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Anthony Megevand (ORECA) : "Faire des projets de qualité et couronnés de succès"

WEC
European Le Mans Series
IMSA
7 déc. 2021 • 10:00
par
lmercier
Un constructeur ne s'arrête jamais de travailler. Il y a le temps présent et il faut aussi préparer l'avenir. ORECA en est le parfait exemple avec de multiples sujets sur la table de travail. Il y a le LMP2 actuel, le futur LMP2 et le développement des projets pour la catégorie Hypercar.

Compte tenu de l'arrivée de nouvelles LMP2 dans deux ans, on pourrait penser que les nouvelles équipes qui ne sont pas encore engagées soient en mode attente. C'est tout le contraire qui se passe avec de nouvelles écuries attendues en 2022. Le 86e châssis Oreca 07 a pris la piste fin septembre. Le cap des 100 autos sera dépassé sous peu, ce qui représente une belle prouesse sachant que le châssis français est bien esseulé sur les grilles LMP2 à travers le monde. Si début 2017 on avait dit à Hugues de Chaunac et son équipe que cinq ans plus tard, le nombre d'Oreca 07 assemblées serait autour de 100, sûr que le patron du Groupe ORECA n'y aurait pas cru. Cocorico et le succès ne se dément pas ! Anthony Megevand, en charge de la compétition-client chez ORECA, s'est confié à Endurance-Info sur le dossier prototype.

 

Surpris de l’engouement du LMP2 pour des autos qui vont vite arriver en fin de vie ? (les nouvelles LMP2 doivent arriver en 2024, ndlr)

 

"Oui et non. La plateforme plaît donc nous espérions rester sur une bonne dynamique pour 2022 même si tout n’est pas simple pour les teams. On se doutait aussi qu’avec l’arrivée prochaine du LMDh, certaines équipes allaient venir se préparer, ou que quelques constructeurs viendraient placer des pilotes, des ingénieurs ou des mécaniciens. Ensuite, je ne pense pas qu’on parle de fin de vie. L'Oreca 07 a encore de beaux jours devant elle et elle n’est pas prête à rester dans un garage. L’engouement reste fort, plus fort que ce qu’on imaginait, il faut l’avouer. Il reste une fenêtre de deux ans dans les championnats ACO / IMSA, ce qui reste une période intéressante. Courte mais intéressante. Une nouvelle fois, les acteurs viennent de différents horizons. C’est positif pour la discipline."

 

Le LMP3 est une belle plateforme pour passer en LMP2 et le LMP2 en est une belle pour passer en LMDh... 

 

"Il y a une belle pyramide en place, qui permet de passer d’une catégorie à une autre, dans un sens ou dans l’autre d’ailleurs. Le GT est partie intégrante de cette pyramide ; on le voit avec un pilote comme François Perrodo qui est passé du LMP2 au GTE et qui va revenir dans la catégorie prototypes. Le LMP3 est un échelon intéressant avant le LMP2 pour les teams ou les pilotes. La catégorie LMP2 est certainement une bonne étape avant le LMDh ou le LMh, comme elle l’a été pour le LMP1. L’avenir nous le dira. On voit tout de même qu’un team GT, GTE ou GT3, est aussi susceptible de passer avec succès en LMP2. Cela montre le niveau des différentes catégories et le vivier d’écuries et de pilotes, que ce soit des jeunes en devenir ou des gentlemen drivers."

Vector Sport, AF Corse et PREMA ont déjà annoncé leur présence en 2022. D’autres nouvelles équipes sont attendues ?

 

"On peut s’attendre à de nouvelles annonces en effet, que ce soit en European Le Mans Series et en FIA WEC. L’IMSA aura également une grille de départ plus conséquente, mais avec des équipes connues de la catégorie. En Europe, la composition du plateau devrait être stable, celui du LMP2 en Championnat du Monde d’Endurance devrait se densifier également. Pour l’Asian Le Mans Series, la liste provisoire a été dévoilée. La situation est un peu différente, l’intérêt est bien présent, mais pour des raisons variées, le nombre d’autos est plus limité en LMP2. Il y aura tout de même au moins une voiture de plus pour le deuxième meeting."

 

Le programme LMDh avance de votre côté (Alpine et Acura, ndlr) ?

 

"Les deux programmes avancent bien. Ils sont différents à plusieurs niveaux, bien évidemment dans le timing, mais aussi dans la philosophie par exemple. ORECA connaît bien ces constructeurs, avec qui nous avons tissé des liens forts. Acura / HPD de manière un peu plus récente, mais avec de beaux succès en IMSA. Alpine de manière plus historique, à travers également Signatech. Je crois qu’on oublie parfois que la première participation d’ORECA aux 24 Heures du Mans était justement avec Alpine. Il y a quelques mois, j’avais parlé d’une période intéressante et excitante au sein du bureau d’études. C’est toujours le cas, mais on sent que les ingénieurs sont désormais dans une phase différente du projet."

D’autres constructeurs ont approché ORECA pour le plus long terme ?

 

"Il y a eu des discussions, il y en a encore et il y en aura d’autres. Comme cela a été dit, le but d’ORECA n’est pas de faire un maximum de projets, mais des projets de qualité et couronnés de succès. Ce sont les maitres mots. Des projets n’ont pas vu le jour, ce sera peut-être le cas pour d’autres… C’est toujours difficile de le prédire. C’est aussi parfois frustrant quand on voit les études de style qui ont été réalisées en interne, et que l’on se dit « c’est la plus belle voiture que j’ai vu depuis la fin des années 1990 ». Mais c’est ainsi, on ne peut pas tout faire. L’intérêt est là, et sur de nombreux sujets, que vous n’imaginez peut-être pas."

 

Des news sur les futures LMP2 ? Une LMDh est basée sur une LMP2 mais les LMP2 débuteront un an après les LMDh. N’est ce pas un handicap pour la conception ? Une LMDh conçue par ORECA doit prendre la piste à quel moment ? 

 

"L’approche est différente de la précédente génération, c’est certain. Est-ce un handicap ? Il faut faire les choses d’une manière inversée en quelque sorte. ORECA avait conçu l'Oreca 07 avec une future DPi en tête. Cette fois, la conception de la LMDh se fait avec la future LMP2 à l’esprit puisqu’il y a la « spine ». C’est un nouvel exercice pour le bureau d’études, comme pour les autres constructeurs. Il faut savoir s’adapter aux règles et au timing. Cette faculté d’adaptation, d’être « malléable » si l’on veut, c’est la force de nos ingénieurs qui ont été impliqués dans de multiples projets et dans plusieurs disciplines. Il faut savoir ne pas rester dans un seul cadre, être flexible… Pour la piste, nous sommes dans les temps fixés."

Le recrutement en interne est terminé ? 

 

"Le recrutement n’est jamais terminé. L’entreprise est en constante évolution, à tous les niveaux : le but est toujours de faire mieux, donc de se renforcer avec plus de compétences, avec des savoir-faire différents, de nouvelles connaissances… Mais quand on parle de recrutement, il est double : cela peut-être par des personnes venant de l’extérieur, comme des personnes qui grandissent au sein de l’entreprise. C’est une vraie qualité d’ORECA et même une spécificité. Cela peut se rapprocher d’une équipe de foot qui s’appuie souvent sur son centre de formation aux côtés de membres expérimentés et reconnus."

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