Kévin Estre : « Le reste appartient à l’histoire »
Une semaine après avoir été dans le rôle du chasseur aux 24 Heures du Mans face à Ferrari, Porsche était cette fois dans le rôle du chassé aux 24 Heures du Nürburgring derrière BMW.
Depuis le début du meeting allemand, on ne peut pas dire que la Porsche 911 GT3 R / Manthey EMA se soit cachée. Poleman, Kévin Estre a fait parler la poudre en Top Qualifying sur la Grello. De là à ramener le trophée à quelques mètres de la Nordschleife chez Manthey Racing à Meuspath ?
La dernière voiture à avoir raflé la mise aux 24 Heures du Nürburgring en partant de la pole remonte à 2008, déjà avec Manthey Racing. Sur les images diffusées à l’arrivée, la Porsche 911 GT3 R de Kévin Estre, Ayhancan Güven et Thomas Preining a remporté le double tour d’horloge allemand quatre ans après le dernier succès de la marque. C’est pourtant bien la BMW M4 GT3 EVO / ROWE Racing qui est déclarée victorieuse. La raison ? Une pénalité de 100 secondes infligée à la n°911 consécutive d’un contact entre la Porsche pilotée par Kévin Estre et une Aston Martin Vantage GT4 / Dörr Motorsport.
Rappel des faits
Alors que Kévin Estre voyait fondre sur lui la BMW de Raffaele Marciello à l’approche d’un triple droit entre Kallenhard et Wehrseifen, le pilote Porsche a tenté un dépassement sur la droite mais l’espace n’était pas suffisant. Le contact entre la Porsche et l’Aston Martin de Rolf Scheibner était fatal à la GT4 qui partait dans les barrières et terminait sur le toit au beau milieu de la piste. Le pilote de la Vantage GT4 devait passer par le centre hospitalier pour une visite de contrôle.
➡️ 24H Nürburgring - La Porsche / Manthey EMA impliquée dans un accrochage (vidéo)
Une fois son relais terminé, Kévin Estre montait voir les officiels en compagnie du team manager de Manthey Racing et de Dörr Motorsport. Il a alors été décidé de donner une pénalité d’une minute et quarante secondes à la n°911. L’équipe allemande contestait la pénalité avant d’être déboutée. La pénalité était donc ajoutée au temps de course. Le trio de la Porsche termine finalement à 1:17.810 de la BMW victorieuse de Farfus, van der Linde, Marciello et Krohn.
Que dit Kévin Estre ?
« Je suis entré dans le triple droit, a déclaré le Français à l’arrivée. Il y avait de la place, puis il a braqué et il n’y avait plus de place quand je l’ai vu arriver. Je n’avais nulle part où aller et il avait beaucoup de place sur la gauche. Il pouvait clairement me voir ou il pensait que j’étais plus en arrière. C’est triste pour lui et je suis content que le pilote aille bien. Ce genre de situation est quelque chose auquel nous sommes souvent confrontés en course. »
Les officiels ont mis du temps avant de prendre la décision sachant que les drapeaux bleus étaient passés au pilote de l’Aston Martin. « En toute honnêteté, si la même situation s’était reproduite, j’aurais fait la même chose, souligne Kévin Estre. Donc, selon moi, je n’ai rien fait de mal. C’est un incident de course. Bien sûr, il y a eu un incident, mais j’étais à l’intérieur. Quand on est à l’intérieur, celui qui est à l’extérieur doit laisser de la place, ce qui n’était pas le cas. Nous avons eu un contact entre ma roue et sa porte. »

A l’issue de son relais, Kévin Estre est allé s’expliquer. En vain… « J’ai voulu m’expliquer devant le directeur de course, explique-t-il. Les officiels ont pris une décision, l’équipe a essayé de protester mais la protestation n’a pas été acceptée. Le reste appartient à l’histoire. »
Au volant dans le relais final, c’est Kévin Estre lui-même qui était chargé de terminer la course. « Nous avons franchi la ligne d’arrivée en premier, mais nous avons été pénalisés et nous avons perdu la course, regrette Kévin Estre. C’est un moment triste pour nous. Nous avons fait une excellente course avec un seul contact qui nous a finalement coûté la victoire. Nous étions en tête tout le temps, nous ne nous sommes pas cachés. »

Il aura fallu attendre 114 tours pour voir la BMW M4 GT3 EVO prendre les commandes de la course à Döttinger Höhe où la n°98 a déposé la Porsche en ligne droite. « Je pense qu’il y a de bonnes données à analyser, poursuit le Français. Nous avons vu des vitesses de pointe très élevées à certains moments, des accélérations très rapides de la part d’autres voitures. Pour le moment, je suis frustré, déçu et désolé pour les gars, parce que mon accident a gâché la course. »
Commentaires (6)
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henry_wattel
22 juin. 2025 • 20:45
Ayant observé plusieurs fois la vidéo de l'incident, je ne peux pas lui donner raison. Il a clairement forcé le passage à mes yeux, le passage dans l'herbe l'en atteste. La direction de course était obligée de sanctionner l'incident de part sa gravité, les acteurs concernés et l'exemplarité dont les concurrents doivent faire preuve.
