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Réalités, enjeux et perspectives économiques de la filière des sports mécaniques en France

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27 nov. 2019 • 9:24
par
lm@endurance-info.com

Pour beaucoup, les sports mécaniques se résument à tourner autour d’un circuit, polluer et faire du bruit. C’est oublier toute une économie qui vit des sports mécaniques en France. Le cabinet EY France (Ernst & Young) a établi un baromètre des sports mécaniques en France (année 2018), dont le résultat a été présenté hier à la presse. On doit cette évaluation à la Fédération Française de Motocyclisme (FFM), la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) et au Groupement National des Circuits Automobiles (GN CACEIPA), le tout avec le soutien du Ministère des Sports.

De nombreux acteurs de la filière ont fait le déplacement à l'Automobile Club de France à Paris pour prendre connaissance des résultats. Pierre Fillon, président de l'ACO, était dans la salle au même titre que Roxana Maracineanu, ministre des Sports. Christian Estrosi (GP de France de F1), Jean-Marc Finot (PSA Motorsport) et Olivier Vialle (Michelin) ont eux aussi pris la parole.

Ce rapport met en avant les défis commerciaux, sociaux et environnementaux que les sports mécaniques doivent relever, aussi bien aujourd’hui que demain. En France, les sports mécaniques comprennent 16 disciplines pour un total de 47 spécialités. Pour la voiture, on compte : rallye, circuit, montagne, tout-terrain, karting, véhicules historiques, drift. 

Le chiffre d’affaires global de la filière des sports mécaniques est de 2,3 milliards d’euros (233 millions d’euros de contributions fiscales et sociales). 39% du chiffre d’affaires est porté par les industriels, 28% par les circuits, 15% par les Fédérations, 13% par les grands événements et 5% par les médias. 2300 épreuves sont organisées chaque année sur le territoire, 13 500 emplois sont afférents aux sports mécaniques (industriels 53%, circuits et teams 26%, grands événements 13%, Fédérations, ligues et clubs 6%, médias 2%). 130 000 bénévoles participent à l’organisation des compétitions. La France compte 160 000 licenciés (FFM, FFSA), contre 720 clubs et 30 000 licenciés en Angleterre. Le nombre de licenciés est en hausse de 20% sur les dix dernières années. 160 000 licenciés, c’est plus que le cyclisme (119 280) et le ski (124 000). Les sports mécaniques restent dans le top 20 des fédérations sportives françaises, très proches du tennis de table et du badminton.

L’enquête souligne une filière économique et sportive majeure en France. Avec ses 2,3 milliards d’euros, les sports mécaniques sont à mi-chemin entre le golf (1,5 Md€) et le football (7,5 Md€). S’il y a beaucoup de licenciés, les médias ne représentent que 1% dans la répartition des emplois (10% dans le football) par acteur de la filière, contre 27% aux circuits et équipes. 

Si le football (chiffre d’affaires de 7,5 Md€) tire ses profits des droits audiovisuels qui représentent 36% de ses revenus, le golf doit 50% de son chiffre d’affaires aux infrastructures, parcours de golf et au tourisme golfique. Les sports mécaniques affichent une vraie spécificité avec la prépondérance des acteurs industriels. C’est la seule filière sportive française qui permet aux fleurons de l’industrie de rayonner sur le territoire et en dehors. Le football, c’est 34 815 emplois, le golf 13 753 et les sports mécaniques 13 527. Le tourisme lié aux sports mécaniques recèle un fort potentiel de croissance. 40% des dirigeants estiment que les sites de pratique diversifient leurs activités, en particulier dans le roulage et l’événementiel.

Pour ce qui est des contributions fiscales et sociales de la filière des sports mécaniques en 2018, elles s’élèvent à 233,4 millions d’euros, chiffre comparable aux festivals et spectacles musicaux en France. Il convient de signaler que les sports mécaniques ne sont que très peu subventionnés par l’Etat, ce qui fait qu’ils participent activement à la santé des finances publiques.

L’étude met en avant les circuits qui sont d’importants vecteurs d’emplois sur l’ensemble du territoire. Le pays compte un millier de lieux de pratique dont 38 sur des circuits de vitesse, 350 de karting et 600 de cross. Sur les 2300 épreuves organisées chaque année, 2800 personnes travaillent dans le secteur. Les bénévoles prennent une part importante dans l’organisation des événements. On en compte 12 000 sur les 12 événements majeurs de la filière.

1,4 million de personnes assistent chaque année à une douzaine d’événements majeurs. L’affluence est comparable à celle de 64 matchs de Ligue 1 (2017/2018). Les 75 000 personnes présentes à Lohéac pour le rallycross équivaut à un remplissage du Stade de France. Le GP de France moto au Mans fait jeu égal avec son homologue espagnol. L’affluence du GP de France de F1 est comparable à celle de l’Italie ou de l’Allemagne. Plus de 300 000 personnes font le déplacement chaque année à L’Enduropale au Touquet. Sur le sujet, les 24 Heures du Mans ne sont pas en reste avec plus de 250 000 personnes contre 50 000 à l’E-Prix de Paris et 155 000 au Tour de Corse WRC. 

L’enquête souligne que les sports mécaniques sont au palmarès des compétitions les plus regardées en France. Le GP de France de F1 a réuni 3 millions de téléspectateurs contre 3,1 à la finale de la Coupe de la Ligue de football et 3,3 à la finale masculine de Roland Garros. Les chaînes de télévision ne représentent qu’une portion congrue dans le modèle économique de la filière, avec seulement 5% des revenus totaux. 

L’industrie est le principal employeur des sports mécaniques en France : PSA, Renault, ORECA, Sodikart, Motul, Michelin, Yamaha France, Total, Igol. Le tout représente 7198 personnes, dont 6475 emplois directs et 723 emplois indirects. 

La filière des sports mécaniques a un bel avenir devant elle si personne ne lui met les bâtons dans les roues dans les années à venir. Si vous faites construire une maison à 200 mètres d'un circuit en place depuis plus d'un demi-siècle, ne venez pas vous plaindre que c'est bruyant...

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