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Vécu - La famille Colson et la Ferrari 499P n°83 aux 6H de Spa-Francorchamps

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17 mai. 2024 • 14:00
par
Benoit Colson
Benoit Colson et ses deux fistons étaient à Spa-Francorchamps pour assister à la manche belge du WEC. En plus de suivre la course, ils ont eu la chance d'approcher de près la Ferrari 499P #83 engagée par AF Corse. De quoi en garder de très bons souvenirs.
Photo : Benoit Colson

« La Ferrari 499P jaune existe, nous l’avons rencontrée ... à Francorchamps »

 

Après un premier article sur notre expérience de spectateurs lors des 6 Heures de Spa et les émotions que nous y avons vécues, nous vous proposons un « bonus track » ...

 

Souvenez-vous, c’était au début janvier dernier, la confirmation de l’engagement d’une troisième Ferrari en Championnat du monde d’Endurance venait de tomber et on apprenait que ce troisième engagement serait « privé » (avec de très gros guillemets puisqu’il se ferait fort logiquement lui aussi avec le soutien d’AF Corse). Les passionnés se mirent alors à imaginer à quoi pourrait ressembler la livrée de cette voiture...

Flashback...

Photo : Benoit Colson

« Donnez une feuille de papier à un enfant, des crayons de couleur et demandez-lui de dessiner une voiture, il est fort probable qu'il la colorie en rouge » disait Enzo Ferrari. Ce dernier ne ratait jamais une occasion de promouvoir ses voitures et son équipe de course.  Il n’oubliait pas non plus que, peu après la naissance de la Scuderia, il avait apposé le cheval cabré de l’aviateur Francesco Baracca sur un fond... jaune, la couleur de la ville de Modène (« Giallo Modena »), accompagné des lettres S (pour Scuderia) et F (pour Ferrari), pour créer ce qui allait devenir un des blasons les plus célèbres en sport automobile.  Notons au passage que la première course lors de laquelle le fameux blason apparut sur une voiture de course eut lieu à... Francorchamps, pour le Grand Prix de Belgique 1932.

Photo : Benoit Colson

Francorchamps, justement.  Outre le village et le circuit tout proche, c’est aussi le nom d’un garage (le premier importateur Ferrari officiel dans le monde) et d’une écurie privée, tous deux créés par Jacques Swaters au début des années cinquante. L’Écurie Francorchamps engagea principalement des Ferrari en compétition, avec un très beau palmarès en GT et en endurance, y compris aux 24 Heures du Mans. Et bon nombre de passionnés se souviennent sans doute des 250 LM, 365 P2, 412P ou encore de la 512S/M parées de jaune...

Retour en 2024...

C’est avec toutes ces références en tête, et en discutant avec mes garçons, que je me suis dit qu’une Ferrari 499P en jaune ça aurait vraiment fière allure. Et qu’à défaut d’en faire une « vraie » voiture privée, cela accentuerait au moins visuellement le concept d’une voiture ajoutée aux « officielles ». Mieux encore : puisque les 499P officielles rouges étaient ornées de chevrons jaunes, on pourrait inverser les couleurs et obtenir une voiture jaune avec des chevrons rouges...

Photo : Benoit Colson

Pendant que je partageais l’idée en commentaire sous un article d’Endurance-Info, mon aîné réagissait sur le compte Instagram du WEC : « Tell us the #83 is yellow with a red chevron please ».

 

Nous n’étions clairement pas les seuls à proposer cette livrée, et c’est sans doute la raison pour laquelle Endurance-Info, toujours à l’écoute de ses lecteurs, consacrait un article au sujet avec une illustration de Quentin Guibert, en précisant que cela pouvait peut-être donner des idées à la formation transalpine... Environ un mois plus tard, la nouvelle tombe, et Endurance-Info titre la Ferrari 499P #83 d'AF Corse sera bien jaune !

Quant au WEC, ils reprennent carrément le post de mon fils pour faire l’annonce, en écrivant sobrement : « Yes, it is. ».

