Vécu - Le Specialized Tarmac SL8 ne fait (malheureusement) pas de moi un Remco Evenepoel

Tout est parti d’un échange avec Jules Gounon alors que nous étions en pleine pandémie. Comme beaucoup de pilotes, l’Ardéchois fait du vélo afin de parfaire sa condition physique. Soutenu par la marque californienne Specialized, Jules et Endurance-Info avions pour projet de lier les deux mondes, ce que nous avons mis en place dans trois vidéos tournées en 2021 au Paul Ricard avec la Mercedes-AMG GT3 face au Specialized Tarmac SL7. 

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Un vélo est à l'image d'une voiture de course, il ne suffit pas de claquer des doigts pour être performant. Il faut le matériel adéquat et la condition physique qui va avec. Un très bon vélo fonctionne bien au-dessus 30 km/h. En-dessous, tu as l'impression d'être sous-motorisé ou d'avoir une très mauvaise BoP. 

Ceux qui me connaissent savent que je n’hésite pas à enfourcher le vélo dès que possible, c'est-à-dire chaque jour été comme hiver en dehors des déplacements. Je dois être l’un des rares à ne pas pester à monter sur un hometrainer à 6h30 le matin. Le Garmin Tacx NEO Bike Smart fait le job quand à l’extérieur, il pleut, il fait nuit ou il fait froid. Quand les beaux jours arrivent, la route est privilégiée. Pour cela, mes deux jouets sont un Ridley Noah Aero+ et un Cube C:68X d’un ex-pro, Jan Hirt, qui sortait d’une 6e place au Giro d’Italia. Si le premier est assez facile à apprivoiser, le second est raide comme un piquet sans aucun débattement de guidon. La machine est superbe mais clairement pas à mettre entre toutes les mains. Il est fortement déconseillé de lâcher le guidon d'une main sur la moindre aspérité sous peine de se retrouver au sol. Je sais de quoi je parle...

Les années ont passé mais le lien avec Specialized est resté, d’autant plus que l’antenne française a la fibre Endurance sur quatre roues.

Que les choses soient claires, ma pratique du vélo n’a aucune ambition personnelle, juste celle de prendre du plaisir malgré l'âge qui avance. Pour cela, il est vrai qu'un vélo sur mesure est l'idéal. 

Rendez-vous est donc pris chez Specialized mardi 15 juillet dans la banlieue de Valence où devaient être présents Jules Gounon et Michelle Gatting mais la proximité avec la manche WEC du Brésil et le fait que Michelle reste convalescente après sa blessure au pied aux 24H du Mans n'ont pas pu rendre possible leur présence. Partie remise. 

La machine est un Specialized Tarmac SL8 Expert  ‘Performance Road’ blanc en taille 54. Selon la marque créée dans les années 70 par Mike Sinyard, le Tarmac SL8 est le vélo de route le plus rapide au monde. Avec ou sans BoP ? Les jambes donneront la réponse. On a tendance à l’oublier mais le premier produit estampillé Specialized est un pneu haute performance qui a connu d’innombrables titres.

Dire que l’on a le vélo le plus rapide du monde est une chose mais faut-il encore que ce soit autre chose que du marketing. Specialized dispose de sa propre soufflerie à Morgan Hill (Californie). C’est là que Remco Evenepoel passe du temps pour améliorer sa position sur le vélo afin d’être le plus « aéro » possible. Il suffit de le voir en contre-la-montre pour comprendre l’intérêt du travail.

Revenons-en au Tarmac qui est décliné en plusieurs versions : S-Works SL8, SL8 Pro, SL8 Expert, SL8 Comp.Pour faire un parallèle avec l’automobile, la différence se fait en partie sur le groupe motopropulseur (sans moteur). Pour la petite histoire, une magnifique version « Red Bull 2025 TdF » disponible à 500 exemplaires dans le monde permet d’avoir le même matériel que Primož Roglič. Il faut tout de même débourser 15 499 euros mais la machine est une œuvre d’art à contempler chez soi.

Acheter un vélo à plus de 10k euros n’offre aucunement le fait de grimper les cols avec plus de watts. le Tarmac SL8 Expert qui m’attend est certes un vélo plus accessible, mais chez Specialized, le leitmotiv est d’offrir le même confort à tout type de cycliste. L’équipe Ride Science a démontré que le Tarmac SL8 permettait de gagner 16,6 secondes sur 40 km, 128 secondes sur un Milan-San Remo et 20 secondes sur l’ascension du col du Tourmalet. Le Tarmac SL8 offre une optimisation du flux d’air avec un déplacement du pivot de fourche vers l’arrière. La tige de selle est la plus étroite et la plus aéro possible afin de garantir que les turbulences de l’air en mouvement rapide autour des jambes circulent plus proprement. Une vraie voiture de course. 

Avec son poids de 685 grammes, soit 15% plus léger que le Tarmac SL7, le cadre se veut ultraléger. Le poids de la bête est de 7,2 kg en taille 56 sachant que le poids mini instauré par l’UCI est de 6,8 kg.

