6H Bahrain : Ferrari a la dent dure envers la Balance de Performance

Quand vous gagnez une course où la Balance de Performance est présente, vous avez toujours des doutes sur l’équité sportive. Cela ne plait pas à tout le monde de le dire mais Balance de Performance = Balance de Résultats. A Sakhir, les Ferrari ont souffert en GTE suite à un réajustement de BOP (lien). Deux solutions : soit Ferrari était vraiment dans le dur, soit Ferrari espère avoir une BOP plus avantageuse pour la finale qui distribue plus de points. Le côté politique compte beaucoup quand on parle de BOP. On ne va pas nous la faire à l’envers, on connaît la musique et les discussions qui vont autour. Le souci est justement qu'on ne sait plus trop quoi penser quand on parle de BOP. Partie de cache-cache ou réel désavantage ? 

Le règlement sportif est clair : "Le Comité Endurance est le seul compétent pour concevoir et apporter des changements aux systèmes d’équivalence. Il appartient dès lors au Comité de prendre la décision finale quant à la façon dont ces systèmes devraient être mis en œuvre. Le Comité est habilité à demander aux concurrents et aux constructeurs toute information qu’il jugerait utile pour élaborer des systèmes d’équivalence. Les concurrents et les constructeurs doivent fournir des données précises et honnêtes."

Sur les 6H de Bahrain, il y avait Porsche et les autres, surtout en GTE-Pro. Les deux 488 GTE n’ont absolument rien pu faire face aux Porsche 911 RSR. Porsche s’est offert le doublé et pour la première fois depuis le début de saison, aucune Ferrari ne figure sur le podium GTE-Am. Le point positif est que le titre GTE-Pro se jouera bien sur la dernière course avec Pier Guidi/Calado qui devancent Estre/Jani d’un point. Porsche prend par la même occasion la tête du championnat Constructeurs avec là aussi une longueur d’avance sur Ferrari.

Avec un arrêt de plus, les Porsche 911 RSR ont terrassé les Ferrari 488 GTE de plus de 30 secondes sur 6 heures de course, tandis qu’en GTE-Am, la mieux classée des Ferrari, celle de Perrodo/Rovera/Nielsen, a terminé au-delà de la minute. Il convient de rappeler qu’une 488 GTE s’était élancée depuis la pole en GTE-Am.

Alors que traditionnellement les Ferrari répondent présentes en rythme de course, elles ont cette fois traîné leur misère, ce que ne peut que constater Antonello Coletta, responsable des activités Ferrari en GT : « Comme mentionné à la veille de la course, la Balance de Performance s’est avérée particulièrement punitive pour nos voitures, comme le confirment le rythme de course et le résultat de cette épreuve de six heures. Nous regrettons de ne pas pouvoir défendre le leadership acquis les fois précédentes, résultat de courses toujours belles et passionnantes. Nous espérons que des critères corrects de BOP soient rétablis pour la dernière course afin que nous puissions essayer de nous battre à armes égales pour les titres mondiaux. »

Dès les premiers essais, James Calado tirait la sonnette d’alarme et le Britannique restait sur la même ligne après l’arrivée : « Je suis évidemment déçu car aujourd’hui nous n’avons pas été mis en position de nous battre pour le championnat. Cette décision peut changer radicalement le classement, et il est dommage que le travail de toute une saison de Ferrari, AF Corse, Alessandro et moi-même risque d’être réduit à néant. La troisième place était le meilleur objectif que nous pouvions atteindre, comme je l’avais dit avant la course. Les Porsche ont pu courir sans prendre de risques et sans exploiter tout leur potentiel. Nous espérons qu’ils vont au moins rétablir la BOP de Monza, qui a produit une course équitable, disputée et spectaculaire pour le public, ce qui ne peut pas être dit de la course d’aujourd’hui. »

Le son de cloche est identique du côté d’Alessandro Pier Guidi, son coéquipier sur la #51 : « Nous n’avons pas été mis en position de lutter à armes égales avec nos adversaires, et c’est décevant. Sur chaque course, nous avons toujours donné le meilleur de nous-mêmes, en exploitant toujours le potentiel de notre voiture, et je ne pense pas que cela doive revenir nous hanter. Je ne pense pas que ce soit bon pour le sport. »

Pour Ferrari, comme pour Porsche, il faudra s'imposer sur la finale WEC d'un format de 8 heures. Avec quatre autos en GTE-Pro, le 4e est assuré de marquer 18 points. Les trois premiers prennent 38, 27 et 23 points, sans oublier le point de la pole.