Le Mans Classic

Ils retapent une Mini Marcos pour Le Mans Classic 2023 - 2/6 : Qu’est ce qu’une Mini Marcos ?

Le Mans Classic
24 juin. 2023 • 11:20
par
Nico "Lostéo"
L'histoire des 24 Heures du Mans a également été écrite par des gentlemen drivers. À l'occasion d'une édition 2023 de Le Mans Classic qui s'annonce extraordinaire, Endurance-Info a décidé de suivre une bande de copains dont piloter n'est pas le métier mais qui donnent tout pour réaliser leur rêve de rouler sur le grand circuit sarthois... avec une auto pour le moins atypique.
La Mini Marcos de Marnat / Ballot-Léna au départ des 24 Heures du Mans 1966 - © ACO

Avant de nous focaliser sur cette auto atypique qui nous intéresse, quelques mots sur Marcos, contraction des noms de ses deux fondateurs Jem Marsh - négociant de pièces automobiles - et Franck Costin. Ce dernier, qui n’est autre que le frère de Mike Costin (Le « cos » de Cosworth !), ainsi que l’un des compagnons des premières heures de la marque Lotus et de Colin Chapman, pour qui il a notamment dessiné la fameuse Lotus XI. Difficile à croire que c'est le même homme qui a dessiné la Mini Marcos mais peu importe... Il a même participé à la conception du Havilland Mosquito, chasseur-bombardier ayant servi à la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale.

 

➡️ Ils retapent une Mini Marcos pour LMC 2023 - 1/6 : La genèse du projet

 

Dans les sixties, bon nombre de petits constructeurs anglais indépendants produisent des voitures en kit*. Et Marcos ne déroge pas à la règle. Ainsi, un an après la fondation de la marque, sort en 1959 le premier modèle : la Xylon. Las, en 1961, Costin se désengage et cède ses parts aux frères Peter et Dennis Adam. C'est cette année-là que sort la Mini Marcos.

 

En fait, il ne s'agit ni plus ni moins d’une Mini re-carrossée… Il était d’ailleurs bien utile d’avoir une Austin Mini (de préférence un Cooper S) comme « voiture donneuse » ! Le modèle qui nous intéresse a reçu l’immatriculation et la mécanique d’une Cooper S de 1964 appartenant préalablement à une dame de la Seine-et-Marne, qui devait être bien loin de se douter que sa voiture allait être cannibalisée pour finir sur des circuits en 1967 ! L’idée était en fait de récupérer l’ensemble de la mécanique mais également les trains roulants et de les greffer sur la caisse en fibre de verre made by Marcos. Une autre époque...

 

S’appuyant sur les qualités mécaniques de la Mini - qui avaient déjà obtenu de très bons résultats en compétition - et la légèreté de sa coque (son poids d’homologation, à l'époque était inférieur à 500 kg, pour 3,46 m de long, 1,33 de large et 1,02 m de haut), les Mini Marcos n’ont pas tardé à faire des étincelles !

Et ses exploits ont traversé la Manche. Jean-Louis Marnat (ancien pilote semi-officiel BMC et « Monsieur MINI » dans l'Hexagone dans les années 60) et son acolyte J-C. Hrubon en ont eu l'écho et sont allés voir de leur propre yeux cette petite bombe au fameux London Motor show de 1965.

Comblés et galvanisés par une traversée de La Manche vraisemblablement bien arrosée pour avoir une telle idée, ils reviennent en France avec la ferme intention d’engager une Mini Marcos aux 24 Heures du Mans 1966 ! Ils commandent alors une caisse légère en Angleterre. Mais leur requête n'aboutit pas car, peu de temps avant, une Marcos s'est désintégrée à Goodwood, causant le décès de son pilote. Craignant que pareille mésaventure arrive dans la Sarthe, ce qui aurait pu avoir raison de leur société, les Anglais ont refusé.

 

Qu'à cela ne tienne, un moteur « usine » est installé et les premiers essais menés... sans grand succès ! En même temps, lancer dans une ligne droite des Hunaudières alors dépourvue de chicane une « boîte de conserve » mue par un moteur de 1300 cm3 couplé à des roues de 10 pouces nécessite une certaine dose de culot, de courage, voire d'inconscience...

 

Pas moins de trois moteurs sont passés avant de trouver le bon. Le volant est confié à Jean-Louis Marnat en personne, et à un certain Claude Ballot-Léna, pour la première de ses 23 apparitions sur la classique mancelle. Jean-Pierre Jabouille (rien que ça), lui, joue le réserviste. Et bien figurez-vous que ce fameux moteur bouclera le double tour d'horloge sans encombre, à 147 km/h de moyenne avec une vitesse de pointe à plus de 200 ! De quoi mener la petite anglaise à la 15e et dernière place, à 103 tours de la GT40 de Bruce-McLaren, mais en ayant – tout juste – parcouru la distance suffisante pour être classée. Jouant les chicanes mobiles dans l'épique duel Ford vs Ferrari, il aurait été drôle de l'apercevoir dans le film Le Mans 66 de James Mangold... Pour l'anecdote, en qualifications, la Mini Marcos avait terminé 56e et dernière tout en concédant 1'39 à la GT40 ayant signé la pole aux mains de Dan Gurney.

 

Nous reverrons une Mini Marcos au départ en 1967, mais celle-ci ne bouclera que 13 tours. Mais finalement, l'histoire de la Mini Marcos a été résumée magnifiquement bien par le numéro de juin 1966 du magazine Sport Auto dans lequel on peut lire : Le crapaud de la fable ne s’est pas transformé en Prince Charmant, mais si la petite Marcos est vraiment laide, elle n’en fit pas moins une course toute en régularité qui lui valu la sympathie du public ! Et gageons qu'il en sera de même la semaine prochaine, à Le Mans Classic...

 

* Dans les années 60, énormément de voitures étaient vendues en kit, car cela permettait l'exonération de la TVA. D’où le succès de la Lotus Seven…

Commentaires (1)

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clejoly

24 juin. 2023 • 15:15

Bravo pour ce dossier! Vivement la suite!!