Les caractéristiques :

• Cadre Tarmac SL8 FACT 10r Carbon
• Fourche 10r Carbon
• Freins Shimano Ultegra Di2 R8170, hydraulic disc 160 mm à l’avant et 140 mm à l’arrière
• Dérailleur, cassette, chaîne, manivelles Shimano Ultegra
• Roues Roval carbone C38

C’est bien beau tout ça mais il faudrait rentrer dans le vif du sujet. Chez Specialized France, il n’est pas question d’acheter quoi que ce soit car l’endroit est réservé aux formations des revendeurs, au service après-vente et au marketing. Certes, il y a bien un petit corner qui rappelle les dates importantes de la marque et un coffee corner où il fait bon se détendre. Au rez-de chaussée se trouve une pièce assez sombre avec un Tarmac SL8 Expert tout de blanc vêtu. Elle est là ma petite amie du jour que je vais apprendre à connaître comme si j’arrivais à un premier rendez-vous (excusez pour la comparaison un peu triviale). Le Tarmac est installé sur un hometrainer car il faut que cette belle machine soit la plus adaptée possible à ma morphologie : 1m75, 65 kg.

Pour cela, Mathieu est mon ingénieur du jour. Le hasard fait qu’il est un habitué des courses d’endurance et qu’il est abonné à Endurance-Info. De quoi échanger sur les deux disciplines. Avant cela, le café du matin avec Fabien et Paul, tous deux du département marketing, est salvateur. Chez Specialized, on sait recevoir. 

En arrivant, je me dis que les mesures vont être assez rapides. Un réglage de hauteur de selle, du guidon, contrôler que tout fonctionne et c'est parti. Erreur de jugement ! La prise des mesures a duré plusieurs heures. L’étude Retül Fit va bien au-delà d’une étude posturale. C’est un moyen d’apprendre à connaître son corps, les causes de ses maux et douleurs. Tout débute par une série d’étapes d’évaluations physiques qui prend en compte les différentes données de votre corps. J'ai la particularité de m'être tout fracturé sur un vélo étant jeune : les deux bras, cheville, crâne. Ouais car je jouais au pilote de course avec mes potes mais au guidon d'un vélo Gitane où j'avais collé des stickers Renault. L'époque Laurent Fignon. 

Le système capture ensuite en temps réel les données de pédalage tridimensionnelles qui sont compilées afin que le technicien puisse en faire l’analyse et déterminer la position idéale sur le vélo. Tout y passe :  amplitude et angle de la cheville, flexion des genoux, angle de la hanche fermée, angle du coude, angle épaule à coude, aplomb genou axe pédale, rotation du pied, longueur de cuisse, longueur de tibia, etc…

Pédaler avec un tas de capteurs installés sur soi n’est pas commun mais si utile pour trouver la position optimale. Sur un vélo, l’objectif est de prendre du plaisir en étant le mieux installé au poste de pilotage.

Une fois les données récoltées, il faut encore régler la bête : hauteur de selle et du guidon, réglage des manettes et des cales. Il faut mettre le tout en pratique et contrôler que tout est optimal. C'est parti pour un petit run sur hometrainer. Ôter un centimètre de hauteur de guidon a son intérêt même si de l’extérieur on a du mal à le croire. La selle est changée pour une Power Pro avec Mirror issue de l’impression 3D d’un polymère liquide permettant de créer une structure en nid d’abeille. La coque est en carbone recyclé et nylon injecté. Un vrai fauteuil. Que dire des chaussures Torch 3.0 avec ses semelles en carbone unidirectionnelles si ce n’est que la semelle spéciale incorporée offre un confort incroyable. De vrais chaussons. 

Être bien sur un vélo permet de prendre encore plus de plaisir. La petite touche sympa est d’avoir son nom même si cela ne fait pas avancer plus vite. 

Est-ce que tout cela me permettra de monter Hautacam en 35' ? Clairement pas car je reste un cycliste du dimanche. Au retour de Valence, le shakedown sur la route d'une trentaine de kilomètres prouve si besoin en était qu'un vélo réglé à sa morphologie n'a rien à voir avec de simples réglages basiques. On verra cela plus en profondeur sous peu au retour de Misano mais le premier rendu dépasse clairement mes attentes. 

Ce passage chez Specialized a également permis de faire connaissance avec Guillaume Eschard. Alors là, vous êtes face à un specimen qui revient de la Race Across France et ses 2500 km et 30 000 mètres de D+. On lui doit plusieurs succès en solo aux 24H Vélo et Bol d'Or Vélo. Oui oui en solo. Cela vaudra d'ailleurs un podcast car on parle bien d'endurance. 

Un grand merci à toute l'équipe de Specialized France pour leur accueil et leur disponibilité. Reste maintenant à trouver les watts sur la route. Si cela n'est pas le cas, je crierais à qui veut l'entendre que j'ai une BoP défavorable.