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Antonin Borga (Cool Racing) : "Faire le WEC est un peu irréel !"

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WEC
29 aoû. 2019 • 17:00
par
David BRISTOL

Une des révélations de cette première moitié de saison 2019 en European Le Mans Series est sans aucun doute le Suisse Antonin Borga, pensionnaire de l'équipe Cool Racing. Au volant de l'ORECA 07 #37, il a impressionné notamment en début de course lors des 4 Heures de Barcelone et en fin d'épreuve lorsqu’il a été cherché le premier podium de l'écurie. Maintenant, il s'attaque à un nouvel Everest, le WEC !

Cependant, avant d'arriver en LMP2, l'homme âgé de 31 ans a dû gravir les différents échelons du sport automobile. « J’ai un parcours plutôt familial. J’ai eu la chance de pratiquer le karting en loisirs puis mon père a pu me faire faire un peu de monoplace, la Coupe de France en 2012 et le VdeV en 2014 en Formule Renault. Ensuite, j’ai roulé en Mitjet grâce à Gérard Vallat qui m’avait dit que cela me changerait un peu d’horizon. Ce sont en effet des voitures un peu plus grosses que les Formule Renault. J’ai alors fait connaissance, en faisant des essais, avec l’équipe de Patrick Barbier. J’ai roulé deux ans dans ce championnat en 2015 et 2016. Pendant, cette dernière saison, il y a eu deux événements marquants : le premier grâce à David Zollinger. J’ai pu faire une pige en LMP3 lors de la manche de Nogaro (Coupes de Pâques) pour le compte de Onroak. Ensuite, Duqueine Engineeering a eu besoin d’un pilote Silver pour Road To Le Mans. Comme je roulais à l’époque en Mitjet pour GPC by Yvan Muller et que ce dernier connaissait bien Yann Belhomme, il m’a alors recommandé. J’ai donc disputé Road To Le Mans 2016 et comme cela s’est bien passé, j’ai eu la chance qu'on me rappelle. En effet, un de leurs pilotes avait arrêté en cours de saison et j’ai alors pu prendre part aux quatre dernières manches de l'ELMS avec Duqueine. J’ai continué avec cette équipe en 2017 en Michelin Le Mans Cup, mais aussi en European Le Mans Series, à chaque fois en LMP3. En même temps, je me suis pas mal rapproché de Patrick (Barbier) et d’Alex (Coigny) qui m’ont parlé de leur projet. J’avais envie de retrouver cet esprit familial et en plus, l’équipe est basée à 15 minutes de chez moi, c’est plus facile. En cours de saison, j’ai donc dit oui à Cool Racing et fait part de ma décision à Duqueine Engineering. J’ai fait la Michelin Le Mans Cup plus l’ELMS en LMP3 avec Iradj Alexander et Alex Coigny. Nous avons roulé un maximum car il avait déjà cette idée des 24 Heures du Mans en juin 2020. »

ELMS 2017 en LMP3 avec Duqueine Engineering.

En 2019, le Suisse a passé un nouveau cap en accédant à la catégorie phare de l'ELMS, le LMP2. Cette montée en puissance a été aussi possible grâce à un homme en particulier. « Nous sommes passés en LMP2 cette saison en ELMS. Il y a 18 autos dans cette catégorie. Ce n’est pas que je ne me sens pas à ma place, mais quand on voit les noms des pilotes qui sont en face de nous, c’est assez impressionnant. Je pense aussi que, de tous les jeunes pilotes présents, je suis un des seuls à me lever le lundi matin car eux ne font que ça. L'un des éléments clé a été le renfort de Nicolas Lapierre qui nous a énormément aidés, aussi bien au niveau des pilotes que de l’équipe. Il a un vrai savoir-faire, a beaucoup d’expérience au niveau des stratégies, des arrêts au stand... Je le connais depuis au moins 15 ans, j’allais le voir et le soutenais quand il était en F3 Britannique et en GP2. Me retrouver avec lui en LMP2 en ELMS, puis dès septembre le WEC, est juste fantastique. J’ai l’impression que ce n'est pas réel...»

