Henri Pescarolo en 2014 : "Il faut revenir à une performance non artificielle"
Fuji est un circuit qui compte pour un pilote ?
« Je suis vraiment content d’avoir été nommé Grand Marshal de cette course. Fuji représente quelque chose pour un pilote. J'étais parmi les premiers européens à avoir roulé ici en 1968 au volant d'une March. Il y avait 40 autos sur la grille avec un banking terrifiant au bout de la ligne droite. Au premier virage, j’ai compris ce que voulait dire le mot kamikaze car on ne pouvait passer qu'à deux. Je n’ai pas gagné à Fuji contrairement à Suzuka. J'ai aussi été le premier pilote à qui Porsche ait confié la nouvelle boîte PDK et c'était à Fuji. Bien entendu, il aurait été préférable pour moi d’être ici en tant que team afin de me battre contre mes amis du Rebellion Racing. Le FIA WEC est l’un des championnats majeurs en sport automobile. Si en plus en plus de pilotes de Formule 1 s’y intéressent, ce n’est pas pour rien. »
Aujourd’hui quel est le quotidien d’Henri Pescarolo ?
« Il est en dehors des paddocks. C’est un peu dur pour moi de devoir d’anciens concurrents et une partie de mon équipe disséminée dans d’autres structures même si je suis content pour eux. Aujourd’hui, je commence à guérir. Je me bats encore pour faire évoluer la réglementation. Les gens de l'ACO et de la FIA sont très ouverts à la discussion. On m’écoute certainement différemment car je ne suis plus concurrent. Je travaille pour les autres et le championnat sans avoir aucun rôle direct avec qui que ce soit. C’est important que des privés roulent dans ce championnat et qu’ils soient assez proches des constructeurs. L'idée d'une seule catégorie LM P1 suit son chemin. On a tué ces petites équipes du temps des diesels. Il faut regarder les choses en face. On commence à comprendre ce que je clamais haut et fort. Au Mondial de l’Auto, des bureaux d’études expliquaient comment alléger une auto en consommant moins. »
L’allègement fait partie des solutions ?
« On devrait supprimer la classe LM P1–L pour n’avoir qu’une seule catégorie LM P1 avec deux voies de recherche, une pour les hybrides, l’autre qui irait dans le sens de l’allègement. Il faut revenir à une performance non artificielle. Ce serait un rêve pour moi que de voir mon bureau d’études construire une auto de 700 kg équipé d’un moteur de 5.0 litres surtout que j'avais les bonnes personnes pour le faire. »
Un retour sur les circuits est possible ?
« Les gens qui ressuscitent sont rares mais j’aimerais bien revenir 6 ans en arrière. Si j’ai perdu tous mes partenaires à la fin de l'aventure, c’est uniquement parce que nous ne pouvions faire que de la figuration. Cela me passionnerait de me relancer mais il manque plusieurs millions d’euros. En revanche, pourquoi pas travailler avec un constructeur. Actuellement, les constructeurs dépensent beaucoup d’argent. Le reste est composé de passionnés qui font énormément d’efforts pour exister. »
C’est plus facile de se faire entendre avec une vision extérieure ?
« Ce n’est pas plus mal de voir les choses de l’extérieur. Je peux influencer les choses sans faire partie d’une quelconque commission. Avant, je pense que l’on ne me pensait pas objectif. Là, je peux émettre des idées avec un regard extérieur. On a vu dans le passé avec Peugeot qu’un constructeur peut arriver et repartir sans prévenir du jour au lendemain. Nous les privés, on reste. Lorsque les 24 Heures du Mans ont manqué de constructeurs, les petites équipes ont répondu à l'appel. De 2005 à 2007, cela a bénéficié à l’Endurance. Je me bats pour retrouver cette situation. A cette époque, j’avais tout de même des retombées en terminant derrière juste les constructeurs. Une petite équipe peut être compétitive sans attendre que les leaders cassent. »
Sur le plan de la sécurité, les choses ont aussi évolué…
« Le sujet de la sécurité me tient à cœur. Il faut revenir à des solutions qui existaient dans ma jeunesse. Les courses sont devenues trop artificielles. Si on prend l’exemple d’Austin, Audi a changé les pneus, Toyota n’a pas changé et a connu une sortie de piste. Les neutralisations à répétition faussent la course. On a perdu des manches ELMS à cause de cela. Mettre des zones neutralisées va dans le bon sens. »
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