Colin Queen veut sa place dans l'arène
Il est né à Hollywood, mais ce n'est pas dans le monde du 7e art qu'il a décidé de jouer les premiers rôles. Pour poursuivre ses rêves, Colin Queen n'a pas opté pour les planches mais bien les circuits. Et il y a quelques années, il a pris la difficile décision de traverser l'Atlantique pour tenter sa chance en monoplace, en Gande-Bretagne.
Vice-champion du très réputé championnat britannique de Formule Ford en 2022, il a tapé dans l'oeil de la très réputée Fortec Motorsport, qui a vu notamment passer dans ses rangs certains des plus grands : de Charles Leclerc à Daniel Ricciardo, en passant par Juan Pablo Montoya, Stoffel Vandoorne, Alex Lynn, Mike Conway ou encore Robin Frijns, rien que ça.
Avec la formation de Richard Dutton, il disput la GB4 en 2024 – avec une 4e place finale à la clé – puis la GB3 en 2025. Mais l'air du pays lui manque et c'est vers l'Endurance qu'il décide finalement de se tourner. Pourquoi ?
« Car c'est la discipline qui m'a toujours fait rêver, nous a-t-il confié. J'aime l'esprit de partage et d'équipe nécessaire pour briller. La stratégie joue aussi une part prépondérante dans le résultat final. Sans communication, vous ne pouvez rien espérer. En ayant ça en tête, pour moi la logique était de me tourner vers le Lamborghini Super Trofeo. »

Avec trois championnats à travers le monde, la série monotype la plus puissante de la planète est devenue une rampe de lancement pour tout apprenti pilote professionnel aspirant à évoluer en GT. Et son dévolu c'est posé fort logiquement sur le volant nord-américain et sur le ANSA Motorsport, qui demeure l'une des références de la discipline.
« J'ai tout de suite découvert une super équipe, avec laquelle le courant est tout de suite passé, enchaîne l'Américain de 20 ans seulement. Mon équipier (le Français Enzo Geraci. Ndlr) est top et on s'entendu super bien. Il en est à sa deuxième saison en Lamborghini Super Trofeo et m'a fait bénéficier de son expérience pour accélérer autant que possible mon apprentissage. En me tournant vers l'Endurance, je savais que le défi serait de taille. La vitesse de pointe est une chose mais là, pour gagner, il faut réunir bien d'autres paramètres... »
Son passage en monoplace lui est fort logiquement profitable. Au niveau de la pointe de vitesse, de la capacité à extraire la quintessence d'une auto. Mais il lui a aussi offert un bagage technique. Et pour cela, les feeder series n'ont aucun équivalent, raison pour laquelle les meilleurs pilotes de référence d'Endurance ont souvent un passé en monoplace.
Nouveaux circuits, voiture totalement différente de ce qu'il a connu auparavant, Colin Queen a forcément dû s'adapter. « Il y a le poids de la voiture oui, mais aussi le niveau de puissance, poursuit-il. La Huracan Super Trofeo Evo2 développe 620 ch contre 280 ch à la Tatuus que je pilotais l'an passé. Il faut être plus proactif au volant... »

Le défi est donc de taille, mais i le relève pour le moment avec brio. Régulièrement dans le quinté de tête (et ce dès sa première course à Sebring), sur le podium à Laguna Seca et Watkins Glen, le jeune Américain et son acolyte Enzo Geraci – lauréat du Young Driver Program 2024 - pointent à la cinquième place du général avant la sixième manche, à Misano, dans le cadre des World Finals (6-7 novembre).
« Honnêtement le niveau est sacrément relevé et les week-ends très dense, reconnaît Colin Queen. Il y a une trentaine de voitures sur la grille, ce qui est parfait pour apprendre la bataille en peloton. Je dois également m'habituer aux tracés américains, qui diffèrent de ceux sur lesquels j'ai roulé en Europe. J'ai la chance d'avoir une bonne capacité d'adaptation. Et cela est primordial, car le temps de roulage en Super Trofeo est limité. »
Et pour cause, il n'y a deux séances d'essais libres de 45 minutes avant les qualifications ! Et avant que la saison ne débute, il n'a eu que deux jours pour apprendre le mode d'emploi de sa nouvelle monture.
« S'il y a un point sur lequel je dois progresser ? Je dirais justement les qualifications, reconnaît-il. C'est un exercice très spécifique et que nous ne préparons finalement que peu par manque de temps. Mais encore une fois, c'est une bonne école, ça demande beaucoup de rigueur et la moindre en erreur en essais libres est vite préjudiciable. »

