Retour des armoires chauffantes aux 24H du Mans ?

Les 6 Heures de Spa-Francorchamps marquent la troisième épreuve du WEC. Si le tracé belge est bien différent des deux précédents qu’étaient Sebring et Portimao, les températures le sont également, ce qui n’est pas sans poser quelques soucis aux pilotes de mise pour la mise en température des pneumatiques.

Depuis le début de saison, les armoires chauffantes sont interdites dans les différentes catégories (Hypercar, LMP2, GTE-Am) pour "le bien de l’écologie". Les pilotes doivent donc composer avec cette nouvelle donne qui demande beaucoup de prudence dans les premiers tours. Peu de pilotes dans le paddock vont dans le sens de cette suppression de chauffe des pneumatiques. Une pétition aurait même été signée par plusieurs équipes et des gentlemen dans le paddock de Spa-Francorchamps pour le retour des armoires chauffantes au Mans.

Hier encore, Brendon Hartley est sorti de la piste en qualif’ sur la Toyota GR010 HYBRID #8 dans la partie haute du Raidillon. Si le pilote néo-zélandais a admis avoir touché le vibreur intérieur dans le Raidillon, il aurait certainement pu éviter la sortie si ses pneus avaient été chauds.

Afin de pallier à cette difficulté de monter les pneus en température, Michelin a amené en Belgique les trois spécifications de pneumatiques, contre deux sur les autres manches. La firme clermontoise met en avant la sécurité, d’où cette demande d’amener les trois spécifications :

• Soft cold : utilisation sur une piste peu abrasive, températures inférieures à 15°C ou la nuit
• Soft hot : piste moyennement abrasive ou gommée, températures supérieures à 15°C
• Medium : piste abrasive, tracé sollicitant, températures supérieures à 30°C.

Dès les 1000 Miles de Sebring, les pilotes se sont plaints de cette difficulté de monter les pneus en température, d’où le fait d’avoir notamment deux tours de formation au lieu d’un. Une pétition aurait même été signée dans le paddock belge par des constructeurs et des gentlemen pour le retour des armoires chauffantes, toujours pour une question de sécurité.

Pour la partie GTE-Am, Michelin a donné sa position avant le lancement de la saison à la FIA en expliquant les pneus utilisés dans la catégorie, qui sont ceux de la saison dernière (soft hot, medium hot), ont été développés pour une utilisation avec une chauffe.

« La gamme GTE n’a pas été pensée pour un démarrage à froid », a expliqué ce matin Pierre Alves, manager du programme Endurance, Michelin Motorsport. « Ce n’est pas à nous une faire une demande d’un quelconque changement. Sur un circuit comme celui-ci, il y a des soucis de mise en régime. Les pilotes sont avertis et ils doivent composer avec cette difficulté. Il est clair que ce serait logique de faire chauffer les pneus en GTE-Am. »

Si Michelin est clairement favorable aux armoires chauffantes en GTE-Am, la réponse est différente pour les prototypes de la catégorie Hypercar. « Aujourd’hui, nous avons une gamme qui a été développée pour pouvoir répondre à cette contrainte de la suppression des armoires chauffantes », explique Pierre Alves. « Les équipes ont ce qu’il faut à leur disposition, à eux de choisir la bonne spécification. Si l’équipe pense que le risque est mesuré de viser le cran plus dur, c’est un choix de leur part. Ce pneu sera plus constant mais des secondes seront perdues lors des deux premiers tours. En prenant le cran plus soft, la mise en régime sera bien meilleure mais la dégradation sera plus prononcée. Tout est une histoire de compromis. »

Les équipes n’ont pas eu l’occasion de faire des doubles relais durant les essais libres car il a fallu évaluer deux ou trois spécifications. Hier, à cause de la pluie, seule la transition pluie/sec a pu être testée.

Un point a été fait avec le FIA WEC jeudi soir mais aucune alerte n’a été constatée sur la performance des pneumatiques. « Nous avons juste alerté sur le cas GTE-Am », souligne Pierre Alves. « Le jeudi n’a pas posé de souci à cause des températures plutôt clémentes. Les prévisions allaient vers le froid et nous avons alerté sur le sujet. »