Le Mans

24 H. du Mans 2023 - ITW Jenson Button dans la Nascar du Garage 56 : « Vous allez adorer l'histoire... »

24 Heures du Mans
28 jan. 2023 • 18:30
par
Thibaut Villemant, à Daytona
Champion du monde de F1 en 2009, le Britannique de 43 ans s'apprête à effectuer son retour aux 24 Heures du Mans cinq ans après sa première participation. Quelques minutes après son officialisation, il a répondu à nos questions.
© Lotus

A quoi se limite votre connaissance de la Nascar ?

J'ai assisté à quelques courses sur lesquelles Jimmie (Johnson. Ndlr) était d'ailleurs engagé. Notamment à Homestead-Miami, en 2012. C'était la dernière épreuve de la saison. J'ai retrouvé Jimmie après la course, et nous avons pris du bon temps. Depuis je suis allé à Fontana, car je vis à Los Angeles. J'ai adoré. Ce qui m'a le plus scotché, c'est le son. 

 

➡️ 24 Heures du Mans 2023 - Jenson Button dans la Nascar Garage 56 !

 

Vous connaissiez donc Jimmie et Mike Rockenfeller ?

Je suis Jimmie depuis un bon bout de temps maintenant. Quant à Mike, nous nous sommes affrontés à diverses reprises. Aux 24 Heures du Mans en 2018 dans des catégories différentes, puis sur les meetings communs DTM x Super GT. 

 

Qu'avez-vous pensé du projet au début ?

Quand j'en ai entendu parler, j'ai trouvé ça totalement fou. Aligner une voiture de Nascar au départ de la plus grande course d'Endurance du monde, c'est du délire quand tu y penses.

© Hendrick Motorsport

On parle d'amener au Mans le Nascar Spirit. Mais qu'est-ce ?

Stock Cars, V8... Je parle de gros V8, mais quand vous le voyez dans la voiture, il semble tout petit. Il est sur le plancher pour abaisser au maximum le centre de gravité. Les échappements sortent sur le côté. Quand je l'ai vue et entendue passer à Sebring, j'étais comme un gosse. Depuis que j'ai arrêté ma carrière F1, j'ai toujours voulu expérimenter d'autres choses. J'ai fait du Super GT au Japon, les 24 Heures du Mans, d'autres épreuves en GT... Là, quand j'ai vu la voiture sur la piste à Sebring, j'avais la banane.

 

Comment le contact s'est-il établi ?

Vous allez adorer l'histoire... Sur une suggestion de « Rocky », et bien évidemment avec l'accord de John (Doonan, le team principal. Ndlr), j'ai pris l'avion depuis Los Angeles pour aller assister à leurs essais, en décembre à Sebring. Entendre une Nascar, c'est quelque chose. Mais à Sebring, le son est encore amplifié. Rocky a pris le volant, puis Jimmie... Chad (Knaus, qui gère le projet pour le compte de la Hendrick Motorsport. Ndlr) m'a alors lancé : « Pourquoi ne sautes-tu pas dedans ! » Et moi de lui rétorquer : « Comment ça ? Je n'ai même pas de casque, ni de combinaison... » Il m'a proposé qu'on m'en prête, mais ce n'est pas le genre de choses auxquelles je suis habitué. Ça se prépare... Mais ils voulaient vraiment que je prenne le volant. J'adore l'atmosphère qui règne au sein de l'équipe. Ils sont très consciencieux dans le travail, mais ils ne se prennent pas non plus trop au sérieux. C'est vraiment super enthousiasmant. 

 

Voulez-vous dire que quand vous êtes allés à Sebring début décembre, vous n'étiez pas encore impliqué ?

Exactement ! Je n'en avais aucune idée. Nous avons ensuite discuté et ça s'est fait. Depuis, j'ai fait du simulateur et j'ai passé un peu de temps chez Hendrick. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à de telles installations et ne me doutais pas à quel point ils vont dans le détail quand ils conçoivent une voiture de stock car. C'était très sympa à voir. Puis nous nous sommes mis au travail. Siège, position de conduite, pédalier... Nous avons tout fait pour gagner du temps en vu des essais que nous allons mener cette semaine (sur le Daytona International Speedway. Ndlr). 

© Newspress

À quoi vous attendez-vous ?

Je ne sais pas mais j'ai vraiment hâte d'en prendre le volant. Il va me falloir m'habituer à certaines choses, notamment le poids, mais j'ai conduit quelques véhicules off-road assez lourds donc je pense que ça ne me posera pas trop de souci.

 

A quel point appréciez-vous les coures à relais ?

Durant ma carrière, j'ai - la plupart du temps - eu des équipiers qui étaient mes premiers adversaires. En Endurance, vous travaillez avec eux et j'adore ça. Echanger les dernières informations sur le projet avec Jimmie et Rocky et voir tous ces ingénieurs travailler en coulisses fut très intéressant. J'avais déjà vu Jimmie en piste, mais pas comment il travaillait en dehors. Ça va donc être sympa de voir dans quelle direction il veut aller car, comme vous le savez, en Endurance, tout est histoire de compromis. 

 

Si vous n'avez pas d'objectif particulier, comment jugez-vous ce challenge ?

C'est un sacré défi pour nous, car jamais une voiture de Nascar Cup Series n'a roulé 24 heures durant. Nous allons donc travailler sur la fiabilité. Les changements de pilotes promettent également d'être intéressants car nous ne disposons pas des vérins pneumatiques mais d'un bon vieux cric à l'ancienne. Et c'est ça qui est génial ! Les gens doivent voir ce qu'est la Nascar. Non pas qu'on se batte avec qui que ce soit, mais nous ne voulons pas aller au Mans et être lents. Je pense que la voiture sera compétitive. Mais j'ai vraiment hâte de voir la réaction des autres concurrents et des fans quand ils verront notre voiture.

© FIA WEC

Quel souvenir gardez-vous de votre première participation aux 24 Heures du Mans ?

Je n'y suis allé qu'une seule fois, mais rouler au Mans, c'est comme disputer une saison dans son intégralité dans une autre discipline. J'ai adoré ma semaine là-bas. J'ai été subjugué par ce que Le Mans représente. Rien que le fait de finir est une victoire en soi. A l'arrivée, il y a tant d'émotion... Les ingénieurs, les mécaniciens, qui sortent de 36 heures non stop de travail... 

 

Pourquoi n'y êtes-vous pas retourné depuis ?

Tout d'abord, j'ai eu deux enfants et je ne voulais pas m'éloigner constamment de ma femme. Mais il y a quelques mois, elle m'a dit : « S'il te plaît, va rouler, tu me saoules (Rires. Ndlr) ». Elle comprend et sait que jamais cette passion pour la course automobile ne m'a quitté. J'aime la course, j'aime piloter... C'est mon monde et ça le sera toujours. Tant que je suis en forme, que les réflexes sont là... Je n'ai que 43 ans après tout. Ce n'est que la première étape de mon retour à la compétition.

 

Cela signifie-t-il que vous espérez toujours retourner au Mans dans la catégorie-reine ?

Assurément. Mais il faut que les conditions soient réunies. Je ne veux pas m'engager dans un projet susceptible de ne pas être compétitif. Cette année, c'est le centenaire, c'est une édition spéciale. La nouvelle réglementation a permis d'attirer de nouveaux constructeurs. 2023 va être fou, mais 2024 le sera plus encore quand on voit les constructeurs qui sont en phase d'approche. Nous verrons, mais il y a diverses opportunités pour 2024.

Commentaires (1)

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spiritofsebring

29 jan. 2023 • 12:55

super recrue et tellement simple et sympa