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WEC - Lilou Wadoux écrit l'histoire

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2 mai. 2023 • 7:45
par
Thibaut Villemant (avec L. Mercier), à Spa-Francorchamps
Lauréate des 6 Heures de Spa-Francorchamps en GTE Am, la Française est devenue la première femme à s'imposer en WEC toutes catégories confondues. De quoi faire d'elle l'une des coqueluches de l'édition du centenaire des 24 Heures du Mans.
© FIA WEC

Après s'être extirpée, en tête du GTE Am, du baquet de la Ferrari n°83 / Richard Mille AF Corse, Lilou Wadoux reçoit les félicitations de son équipe, et même de son ingénieur Brice Laforge, qui quitte pourtant rarement son muret. En rien marquée par son double relais ou par la pression engendrée par les conditions de piste précaires, elle prend le temps de répondre à la télé.

 

Casque retiré, casquette enfilée, elle s'en va ensuite regarder la fin de course au côté de son équipier Luis Perez Companc, assis en plein milieu du stand. « De toutes façons, il ne me reste plus qu'à croiser les doigts » avoue-t-elle tout sourire. Croiser les doigts pour que Alessio Rovera termine le travail comme il sait si bien le faire. Dans le box n°15 du circuit de Spa-Francorchamps, l'effervescence règne. Difficile de circuler. Un minimum de quatre caméramen, accompagnés de leurs preneurs de son, sont là, et c'est avec un énorme micro juste au dessus de la tête que Lilou va vivre cette fin de course. Certains seraient allés se cacher dans le bus, pas elle... 

© MPS Agency

La tension est à son comble et, comme pour ne pas transmettre son stress à sa protégée, Philippe Dumas – son manager, à qui elle doit tant – reste à l'écart, planqué dans l'espace réservé aux ingénieurs. Ses ongles ne résisteront pas, ce qui n'a pas été sans nous rappeler San Luis en 2011, quand il avait offert au Hexis Racing le titre de Champion du monde FIA GT1, ou en 2016 quand il avait mené le Extreme Speed Motorsports à la première de ses deux victoires aux 12 Heures de Sebring.

 

A quelques secondes du damier, Lilou se rue vers le muret des stands pour aller saluer l'ultime passage de Rovera. Avec l'aide de l'un ses mécaniciens, elle parvient à se hisser dessus et à s'agripper au grillage. Si elle rayonne de bonheur, cette joie semble contenue, comme son stress l'a été durant la course. Un relâchement surprenant pour cette jeune femme qui n'était encore en 2021 qu'en Alpine Europa Cup. Réalise-t-elle seulement ce qui lui arrive ? Peut-être pas, et c'est vraisemblablement mieux ainsi...

 

« Nous nous sommes vengés de la victoire que nous avons loupée de peu à Portimao (0''260 de retard à l'arrivée sur la Corvette n°33. Ndlr), lâche-t-elle. C'est bien de marquer autant de points au championnat. » C'est ce que l'on appelle être pragmatique. Ou professionnel, à vous de choisir.

© FIA WEC

Alors que la 499P n°51 a terminé 3e, Antonello Coletta est déjà là pour la féliciter. A l'arrivée samedi, il n'y en avait que pour elle ! « Tout le monde est très heureux, d'autant qu'il s'agit de la première victoire d'une femme en WEC, glisse pas peu fier le directeur de Ferrari Attività Sportive GT à Endurance-Info. Deuxième à Portimao, la voilà sur la plus haute marche du podium ici... L'accident de Sebring (sortie de Perez Companc dix minutes après le départ. Ndlr), est regrettable, car je suis persuadé qu'il y aurait eu un bon résultat à la clé. Lilou est assez bluffante depuis l'entame de la saison, et je peux vous dire que ce n'est que le début. Peut-être un jour la verrons-nous dans une catégorie supérieure. Mais j'espère avant tout que la saison 2023 se poursuivra ainsi. »

 

Mais comment fait-elle la différence ? « En plus d'être rapide, elle est extrêmement facile à travailler, et est très modeste, enchaîne l'Italien dans un Français toujours aussi parfait. Et elle peut compter, avec Alessio (Rovera. Ndlr) sur un coach incroyable. Ce trio est vraiment de haut niveau, bien épaulé par Brice (Laforge. Ndlr) qui leur fait bénéficier de toute son expérience. »

© FIA WEC

A demi-mot, Antonello nous fait comprendre qu'il rêve déjà de lui faire essayer la 499P. Mais hors de question de brûler les étapes. Lilou a déjà eu du mal à réaliser ce qui lui arrivait quand elle a été enrôlée par Ferrari, alors l'Hypercar... Après avoir répondu aux diverses sollicitions médiatiques, être allée remercier un à un ses mécaniciens, Lilou s'est confiée, à son tour, à Endurance-Info.

 

« Luis a fait du super job, me rendant la voiture dans une bonne position, ce qui est agréable, nous a-t-elle raconté. Durant mon premier relais, ça n'a pas forcément été facile car j'ai un peu trop poussé en pneus froids. J'ai donc ensuite calmé jeu pour préserver mes gommes, mais je pointais tout de même en tête à mon premier passage au stand. Par la suite, ça s'est bien passé car la voiture était vraiment facile à conduire. J'ai donné mon maximum pour passer le volant dans la meilleure position possible, à savoir la première. Par la suite, je savais que Alessio allait faire le job car je sais ce dont il est capable. Une voiture de sécurité ne nous a pas été favorable mais au final ça n'a pas joué. »

© FIA WEC

Place dorénavant aux 24 Heures du Mans. « C'est de bon augure, reconnaît-elle. Mais j'espère surtout que cette victoire va apporter un surplus de motivation à toute l'équipe pour qu'on soit dans le même type de position là-bas. »

 

C'est tout le mal qu'on lui souhaite, et la mission n'a rien d'impossible. Si la Corvette C8.R n°33 partira favorite, dans les tribunes, en revanche, gageons que bon nombre n'auront d'yeux que par cette jeune Amiénoise qui n'en finit plus de défrayer la chronique, et qui est devenue samedi la première pilote de la gente féminine à s'imposer en WEC.

 

« Forcément, ça fait très plaisir, lâche-t-elle à ce sujet. C'est un petit plus. Mais ce qui m’intéresse avant tout, c'est de courir. En revanche, si ça peut donner envie à d'autres femmes encore hésitantes de se lancer, alors j'en serais fière. J'ai juste montré que cela était possible. Derrière le volant, femme ou homme, nous sommes tous pilotes. » Une maturité étonnante, un recul et un calme déconcertants, indéniablement la petite Lilou a tout pour devenir grande...

© Ferrari

Commentaires (7)

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aubinjp@wanadoo.fr

2 mai. 2023 • 8:21

Exceptionnelle !!!....Bravo Lilou, continue de nous faire rêver !
RDV au Mans

JeanVdV

2 mai. 2023 • 9:32

... et bravo aux Iron Dames aussi, s'il vous plaît !!!

TG-TO

2 mai. 2023 • 11:25

Que dire..... GENIALE...Elle est geniale.
On a un beau plateau féminin avec Dorianne et les Iron Dames

PierreBid

2 mai. 2023 • 17:44

Considérée pilote à part entière
Bravo Lilou.

Ben_LM

2 mai. 2023 • 21:55

Bravo bravo bravo incroyable niveau en si peu de saisons de roulage!