Cette course de 24h s'apparente à une loterie, et cet incident en fait partie.
Ps : suis je le seul choqué de voir des GT3 frôler une/plusieurs dépanneuses opérant a la moitié de leur vitesse?
Wyckler
22 juin. 2025 • 21:57
Ici l'Aston martin est clairement en tord, 3 drapeaux bleu brandit à la suite pour laisser passer. À aucun moment il regardait dans ses rétros et normalement les gt4 on un écran comme rétro intérieur qui leur facilite la tache. Qu'il ne fasse pas l'ignorant il voit très bien une porsche fluo lui foncée dessus surtout qu'elle reste longtemps derrière elle. On voit aussi qu'il ouvre la porte comme si il prenait la trajectoire idéale. Ensuite la pénalité n'est pas du tout mérité voir même catastrophique, 100 sec mais à quel moment on donne 100 sec pour un contact comme ça ?
Il y a un an la ferrari de kubica envoyait la bmw de dries vanthoor dans le rail de sécurité à mulsanne et il a reçu seulement 5 sec.
Pour moi la direction de course voulait faire un peu de favoritisme en donnant la victoire à une voiture qui c'était élancé hors top 5.
Pour moi la direction de course est vraiment catastrophique ce weekend surtout avec la panne de courant, il a fallu du temps pour qu'ils mettent le drapeau rouge, ils sont vraiment à l'image de cette course wtf.
TimLM
22 juin. 2025 • 22:14
Marre de l'impunité des "plus petites" quand c'est une "plus grosse" qui double. Tout le monde doit faire attention, l'Aston sait parfaitement qu'il est là, entre le rétro et les drapeaux bleus, depuis au moins 3 virages. D'ailleurs l'immense majorité des voitures plus lentes facilite le passage des plus rapides, suffit de se mettre 20min en onboard d'une GT3 pour s'en rendre compte. Là, il y a eu un espace, n'importe quel pilote y serait allé et l'espace s'est refermé. Faire porter le chapeau à Estre seul est une faute de jugement.
Mais bon, on sait que dans cette course les "petits" ont tous les droits. La Lambo #27 a pris la même péna pour une Hyundai qui s'est rabattue sur elle en sortie de Code 60. Si vous voyez la vidéo c'est 100% pour la Hyundai, et bah non, la direction de course a pénalisé la Lambo.
Elurztac
22 juin. 2025 • 22:27
L’endroit où l’incident se produit est hyper technique et le double droite a une importance capitale pour avoir la bonne vitesse de pointe pour la ligne droite, si on foire cet enchaînement, c’est 5 à 10 secondes de perdu sur le tour. Ce qui est pas négligeable. Et la vitesse ici est relativement haute aussi.
