Jean-Claude Ruffier : "Le vélo m'intéresse autant que la voiture"
Figure incontournable des paddocks, Jean-Claude Ruffier est autant apprécié par sa joie de vivre que par sa passion du sport automobile. L'ancien patron d'équipe, qui a aussi longtemps piloté, arpente toujours les circuits en passant d'un stand à un autre (avant l'arrivée du COVID-19). Jean-Claude connaît tout le monde et tout le monde connaît Jean-Claude. Outre son amour du sport automobile, Jean-Claude Ruffier est passionné de vélo depuis bien longtemps. A 82 printemps, l'homme est encore capable de vous mettre la misère sur deux-roues et de vous régler un sprint sans faiblir. Vous avez d'ailleurs de grandes chances de le croiser sur son vélo dans un paddock proche de la structure IDEC Sport, son équipe de coeur.
Pour parler de sa passion du cyclisme, pas question de l'emmerder durant une étape du Tour de France. Il a donc fallu attendre l'arrivée au sprint du Cav' lors de la 10e étape pour parler vélo. Itinéraire d'un passionné de vélo qui pédale jusqu'au Sénégal...

Cette passion du vélo remonte à longtemps ?
"Ma passion pour le vélo est très ancienne. A 10/12 ans, j'étais à la ferme (en Seine-et-Marne, ndlr) et tous les jeunes de ma génération aimaient le vélo. Dans les années 50, il y avait des fêtes dans chaque village où étaient organisées des courses de vélo. L'US Créteil Cyclisme était un grand club. Gamin, je rêvais de faire du vélo. Je suivais les exploits des cyclistes sur le Tour de France en lisant Miroir Sprint et son papier marron."
C'était une passion familiale ?
"Mon père était passionné de vélo. Nous allions voir différentes courses. C'était la grande époque de Bordeaux-Paris derrière derny, mais aussi les Six Jours de Paris dans les années 50. J'ai le souvenir de François Mahé, le père d'Yvan qui dirige Equipe Europe à quelques kilomètres de chez moi, et son maillot jaune en 1953. Son beau-père (Léon Le Calvez, ancien coureur et directeur sportif, ndlr) et lui ont ouvert une société de transports tout près d'ici."

Un cycliste vous a marqué plus qu'un autre ?
"Il y en a tellement. J'ai connu l'époque des Darrigade, Koblet, Anquetil, Merckx, Bobet, Geminiani. Ils étaient tellement bons qu'il est difficile d'en ressortir un. C'était magique ! A cette époque, le vélo dominait tout. Maintenant, c'est le football. Tout le monde a encore en mémoire le décès brutal de Tom Simpson sur les pentes du Ventoux en 1967."
Vous avez tenté de faire des courses ?
"J'aime le vélo mais ce n'est pas pour autant que j'ai réussi à faire des courses. J'ai repris le vélo après l'Armée en m'occupant du club du Plessis-Trévise dans les années 70. On a relevé le club."
Malgré le poids des ans, on vous croise toujours dans le paddock les mains sur le guidon...
"J'ai toujours eu un vélo avec moi sur les circuits. J'ai d'ailleurs été un des premiers à me déplacer en vélo dans les paddocks. Celui qui m'a emboité le pas est Dany Snobeck. Selon les meetings, je fais encore 30 à 40 km sur les circuits et en dehors. Tout le monde s'est mis au vélo : pilotes, ingénieurs, mécaniciens. Certains circuits ouvrent même leur piste aux vélos le soir. Chez moi, je roule tous les deux jours pour boucler une quarantaine de kilomètres. J'ai aussi emmené Patrice et Paul Lafargue à Longchamp. J'ai beaucoup roulé sur un Trek mais je suis passé au Look."
Vous passez pas mal de temps au Sénégal. Là-bas aussi, vous pédalez et vous développez le cyclisme ?
"J'ai d'ailleurs emmené le Trek au Sénégal. Je fais mon possible pour offrir des vélos et des maillots en poussant les sénégalais à s'impliquer dans le vélo. Il y a beaucoup d'engouement pour le deux-roues. On peut même s'entraîner sur le Circuit automobile de Baobab."

Vous vous investissez vous-même ?
"Avec Georges Le Bourhis (ancien coureur professionnel, ndlr), nous avons mis sur pied le VC La Petite Côte. J'ai hébergé des coureurs chez moi au Sénégal. Bécaye Traoré, champion du Sénégal, est originaire du club. Je continue à m'occuper des jeunes. Malheureusement, il n'y a pas de moyens et la fédération ne peut faire tout ce qu'elle veut. Certains cyclistes sont venus rouler en France. Il y a une équipe nationale qui fait plusieurs sorties en Afrique."
Le cyclisme actuel vous fait toujours vibrer ?
"Bien sûr, il y a eu des années malheureuses avec le dopage. Cette année, Le Tour est magique même si le tracé n'est pas génial. On y trouve une certaine joie de vivre et de la bagarre. Quand on voit qu'un Julian Alaphilippe amène Mark Cavendish au sprint... Personne ne voulait du Cav' et le mec a déjà gagné déjà trois étapes. L'état d'esprit est neuf, l'étape des Alpes était celle des forçats avec Ben O'Connor en solitaire. Le vélo m'intéresse autant que la voiture."
Le dopage n'a pas entamé votre enthousiasme ?
"Quand Christopher Froome dominait, on l'a taxé de tous les maux. Personnellement, je n'en sais rien. Même si Tadej Pogacar écrase Le Tour, il y a quand même une belle ambiance malgré les nombreuses chutes. On lâche 180 coureurs sur des petites routes. Avec les vélos actuels, tu ne peux pas lâcher le guidon comme par le passé compte tenu de la rigidité. On roule sur quelques millimètres. Le cyclisme est un sport d'équipe avec un effort individuel. Le vélo, c'est bon pour les jambes, le cardio et la tête. OK, je ne suis plus tout jeune mais à 30 km/h de moyenne, il faut pédaler. Sur Le Tour, je suis bluffé par les moyennes."

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