Pierre Thiriet (Signatech Alpine) : "Je me dis surtout que j'ai de la chance !"

Pierre Thiriet participait à sa 9e édition des 24 Heures du Mans cette année. Cette fois-ci, ce fut la bonne avec une victoire sur la piste et non sur tapis vert comme l'an dernier. Il a aussi été sacré champion du monde LMP2 ! Nous l'avons retrouvé peu de temps après l'arrivée pour débriefer sa course !

L’Alpine A470 #36 de Pierre Thiriet, Nicolas Lapierre et André Negrão a presque été constamment aux avant-postes, échangeant le leadership avec l'Aurus 01 #26 de G-Drice Racing. Cependant, la course ne fut aussi simple qu'elle n'y parait ! « Pour commencer, nous avions une super voiture, constante tout au long de la course, nous mettant en confiance. Dès le début de l'épreuve, nous étions dans un rythme pour la victoire. Nous avons eu une superbe bagarre avec G-Drive Racing dans les quatre premières heures de course, ce fut magnifique. Que Nicolas Lapierre soit dans le rythme de Vergne est somme toute logique, mais je suis content de m’être battu avec van Uitert. A ce moment là, mes pneus avaient déjà un relais et je me suis dis que nous étions vraiment dans le match. Les deux safety cars ne nous ont, par la suite, pas vraiment arrangé par rapport à G-Drive Racing. Ensuite, nous avons déroulé sans la moindre erreur. Si vous regardez l’auto, elle est tout simplement intacte. L’équipe a été top et les ravitaillements parfaits. Nous avons eu quelques moments de stress car ce n’est jamais 100% maîtrisé. En tout cas, une course pas facile, mais nous étions plus dans le match que l’année dernière ! »

Cette fois-ci, le trio remporte les 24 Heures du Mans sur la piste et non des mois après, comme avec le déclassement de l'ORECA 07 G-Drive Racing comme en 2018. « C'était un peu le challenge en arrivant ici. Nous avions un peu en tête le fait de nous rattraper par rapport à 2018, prouver que nous étions capables de la gagner pour de vrai, c'est à dire de le faire dès le dimanche. Nous l'avons montré et je dois dire, qu'avant tout, c'est un travail d'équipe. Philippe (Sinault) a eu l'intelligence de faire un équipage qui s'entend très bien. Il y a aussi une super osmose qui s'est créée avec toute l'équipe technique, les ingénieurs, les mécaniciens. L'état d'esprit est juste excellent. Nous avons aussi eu des concurrents, Jackie Chan DC Racing pendant la Super Saison, qui ont été incroyables ! Il ne faut pas oublier que l'enjeu était double pour nous au Mans : gagner et en même temps remporter la couronne mondiale. Si nous n'avions pas joué le championnat ici, peut-être que nous n'aurions pas abordé la course de la même manière. Ce fut vraiment une belle saison pour nous ! C'est aussi eux qui nous poussent à faire un bon résultat au Mans. S'ils n'avaient pas été là, peut-être que nous n'aurions pas réglé l'auto ou tout vérifié comme on l'a fait. Nous avons eu de superbes bagarres très fair play tout au long de l’année. »

Pierre Thiriet est maintenant double vainqueur (consécutif) des 24 Heures du Mans en LMP2, mais aussi donc champion du monde LMP2. Un superbe palmarès pour cet homme qui n'a que 30 ans et qui a du mal à y croire ! « J'avoue que je ne réalise pas encore ! Il y a eu beaucoup de stress pendant cette épreuve, surtout quand vous n’êtes pas dans la voiture. Il a fallu attendre 15 heures et je dois avouer que la dernière heure a été horrible ! Après le drapeau à damier, il y a eu toutes les accolades, toutes les félicitations, toute l'équipe, les partenaires, etc... On ne prend vraiment conscience de ce qui arrive que lorsqu'on arrive sur le podium. Toute cette marée humaine en bas ! Je me dis surtout que j'ai de la chance. Je me rappelle être venu en 1998 (il avait 9 ans, ndlr), j'ai vu la Porsche 911 GT1 gagner et j'ai assisté au podium. Je m'étais alors dit que ces mecs étaient dingues, que leurs voitures étaient magnifiques et que c'était une superbe course. A ce moment-là, je ne m'imaginais même pas prendre le départ un jour et aujourd’hui, je la gagne et je remporte le championnat du monde. C'est juste incroyable ! »

Pierre Thiriet a disputé les 24 Heures du Mans pour la première fois en 2011 à bord d'une Ferrari 458 Italia engagée par Luxury Racing (avec Anthony Beltoise et François Jakubowski, ndlr). Il a ensuite passé, depuis 2012, le plus clair de son temps dans un baquet de LMP2 où il a dû tout apprendre, notamment chez TDS Racing. La question de savoir si la boucle était bouclée avec cette couronne mondiale et ce double succès manceau était donc légitime. « Le titre et ces deux victoires aux 24 Heures du Mans en LMP2 sont déjà supérieurs à l'objectif que j'aurais pu me fixer en débutant le sport automobile. De plus, c'est le mieux que je puisse obtenir, il faut être lucide, je ne serai jamais pilote de LMP1. Maintenant, je peux encore m'améliorer, faire de meilleurs relais (il a signé le 39e temps de 60 pilotes engagés en LMP2 à un peu plus de quatre secondes de Matthieu Vaxiviere, ndlr), être plus serein dans la voiture. Je peux encore progresser donc, non, je n'ai pas l'impression d'avoir bouclé la boucle. Maintenant, en termes d’objectifs, j'ai atteint le sommet. Cependant, je reste un compétiteur, pensant toujours qu’on peut faire mieux et que j'aimerais bien remettre tout cela en jeu ! »

Que fera Pierre Thiriet l'an prochain. Va-t-il arrêter ou, comme il dit, remettre ses titres en jeu ? « Je ne sais pas encore pour la prochaine saison. Le désir de repartir est là. Cependant, rien n'est signé. J'ai surtout envie de profiter et de célébrer cette victoire avec toute l'équipe ! Le temps de la réflexion arrivera ensuite ! »