Kevin a fait une super course PRESQUE parfaite et ce PRESQUE c’est la BMW qui l’a initié. Avec deux week-end de course assez intense pour lui et de la fatigue, il est possible qu’il y ai eu un mauvais jugement de sa part.
Je parle de mauvais jugement car l’Aston ne montre A AUCUN MOMENT avoir conscience de la voiture derrière et il a pris sa trajectoire - et la règle au Nurburgring est très simple - si tu met tes clignotants (droite ou gauche) tu laisse passer la voiture, si tu mets pas de clignotant cela signifie que tu reste sur la ligne.
C’est aussi aux pilotes pro de dépasser de façon safe.
Sincèrement le côté redneck et ouvert fait ce qu’est les 24h du Nurburgring. Si on commence à critiquer ou jeter les pilotes amateurs en disant que c’est de leurs faute. Bah faut pas participer au Nurb alors.
Est-ce qu’on va demander à l’ACO de brûler tout les terriers de Lapin après l’incident du week-end dernier parce que « c’est pas normal » ? C’est la même choses.
L’incident. J’ai beau être du côté de BMW en fanboy. Mais sur cette section on est prudent. J’ai beau revoir le replay encore et encore je vois pas à quel instant on voit l’Aston faire comprendre qu’il a vu les voitures derrières.
Y’a une question de réussite. Bien entendu. Aussi bien au 24h du Nurb que du Mans ou de Spa.
Mais justement. Kubica qui se prends 5 secondes c’était du foutage de gueule, là 1:40 c’est une vraie pénalité pour un incident qui aurait pu être catastrophique.
Dire que c’est un choix de la direction de course. Bien sûr oui, alors pourquoi ils ont pas laisser la 911 derrière au restart ?
Pour la coupure électrique. Le rouge était obligatoire. C’est quoi le problème avec ça ? On laissait les équipes ne plus avoir de radar ou de télémétrie ou de radio avec leurs pilotes ? Il a fallut arrêter la course, trouver la raison, résoudre la problématique et repartir. Ça prends du temps. C’est pas juste remettre un fusible.
De plus la BMW a prouvé plusieurs fois qu’ils pouvaient prendre la P1. A la fin, la 911 faisait pas mal de sortie de route. Des dépassements dans l’herbe pour éviter deux voiture de la même catégories entrains de se battre.
Pour moi, sur la dernière heure de course, Kevin a eu une conduite plus dangereuse qu’autre choses.
Maximilien Menu
22 juin. 2025 • 22:57
Je suis totalement d’accord avec Elurztac.
Déjà, pour commencer, ces gars pleins de fric, comme vous dites, ce sont eux qui font vivre notre sport auto — il ne faut pas l’oublier.
On se rappellera d’ailleurs ce que Monsieur Ratel précisait lors des briefings : si un contact a lieu entre un pilote pro et un gentleman, ce sera toujours la faute du pro. Et il a raison.
À un moment donné — et c’est le cas de tous les pilotes en GT3 — c’est chacun pour soi, pousse-toi que je m’y mette. Il ne faut pas oublier que ces gars font aussi leur course. Ce n’est pas parce que tu as un drapeau bleu que tu dois t’arrêter, mettre les warnings et laisser passer tout le monde.
Bref, chacun a sa vision de l’incident, mais selon moi, si la direction de course choisit de ne rien faire, ça deviendra une course à la loterie à laquelle on n’a pas forcément envie de participer.
Concernant le drapeau rouge, je comprends que ce soit frustrant d’avoir attendu aussi longtemps pour relancer, mais imaginez qu’ils aient redémarré sans identifier le problème : on aurait eu droit à un bis repetita, un nouveau rouge, et c’est minimum une heure de perdue à chaque fois (le temps de faire rentrer tout le monde au ralenti, de replacer les voitures, puis de refaire un tour sous Safety Car).
C’était donc, selon moi, une bonne décision et surtout une décision nécessaire.
En tout cas, je ne suis pas déçu d’avoir suivi cette course, qui s’est révélée passionnante.
Vivement l’année prochaine, avec — je l’espère — un peu plus de voitures en pro !