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Roger Dorchy (part 1) : "Les 24 Heures 1980, mon meilleur souvenir..."

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9 avr. 2020 • 14:00
par
Claude Foubert

Roger Dorchy est et restera vraisemblablement à jamais, en raison de la mise en place de deux chicanes dans les Hunaudières en 1990, le pilote ayant atteint la vitesse la plus élevée enregistrée aux 24 Heures du Mans (405 kmh lors des 24 Heures 1988 au volant de la WM P88 #51). Nous avions évoqué avec le pilote picard ce record.

 

Il va aujourd'hui vous narrer ses débuts en sport automobile et quelques-unes de ses autres participations au Mans, Roger Dorchy (ci-dessous, assis sur le capot de la WM P88 en 1988) ayant eu la gentillesse de répondre à quelques questions.

Roger, comment avez-vous débuté en sport automobile ?

 

« En fait, ça a commencé à Beauvais. J'avais un copain, Pierre Saulem, qui aimait le sport auto. C'était aussi mon cas, donc on faisait les fous avec ma voiture personnelle, à l'époque une Austin Cooper. On faisait des tours de boulevard, on se croisait en plein phare. On jouait à ce qu'on ne peut plus faire maintenant. Pierre m'a décidé à faire du sport auto. C'était l'époque des qualifications de la Coupe R8 Gordini. On avait échafaudé un projet tous les deux. Il travaillait dans l'import-export et il m'a proposé de courir l'année 1968. Pendant ce temps-là, il apprendrait le pilotage et ferait l'année suivante la Coupe Gordini et moi de la Formule Renault. En fait, rien ne s'est passé comme prévu pour lui car il a été muté à l'étranger où il a fait sa carrière, ce qu'il ne regrette pas d'ailleurs. Il s'est reconverti dans le parachutisme !

 

Donc, j'ai fait les sélections de la Coupe Gordini qui se passaient à l'époque sur trois jours, nous étions 200 ou 300, je ne sais plus exactement, mais nous étions très, très nombreux. Les sélections se sont très bien passées, puisque j'ai réalisé le deuxième temps, juste derrière Jean-Pierre Jarier. J'ai commencé comme ça, mais je n'avais pas de moyens financiers. Les organisateurs nous répartissaient dans des régions qui n'étaient pas forcément les nôtres car il y avait beaucoup de voitures engagées. Je n'ai donc pu faire que trois courses, dont une place de troisième. C'est donc comme ça que j'ai débuté et, de fil en aiguille, j'ai fait mon petit bonhomme de chemin et j'ai maintenant un fils qui fait lui aussi de la compétition. Il court en Lamera Cup et il se débrouille très bien. Il avait fait du kart auparavant, il va très bien, étant souvent dans les trois premiers. »

 

Comment en êtes-vous venu à participer aux 24 Heures du Mans ?

 

« C'est encore une histoire amusante ! Michel Dubois, un copain, était beaucoup plus doué que moi pour la tchatche ! Il avait vu une annonce dans un journal spécialisé, annonce qui disait qu'une équipe cherchait des pilotes pour les 24 Heures du Mans 1974. Michel et moi, nous courions cette année-là tous les deux en Formule Renault. Michel est arrivé comme un fou dans mon garage en me disant : « il faut que tu viennes avec moi, il y a une équipe qui cherche des pilotes, j'ai l'argent... » Je l'ai donc accompagné faire sa démarche car il avait un peu peur de se faire avoir. En fait de se faire avoir, nous sommes repartis tous les deux avec un volant pour courir au Mans, chacun sur une Porsche 911 Carrera RSR du Porsche Club Romand, une équipe suisse très sympa.

Nous avons été d'ailleurs à la hauteur ! De toute façon, en Formule Renault, on n'était pas dans les plus mauvais. Ma Porsche a dû abandonner le dimanche en fin de matinée pour un problème de batterie, mais Michel a terminé septième au général, ce qui était un très beau résultat, mais il n'a pas été considéré à la hauteur de son résultat. Ensuite, j'ai enchaîné sur quatre autres éditions des 24 Heures avec des Porsche dont une où nous ne sommes pas qualifiés. Puis, comme ça m'avait mis le pied à l'étrier, j'ai tapé à la porte de WM qui m'a pris et m'a gardé près d'une dizaine d'années."

 

Comment était l'ambiance chez WM, au début de l'aventure ?

 

« C'était assez tendu au départ. J'avais la chance de connaître le frère de Xavier Mathiot, Denis je crois, qui était mon préparateur en Formule Renault. Il avait parlé de moi à Gérard Welter et j'ai été engagé. (L'équipe WM au Mans en 1987, ci-dessous)

Comme je faisais l'affaire, j'ai vite été intégré et je suis devenu petit à petit un des piliers de l'équipe, une écurie vraiment sympa... »

 

Pour parler de WM justement, en 1980 au Mans, vous avez été à bord de la première voiture à avoir une caméra embarquée, pour TF1...

 

« Oui, effectivement, c'était la première caméra embarquée dans une voiture de course. Il y en avait même deux, une à l'arrière et une l'avant, sur le siège « passager ».

A l'arrière, c'était une petite caméra que j'ai perdue très vite et, à l'avant, c'était une grosse qui pesait 50 kg. Quand on compare avec les caméras actuelles, c'était un autre monde. »

 

Est-ce que le poids des caméras changeait le comportement de la voiture ?

 

« Je ne sais plus trop. J'étais tellement heureux d'être dans la voiture! »

 

Avez-vous été aux premières loges pour voir la victoire de Rondeau ?

 

« Oui, cela a d'ailleurs été une sacrée année. Je courais avec Guy Fréquelin sur la WM, j'ai eu cette chance de faire ces 24 Heures du Mans 1980. J'en ai un bon souvenir puisque ça a été mon meilleur résultat au Mans, le meilleur de WM aussi puisque nous avons terminé quatrièmes. Guy Fréquelin n'était pas un manchot, il était très bon pilote. En 1980, il a plu pendant toutes les 24 Heures, c'était une horreur. Il y avait des orages par endroits, dans d'autres secteurs c'était moins humide, c'était très difficile, il y avait vraiment de quoi s'amuser ! »

 

Cela n'a pas été trop frustrant d'être si près du podium ?

 

« Il faut se faire raison, il y avait déjà tellement d'abandons au Mans que faire quatrième, c'était déjà très bien. En plus, Jean Rondeau avait gagné, c'était l'année des privés. Si je dois retenir un résultat, c'est bien celui de cette année 1980. On en avait vraiment bavé. On avait prévu de faire finir la course avec Guy Fréquelin au volant, car il était plus connu que moi, mais Guy n'a pas pu prendre le relais tellement il était rincé ! Il n'en pouvait plus et il m'a demandé de prendre ce dernier relais. Nous n'avions pas de direction assistée à l'époque... »

A suivre...

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