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René Arnoux : "Ils sont partis comme des cinglés pour faire sept tours"

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2 aoû. 2018 • 16:00
par
David Bristol
René Arnoux était de retour sur le grand circuit des 24 Heures  l’occasion du Mans Classic. L’homme aux 162 Grands Prix de F1 (dont sept victoires) était ravi de retrouvé un tracé qu’il a foulé à trois reprises lorsqu’il était en activité. Retour avec lui sur sa courte carrière aux 24 Heures du Mans.Alors qu’il est en lice pour le titre de Champion d’Europe de Formule 2 (qu’il va d’ailleurs remporter quelques mois plus tard), René Arnoux arrive au Mans pour la première fois en 1977. Il est engagé sur une Renault Alpine A442 avec Guy Fréquelin et Didier Pironi. Malheureusement, il ne voit pas l’arrivée  (abandon sur incendie dans le 1er tour), mais il en garde un super souvenir. « C’étaient des vraies voitures à l’époque : 385km/h pendant 5 kilomètres car il n’y avait pas de chicane, il fallait le faire ! Je me rappelle qu’on atteignait cette vitesse et on faisait du stabilisé jusqu’au bout, au virage de Mulsanne. Ca défilait ! C’était une bonne voiture, saine, bien au niveau aérodynamique, et pas très difficile à piloter. Pas de chance pour ma première participation avec un abandon prématuré. 1977 reste une belle expérience.»
Il faudra attendre de longues années avant de revoir le Français en Sarthe. « Je n’ai pas pu renouveler l’expérience de 1977 car quand on est impliqué en F1, on n’a pas trop le droit de disputer les 24 Heures. De plus, fin 1978, Renault a abandonné Le Mans pour aller en F1. Les 24 Heures du Mans, même quand il n'y avait pas de clash de dates avec la F1, m’étaient interdites car les marques sont tellement concurrentes et adversaires qu’on vous interdit tout sauf les GP. Le Mans a toujours été une course intéressante à faire surtout quand on avait, comme en 1977, une auto capable de l’emporter. »Lorsqu’on lui demande si néanmoins il aurait pu de nouveau disputer Le Mans pendant ces années là, il répond :  « J’aurais pu revenir avant 1994 pour être honnête, j’aurais voulu les refaire car ce n’était pas très compliqué d’intégrer cette course dans un calendrier de F1 qui ne comptait que seize courses, mais comme je l’ai précisé, ça m’était interdit et la F1 restait ma priorité. Après 12 ans passés en F1, j’ai pris une ou deux années sabbatiques. »Il revient donc en 1994 et il en garde un souvenir ému. « La Dodge Viper n’était pas du niveau des voitures que j’avais pu piloter auparavant, mais je m’étais bien amusé avec. Je me souviens d’un moment particulier. J’avais fait deux relais et, au moment de changer de pilote, j’ai dit : « non, je vais en faire un de plus ! » Il y avait le lever du soleil quelques minutes plus tard et je voulais le vivre dans la voiture. J’ai bien fait car le soleil était tout rouge, magnifique. Les voitures souffraient, ça sentait l’huile, les plaquettes de frein, tout ce qui fait le charme du Mans. Il y a vraiment des moments clés comme la nuit, le lever et coucher du soleil. Ce sont des moments très forts. »
En 1994 donc, le pilote originaire de l’Isère dispute Le Mans sur une Dodge Viper RT10 avec Justin Bell et Bertrand Balas (12e). « C’étaient les toutes premières Viper, elles tenaient la route un peu comme un « paquet de cigarette » (rires). Elle avait un gros moteur de 8 litres, beaucoup de couple et je crois que nous terminons deuxièmes de la catégorie, à des années lumière derrière la Porsche (Dauer #36, vainqueur au général et engagée en GT1) qui était imbattable. Un moment, nous avons cassé le 3e rapport, mais ça continuait de la même façon. J’avais peur que la boîte et le différentiel soient abîmés et finalement non, ça a tenu jusqu’à la fin. Elle était assez difficile à piloter car elle était très capricieuse mais tout était assisté. »Un an plus tard, il est de retour avec une auto légendaire au Mans, la Ferari 333 SP. Il s’agit de la première apparition de cette auto au son envoutant. L’expérience avec l’équipe Euromotorsports Racing (avec Jay Cochran et Massimo Sigala) a tourné très court : « Ce fut un désastre. J’étais avec des charlots, des nuls, incapables de préparer une auto ! C’est dommage car je pense que nous avions une bonne voiture pour faire Le Mans. Ils sont partis comme des cinglés pour faire sept tours (il s’agissait du premier abandon de la course), ils ont tout pété et on est rentré à la maison. Ce fut une grande déception, Le Mans ne se prépare pas comme ça. »     
René Arnoux n’a jamais cessé de regarder et de s’intéresser à l’endurance comme il le précise : « J’ai suivi presque toutes les 24 Heures du Mans 2018. Je ne parlerais pas des deux Toyota qui ont joué dans une autre cour. Le 3e termine à 12 tours, pour moi, ça ne veut plus rien dire. Par contre, j’ai trouvé la course des LMP2 et des GTE très intéressante, avec de grosses bagarres. J’ai aimé beaucoup la Ford GT (de Sébastien Bourdais) se bagarrer avec la Porsche (de Fred Makowiecki). J’ai remarqué que la Ford manquait de vitesse de pointe par rapport à la Porsche. Maintenant, les autos sont très fiables ce qui fait qu’au bout de 24 heures, on peut avoir plusieurs autos dans le même tour, séparées de 10 secondes ! »Il y a quelques semaines il a pris part à un événement qui lui plait beaucoup. "J'apprécie les épreuves historiques comme Le Mans Classic, j'ai toujours dit que les musées ne me plaisaient pas et que les voitures anciennes n'étaient pas faites pour rester à l'arrêt.» De plus il a de nouveau roulé sur un tracé qu’il affectionne tout particulièrement. « Ici, c’est un vrai circuit, pour les adultes ! C’est du plaisir. J’adorais quand la ligne droite n’était pas coupée par des chicanes. Je pense qu’une seule chicane aurait été suffisante. On en a fait deux finalement, on a un peu tendance à couper les circuits en mille morceaux. Le reste du circuit est rapide, avec beaucoup de technique, ça met en valeur les qualités du pilote. »

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