 

Nous découvrons alors les détails de cette livrée et constatons que le rapport à l’histoire est bien présent puisque l’on retrouve quelques concessionnaires de Ferrari sur la carrosserie, le plus visible étant Charles Pozzi, comme au bon vieux temps des écuries privées comme le NART, Maranello Concessionnaires etc. En rervanche, on n’y retrouve pas le Garage Francorchamps, qui sponsorise pourtant les 296 GT3 en GT World Challenge, mais ce n’est pas très important.

Photo : Benoit Colson

Je me dis alors que ce serait pas mal de pouvoir aller admirer cette voiture de plus près lorsqu’elle sera à Spa, et je contacte donc l’écurie AF Corse, en prenant soin de formuler ma demande en italien. Quelle n’est pas ma surprise quelques jours plus tard de recevoir un mail d’Amato Ferrari en personne, qui m’invite avec mes garçons à nous rendre au stand de la #83 entre les séances d’essais libres des 6 Heures de Spa !

 

Nous reprenons contact deux jours avant les essais et... échangeons nos numéros de téléphone portable avec la promesse de nous retrouver dans le paddock après les « FP1 » ! Le jour venu, nous assistons d’abord aux essais libres du matin, première occasion d’admirer la 499P jaune, en particulier depuis la tribune du Raidillon.

 

Il faut avouer que la livrée donne bien. De plus, la couleur des bordures et des zones de dégagement du circuit de Francorchamps est justement elle aussi... en jaune et rouge, ce qui rend l’ensemble très harmonieux !

 

En début d’après-midi, nous nous rendons dans le paddock et j’envoie un texto à Amato Ferrari. Il me répond dans la foulée : « je suis en réunion, je t’envoie un message dès que j’ai fini ». Nous en profitons pour déambuler dans le paddock, dans lequel nous apercevons Sarah Bovy, Robin Frijns, Mick Schumacher ou encore Michelle Gatting avant d’échanger quelques mots avec Antonio Fuoco.  Tous s’efforcent d’être disponibles, mais au fur et à mesure que le temps passe on constate une tension grandissante à l’approche de la seconde séance d’essais libres, planifiée à 17h30.

 

Vers 16h15, mon téléphone bippe et un autre message d’Amato Ferrari apparaît : « à 17h devant le garage ? », auquel je m’empresse de répondre par l’affirmative !

 

Nous sommes bien entendu ponctuels au rendez-vous, avant qu’un nouveau message ne me précise un léger retard et un rendez-vous postposé à 17h15. Je me fais alors la réflexion suivante : Amato Ferrari est certes bien secondé par une équipe de responsables techniques, logistiques et sportifs, mais il reste malgré tout bien occupé sur un week-end de course et je suis très étonné – pour ne pas dire admiratif – de voir l’attention et le temps qu’il accorde pour confirmer et préciser notre rendez-vous. Je n’imagine pas un seul instant un team manager de Formule 1 comme Toto Wolff ou Christian Horner en faire de même, en ayant partagé son e-mail et son numéro de téléphone mobile au préalable.

Photo : Benoit Colson

Mais nous sommes sur une manche du WEC, et « le deuxième championnat du monde le plus important après la F1 » (pour reprendre l’expression de Thibaut Villemant) cultive une philosophie, une ambiance et une atmosphère bien plus proches du public, comme on le constatera encore le jour de la course.

 

Et c’est un Amato Ferrari tout sourire qui nous retrouve devant le stand de la #83 et qui, sans perdre de temps, nous emmène immédiatement observer les derniers préparatifs des essais libres depuis le box tout jaune des VIP.  Nous parlons quelques minutes, il se montre disponible, il est curieux de savoir où et comment j’ai appris à parler italien, nous échangeons sur le choix de la couleur jaune pour la troisième voiture, sur les résultats de la 499P (il se montre très critique sur les erreurs commises à Imola). Le bonhomme est affable, il prend le temps... et puis il nous présente un membre de son équipe qu’il met à notre disposition pour poursuivre la visite des stands. Je sors alors de mon sac une boîte de chocolats (belges, bien sûr !) et la lui offre... en précisant bien que la BOP ne s’applique pas à leur consommation, et c’est avec un grand sourire qu’il prend congé de nous avant de rejoindre les ingénieurs occupés dans le camion garé plus loin dans le paddock.

