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Anthony Megevand (ORECA) : "Le Mans n'est pas un long fleuve tranquille"

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9 oct. 2020 • 9:00
par
lm@endurance-info.com

Avec une très forte représentation des membres d'ORECA dans le top 10 des 24 Heures du Mans 2020, le Groupe ORECA a rempli sa mission, aussi bien en LMP1 qu'en LMP2. Le constructeur varois a assis un peu plus sa supériorité dans une catégorie LMP2 où les équipes sont parties pour un sprint de 24 heures. Anthony Megevand, responsable de la compétition-client chez ORECA, est revenu dans un premier temps sur la prestation des châssis ORECA 07 aux 24 Heures du Mans.

Quel bilan tirez-vous des 24 Heures du Mans dans le camp ORECA ?

« Globalement positif. Nous avions deux objectifs : gagner la catégorie LM P2 et avoir toutes les voitures à l’arrivée. Au final, sur 20 LM P2 et 2 LM P1 au départ, 16 voitures à l’arrivée. Nous avons toujours envie de faire mieux donc il y a un petit goût d’inachevé mais on ne doit pas faire la fine bouche. Décrocher une sixième victoire consécutive en LM P2, la quatrième en quatre participations pour la ORECA 07 et voir une Rebellion R13 sur le podium… Si on ajoute à cela que toutes les voitures du Top 10 ont des membres d’ORECA impliqués… C’est forcément positif ! Gagner Le Mans n’est jamais une formalité, donc le succès en LM P2 est une vraie satisfaction, tout comme le niveau de performance et la fiabilité globale. Ce serait trop long d’entrer dans le détail, mais disons qu’il y a des confirmations, des surprises, quelques petites déceptions… Le Mans n’est pas un long fleuve tranquille, et l’édition 2020 l’a encore montré. »

Compte tenu de la situation sanitaire, la préparation du service compétition-client d’ORECA au Mans a été repensée ?

« La préparation non, la gestion de la semaine de course oui. Nous avons essayé de répondre aux attentes des teams et d’apporter notre soutien. Avec autant d’autos en piste, ce n’est pas simple mais on a la chance d’avoir des teams bien préparés. Sur place, nous aurions peut-être voulu être plus présent, mais il faut s’avoir s’adapter. Être au Mans, c’est une chance et je crois qu’on le mesure encore plus dans ce type de situation. Nous avons donc former deux « bulles » au sein même de notre support et tenté de limiter les échanges, de les segmenter aussi. Notre support a surement été plus digital que les années précédentes et on peut dire que whatsapp a bien aidé ! Plus sérieusement, chacun y a mis de la bonne volonté, avec sérieux, et l’ACO nous a permis de bien travailler. 2020 restera une édition particulière, mais on apprend aussi de ce genre de conditions inédites. »

Que retenez-vous de cette édition en LM P2 ?

« Le Mans reste une course imprévisible, et terriblement humaine. Humaine parce que ce sont les pilotes, mécaniciens, ingénieurs, membres d’équipe qui sont au centre de la course, directement ou indirectement. Terrible parce que cette épreuve, et c’est bien le mot, est très dure, à tous les niveaux, et peut-être même parfois… injuste. Sur le papier, beaucoup aura misé sur une victoire de United avec la #22. Et c’est le cas au final. Mais quand on regarde les analyses, il y a des voitures comme G-Drive, comme la #32 de United qui étaient intrinsèquement plus rapides mais qui n’ont pas gagné pour telle ou telle raison. En chiffres, la course de la #32 est à un niveau très élevé, avec Job van Uitert impressionnant. Le trio G-Drive est impressionnant aussi. Mais c’est bien la #22 qui gagne devant Jota et Panis Racing, deux teams en Goodyear alors que Michelin était annoncé comme un épouvantail. Il y a tellement de paramètres qui entrent en compte, et cette édition le montre.

« Pour revenir à l’humain, il y a ce côté pilote qui est passionnant en LM P2 avec des profils différents, des jeunes et des moins jeunes, des confirmations et des révélations. Le niveau est tout simplement top et ça mériterait de s’étendre sur le sujet mais je vais tout de même sortir quelques noms du lot. Patrick Pilet, parce qu’il a découvert le LM P2 et la ORECA 07 directement en FP2 et il a montré à quel point il est un grand pilote : sur son meilleur tour, sur sa moyenne, sur son professionnalisme et son approche globale. Franchement, respect. On le connait mais il a réussi à bluffer tout le monde. Matthieu Vaxivière ensuite. C’est un talent sous-estimé, qui a montré sa capacité à être un capitaine de route alors qu’il est finalement jeune, on a tendance à l’oublier. Il a cette pointe de vitesse qu’on lui connait, mais désormais une certaine expérience, et le voir sur le podium avec Panis Racing, qui le méritait depuis longtemps au Mans, ça fait plaisir à voir. Henrik Hedman enfin, parce qu’il a fait une très belle course. Henrik est devenu une figure du LM P2 au fil des saisons et sa prestation au Mans cette année est très solide. Il aurait dû être récompensé par un meilleur résultat. C’est rageant mais je n’ai pas de doute que DragonSpeed reviendra plus fort.  »

Malgré une situation sanitaire compliquée et une conjoncture économique peu favorable, il faut souligner le soutien des équipes LMP2  aux différents championnats...

« On parle de sport, de technique, mais l’aspect humain a toujours été un des aspects clés de notre programme LM P2. C’est une composante déterminante et on la mesure encore plus avec cette situation sanitaire. Quand je vois la motivation et l’implication des teams… Tout le monde se bat pour être présent, pour bien préparer les programmes, les courses et Le Mans en particulier. Je reste impressionné par cette énergie déployée par les l’ensemble des équipes, pilotes, partenaires ou fournisseurs, mais aussi les organisateurs. Je suis convaincu que si nous avions eu une telle situation il y a quelques années, le monde de l’endurance n’aura pas résisté de la même façon. C’est à mettre au crédit de tous les acteurs, et c’est certainement quelque chose que l’on sous-estime. J’avais dit avant Le Mans que j’étais fier et honoré de travailler avec tous nos teams. Je ne peux que confirmer. »

Phoenix Racing a déjà confirmé sa présence en Asian LMS avec une 07. D’autres clients restent intéressés par le marché asiatique ?

« Effectivement, il y a des teams intéressés. Des écuries actuelles, présentes par le passé en Asian LMS ou qui souhaitent découvrir le championnat, de nouvelles structures… Il y a un vrai intérêt, que ce soit de la part des Européens mais aussi des Asiatiques. On l’a vu avec Algarve Pro Racing ou K2 lors de la précédente édition. Ce sont deux exemples qui montrent la diversité des profils, et Phoenix Racing est un nouvel arrivant qui apporte un vent de fraicheur, à différents niveaux d’ailleurs. C’est bien pour l’Asian LMS et pour l’endurance en général. »

A suivre...

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