Le Mans Classic

Ils retapent une Mini Marcos pour Le Mans Classic 2023 - 1/6 : La genèse du projet

Le Mans Classic
18 avr. 2023 • 12:00
par
Thibaut Villemant
L'histoire des 24 Heures du Mans a également été écrite par des gentlemen drivers. À l'occasion d'une édition 2023 de Le Mans Classic qui s'annonce extraordinaire, Endurance-Info a décidé de suivre une bande de copains dont piloter n'est pas le métier mais qui donnent tout pour réaliser leur rêve de rouler sur le grand circuit sarthois... avec une auto pour le moins atypique. C'est parti !
© Nico Losteo

Qui n'a pas rêvé devant les images de ces amateurs en bavant dans les dunes sur le Dakar ? Voire mieux, devant ceux ferraillant avec les plus grands pilotes de la planète dans la mythique ligne droite des Hunaudières ? L'histoire que nous allons vous conter là est l'exemple-même qu'il faut croire en ses rêves... même si cela nécessite parfois de forcer un peu le destin. Mais surtout, persévérez, vous n'êtes jamais à l'abri d'une bonne surprise !

 

Il n'est pas donné à tout le monde de vivre de sa passion. Nous, journalistes, avons cette chance. Nicolas Joffre, lui, la vit via son métier d’ostéopathe. Passionné de course depuis toujours, il s'est même adonné au pilotage plus jeune. « Il avait un bon coup de volant », nous avouera d'ailleurs son père Jean-Pierre, Président de l'Automobile Club du Roussillon et qui lui a transmis le virus de la vitesse. Mais en dépit d'un certain talent, il embrasse finalement une carrière d'ostéopathe. Pensait-il que celle-ci le mènerait un jour jusqu'aux 24 Heures du Mans ? Probablement pas.

 

Parallèlement à ses activités au sein de son cabinet, à Perpignan, Nicolas parcourt la planète et participe à ses premières 24 Heures du Mans en 2017. Depuis, il a contribué à trois titres en WEC, une victoire aux 24 Heures du Mans en GTE Am et un sacre en ELMS. Toujours aussi mordu, la position qu'il occupe lui permet de prendre parfois le volant de bolides de rêve, à l'instar d'une Porsche RS Spyder sur le circuit Paul-Ricard, puis plus récemment celui d'une Ferrari 550 Maranello Prodrive au GPX Historic, à Dubaï. Mais le point d'orgue de son année 2023 sera assurément sa participation à la 11e édition de Le Mans Classic, sur le circuit de 13,626 km. Une histoire de fous que nous a racontée son père, qui jouera les team managers dans la Sarthe.

Aux 24 H. de Daytona 2023 avec François Perrodo et Matthieu Vaxiviere / En 2019-20 avec Manu Collard - © AF Corse

« Il y a une dizaine d'années, un gars arrive à Perpignan depuis Paris, nous a confié ce dernier. Rapidement, il me dit qu'il a commencé à retaper une Mini Marcos qui aurait fait les 1000 km de Paris (à Monthléry. Ndlr) en 1967. Deux ou trois ans plus tard, on monte à Paris avec le fourgon et la remorque et nous allons la chercher. Elle était en vrac dans un hangar, repeinte en bleu ciel. On la redescend et je la mets dans un coin du garage. »

 

Un garage dans lequel Jean-Pierre a rénové – et continue de remonter - des Berlinette Alpine. « Mécanique, sellerie, électricité, je fais tout », rigole-t-il avant de poursuivre son récit. « Finalement, Fred me dit qu'il n'aura pas le budget pour retaper l'auto. J'en parle à Nico, qui me répond qu'il pense pouvoir l'inscrire à Le Mans Classic. Tant et si bien que contre 8000 euros et un petit Arcus (bateau. Ndlr), nous l'avons achetée. De là est parti le projet Le Mans. »

© Nico Joffre

Reste qu'engager une Mini Marcos à Le Mans Classic n'est pas une mince affaire. « Après avoir récupéré la voiture, nous nous sommes retrouvés face à un grand vide, reconnaît Nicolas en rigolant. Si l'achat était un poil impulsif, l'envie était là. Cependant, nous n'avions aucune expérience des réglementations FIA. Mais surtout, la Marcos étant une auto peu courante, nous n'avions que très peu de documents et la fiche d’homologation d’époque était quasi vide. Nous nous sommes alors bien rendu-compte que le projet ne serait pas simple. Rien n'existait et nous avons vite compris qu'il nous faudrait beaucoup de pièces sur mesure voire même lancer le développement de pièces spécifiques... »

© Nico Joffre

 

A commencer tout simplement par l'arceau de sécurité. « Nous ne pouvons courir avec les éléments de sécurité d'époque, enchaîne-t-il. Et après plusieurs mois d'échanges, il nous a fallu nous rendre à l'évidence : dans le commerce, rien n'existe pour ce modèle. Nous nous sommes alors rapprochés de spécialistes, mais tous ont refusé de développer cet arceau. Ne pouvant se baser sur aucun élément existant, il fallait en passer par une phase de développement menée conjointement avec la FIA. » Tout ça pour une Mini Marcos ! « Heureusement Matter* a fini par dire oui, lâche Nico comme soulagé. Le premier point compliqué d’une très longue liste qui, je l’espère, nous mènera jusqu'au Mans... »

 

Cette petite auto en apparence toute simple est en fait bien plus difficile à faire homologuer que des voitures techniquement bien plus complexes ayant roulé à la même époque. Munie de son arceau, celle qui était surnommée affectueusement « le crapaud » a retrouvé le sud de la France. Le chemin est encore long, semé d'embûches, mais vous verrez que les sujets originaux ne manqueront pas, y compris pour tout ce qui concerne sa rénovation. Mais ça, ce sera pour le prochain épisode...

Commentaires (3)

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Jérôme Fortier

18 avr. 2023 • 16:39

Un article qui promet une belle histoire à nous suivre
Merci EI pour ce partage

ManuPJ

18 avr. 2023 • 22:51

J'en salive déjà! D'avance merci pour ce reportage qui mêle technique et histoires humaines ?

jesnault

18 avr. 2023 • 23:33

Merci pour l'article !