 

Notre visite du stand se poursuit, les garçons ouvrent grand leurs yeux, observent Robert Kubica pénétrer rapidement et lestement dans le cockpit (« c’est toujours lui qui démarre les séances d’essais », nous souffle notre guide), et les mécanos réalisent les derniers préparatifs tandis que les ingénieurs présents dans le stand organisent les différentes fenêtres de leurs ordinateurs sur de grands écrans.

 

Nous restons dans le stand jusqu’à ce que la voiture soit sortie dans la pitlane et observons ensuite Robert Kubica démarrer. Notre guide nous prévient que le démarrage est quasiment simultané à l’allumage du moteur... et effectivement c’est bien le cas. Nous prenons congé de lui non sans l’avoir remercié et en partageant notre admiration pour une équipe qui combine aussi bien le professionnalisme que requiert une collaboration avec Ferrari avec une atmosphère très plaisante. Ce à quoi il nous répond : « Ah mais ça, c’est justement la signature d’Amato Ferrari, c’est lui qui veut ça... » avant d’ajouter avec un regard malicieux : « Et puis, nous sommes Italiens, aussi ! ».

 

Nous quittons ensuite le paddock pour aller suivre la deuxième séance d’essais libres le long du circuit.  Le spectacle est de mise, les temps sont un peu plus rapides que le matin, et nos yeux s’attardent un peu plus longuement sur la #83 à chacun de ses passages.

 

La Ferrari 499P jaune existe donc bel et bien, et nous l’avons vue en action à Francorchamps. Elle est un beau rappel de l’histoire de Ferrari en endurance, notamment aux 1000 km de Spa, mais elle illustre aussi terriblement bien ce qu’est le championnat d’endurance aujourd’hui. Nous ne saurons peut-être jamais vraiment jusqu’à quel point Endurance-Info et ses lecteurs ont influencé le choix de sa livrée, mais pour mes garçons et moi, elle continuera d’illustrer la proximité de ce championnat et de ses acteurs avec son public...

 

 

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Commentaires (13)

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Ced_PSlot

17 mai. 2024 • 14:16

En un mot: PASSIONNANT :)

Merci Benoit pour ces 3 beaux articles de ces 1000KM de SPA inside.

Olivier Granier

17 mai. 2024 • 14:30

Merci Benoît pour ces tranches de vie à Spa, nul doute qu’elles auront fait vibrer les lecteurs d’endurance -info !

Michel Vaillant

17 mai. 2024 • 15:19

Oserais-je écrire que je trouve que cette livrée n’est pas des plus réussies…?

Je faisais partie des enthousiastes à l’annonce du retour ces couleurs mythiques, mais je suis assez déçu par le résultat « en vrai » :(

Greg78

17 mai. 2024 • 15:26

Merci Benoît pour ce 3è volet.
Quelle classe ce tweet repris sur les pages du WEC, quelle classe cette disponibilité d'Amato. J'ai eu quelques frissons en lisant ce 3è volet. Un moment de pure passion qui fait plaisir à lire, et qui place cette Ferrari jaune un peu à part des autres .
Le fiston devait être ravi (et le papa aussi).

Merci EI de rendre aussi ces "billets de lecteurs" possibles.

LittleBen

17 mai. 2024 • 16:58

@Michel Vaillant: n’ayez pas peur d’oser l’écrire si c’est votre perception!
A titre personnel, j’aime assez bien le Giallo Modena, mais c’est assez surprenant de voir comme il peut différer selon qu’il est sous les projecteurs d’un stand, à la lumière du soleil ou dans l’ombre!
En revanche ils ont modifié les motifs colorés par rapport à l’an dernier (ils ont abandonné les chevrons et les ont remplacés par des zones discontinues) et je pense que je préférais la version 2023. En d’autres mots, j’aurais peut-être préféré la jaune que Quentin Guibert avait dessinée ;-)
Après, les goûts et les couleurs …