Devant lui au championnat, on retrouve des pilotes ayant déjà une grosse expérience de l'Endurance. On pense à Danny Formal, Trent Hindman, Scott Huffaker ou Will Bamber. Autant des pilotes qui font figure de valeur étalon. Et le jeune Colin Queen n'a clairement pas à rougir de ses performances face à eux.
« Aujourd'hui, je peux affirmer sans aucune hésitation que ce passage au GT est la meilleure décision que j'ai pu prendre, enchaîne l'intéressé. Nous avons effectué plusieurs courses en lever de rideau de l'IMSA, et clairement c'est là où je veux être un jour. Ça me motive et je sais que le Lamborghini Super Trofeo est l'une des meilleures écoles possibles pour y accéder. C'est pour sûr ce qui se rapproche le plus du GT3. »
En juillet dernier, Colin Queen a appris une première bonne nouvelle : sa présence dans le contingent des 16 pilotes Super Trofeo (auxquels s'ajoutent quatre pilotes GT3) présélectionnés pour participer au Young Driver Program Lamborghini 2026. Autant de pilotes qui ont été suivis et évalués tout au long de la saison, avec des évaluations spécifiques sur leurs progrès, leur régularité, leur expérience, leur professionnalisme et leurs commentaires techniques.
« Clairement, si j'ai choisi Lamborghini, c'est pour cela, reconnaît-il. Pour ce Young Driver Programme qui permet de gravir les échelons. C'est cette possibilité qui nous est offert de devenir pilote d'usine qui m'a assurément mené ici. Et il va de soi que remporter ce shootout à Misano m'ouvrirait bien des portes. »

Ils ne seront que deux à avoir cette chance. Colin Queen donnera tout pour être l'un d'entre eux et recevoir l'an prochain le soutien de Lamborghini, dans le but de suivre sur les traces de son équipier Enzo Geraci et ensuite marcher dans les pas de Giacomo Altoè ou Danny Formal (pour ne citer qu'eux) qui ont tous les deux brillé cette année en IMSA SportsCar Championship. Voici à quoi ressemblerait son rêve hollywoodien à lui.
LE SAVIEZ-VOUS ? Au-delà de ses succès en course automobile, Colin est une source d'inspiration pour les personnes nées avec une malformation cardiaque congénitale (MCC), la malformation congénitale la plus courante au monde. « Disons que ça m'a demandé davantage d'efforts que d'autres pour atteindre la forme physique qui est la mienne aujourd'hui, explique-t-il. Mais ce n'est pas pour cela que je suis moins athlète que les autres. » En tant que seul pilote atteint d'une MCC à concourir au plus haut niveau en sport automobile, il brise les barrières et prouve qu'aucun défi n'est trop grand. À l'âge de trois ans, il avait déjà subi trois opérations à cœur ouvert et de nombreuses interventions médicales, mais il n'a jamais laissé l'adversité le définir. Ainsi, Colin Queen est un ambassadeur dévoué de la British Heart Foundation et du Children's Hospital Los Angeles. Il utilise sa notoriété pour sensibiliser le public et soutenir la recherche sur les CHD et les soins aux patients. Si un bébé sur cent né avec une CHD, cette maladie reste méconnue et les recherches pour en venir à bout sous-financées.
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