Les résultats ne se sont pas fait attendre ! Après un début de saison marqué par une 7e place au Castellet puis une 8e à Monza, Cool Racing a réussi à décrocher son premier podium dès la 3e manche il y a un peu plus d'un mois. « Nous avons tous bien roulé à Barcelone, mais la crevaison de Nico a changé nos plans. L'équipe a alors décidé que je devais finir la course. J'ai réussi à aller chercher la troisième place dans le dernier tour. J'en suis ravi. C'est notre premier podium après seulement trois courses en ELMS ! C'est une belle récompense pour l'équipe, qui a fait un travail fantastique depuis le début de la saison. »

Pour que tout cela soit possible, il a d'abord fallu qu'Antonin s'adapte à sa nouvelle monture, passant de la Ligier JS P3 à l'ORECA 07. « Cela s’est mieux passé que je ne pensais. Faire autant de LMP3 les saisons précédentes a été bénéfique. Cette LMP2 va beaucoup plus vite, c’est vraiment différent, mais elle donne énormément de confiance. Elle est exploitable, c’est extraordinaire à piloter. Même des pilotes de renom comme Nico Lapierre, qui a roulé pour Toyota et a été aux portes de la Formule 1, prend énormément de plaisir dans cette auto. C’est diabolique, c’est la GP2 de l’endurance. En tout cas, je me sens bien et je prends beaucoup de plaisir dans ce championnat où il y a énormément de bagarre. »

Maintenant, une nouvelle marche attend Antonin Borga. En plus de l'ELMS 2019 et 2020, il prendra part, toujours avec la même équipe et les mêmes coéquipiers, au WEC dont le début de saison a lieu ces jours-ci à Silverstone ! « C'est un peu irréel, j'avoue ! Je n'arrive pas bien à réaliser encore. Je pense que cela va me faire le même effet qu'en 2016 lorsque je suis arrivé dans le paddock ELMS au Red Bull Ring. J'étais avec ma voiture de location, j'ai alors appelé mon père en lui disant que j'avais dû me tromper de paddock, que je n'étais pas au bon endroit (rire) ! Je sortais du VdeV, de la Mitjet et je me suis alors retrouvé là, dans cet environnement où les camions sont parfaitement alignés, où il y a de belles structures. En WEC, cela ne changera pas car cela reste du LMP2, il y a en plus moins de voitures, mais disputer un championnat du monde, alors que je n'ai pas de passé là dedans, est un truc de fou. Je vais avoir la chance de voyager en Chine, au Japon, au Brésil. Ce sont des choses, même personnellement, incroyables à vivre. De plus, nous avons une superbe entente au sein de l'équipe, entre tous les membres, que ce soit les mécanos, les ingénieurs, Patrick et Herminie (la fille de Patrick Barbier, ndlr), Iradj (Alexander) qui est toujours avec nous, et les trois pilotes. Il y a une grande complicité et je vais prendre beaucoup de plaisir à disputer cette saison WEC avec eux ! »

Le cerise sur le gâteau en 2020 sera sa première participations aux 24 Heures du Mans. « Quand nous avons décidé de passer en LMP2, afin de rouler au maximum, nous avions prévu de faire l'Asian Le Mans Series. Cependant, dans ce championnat, nous ne connaissions pas les circuits et nous n'allions pas y retourner plus tard. De plus, l'ACO a un peu réduit la catégorie LMP2 au profit des GTE. Nous nous sommes alors dit que la seule solution pour faire les 24 Heures du Mans, car l'objectif de l'équipe est juin 2020, pas 2021, était de nous engager en WEC. C'est vrai que c'est une grosse marche car nous combinons trois championnats en deux ans (ELMS 2019, ELMS 2020 et WEC 2019/2020, ndlr). Bon, là on parle du Mans, c'est juste fantastique. J'y suis allé "en vrai" en 2014 pour soutenir Alexandre Imperatori (qui roulait chez KCMG en LMP2 cette année là, ndlr) et Nico chez Toyota. J'y suis retourné en 2015 et ai pu rouler sur le circuit en 2016 grâce à Road To Le Mans. En 2020, ce sera réalité, les vraies 24 Heures du Mans. De plus, dans l'équipe, à part un ou deux ingénieurs et Nico, personne n'a fait Le Mans. Tout le monde va arriver avec un grand smile ! »

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