. « C’est difficile pour l’année prochaine, rien n’est signé. Pour être honnête, je ne me concentre pas sur cela pour le moment parce que je suis dans de bonnes mains. Aujourd’hui, Porsche a deux programmes solides avec le "Junior" et le "Young Professional". Je vais déjà faire mon boulot du mieux possible sur les dernières courses qui me restent à mon planning 2020, respecter les consignes, remplir les objectifs. Il y a les 24 Heures de Spa, la Michelin Le Mans Cup, peut être aussi un peu de VLN. Je suis aujourd’hui le plus jeune pilote Porsche, j’ai déjà la chance d’être Jeune Professionnel au bout de trois ans seulement. Il faut s’attendre à tout pour l’année prochaine, Covid oblige, mais il faut faire son maximum pour avoir un volant.»

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