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Marc Rostan : "Lamborghini a le sens du client"

Divers Auto
1 nov. 2021 • 10:00
par
lmercier
A quasiment 58 ans, il les fêtera le 30 novembre prochain, Marc Rostan arpente les paddocks depuis plusieurs décennies. Avec le temps, le Parisien pourrait se contenter de suivre les courses devant son petit écran mais ce serait mal le connaître. Entre la Pilbeam LMP2 sur les meetings historiques et le Lamborghini Super Trofeo Europe, Marc Rostan est bien occupé.

Les douze participations de Marc Rostan aux 24 Heures du Mans entre 1995 et 2012 font de lui un pilote régulier des courses d'endurance. En 2006, l'année de la création d'Endurance-Info, Marc Rostan est vice-champion Le Mans Series LMP2 avec son compère Pierre Bruneau. Avant cela, il y a eu la monoplace jusqu'en Formule 3000  et les formules de promotion Peugeot en 505 Turbo et 309 GTI Turbo. Trente-quatre après la 505 Turbo, Marc Rostan roule à nouveau dans une coupe de marque, cette fois en Lamborghini Super Trofeo Europe chez Boutsen Ginion Racing en compagnie de Claude-Yves Gosselin, son ami de 30 ans. Si l'époque a changé, la passion reste intacte. 

 

Quel est votre regard sur le Lamborghini Super Trofeo Europe ?

 

"La compétition est parfaitement organisée. Je mettrai un bémol sur Spa où le traitement est différent compte tenu d'un timing de meeting très serré. Le réceptif pour accueillir les partenaires sur chaque événement est juste parfait. Quand tu sors du GT World Challenge Europe pour rouler en Lamborghini Super Trofeo, tu n'es pas dépaysé même si ici tout le monde a la même voiture. Je n'avais plus connu cela depuis 1997 avec la Porsche Supercup."

 

Comment situez-vous le niveau des pilotes ?

 

"Il y a une certaine frustration à ne pas savoir où on se situe. En GT World Challenge Europe, on voit rapidement ceux qui sont à l'avant. Ici, il y a plus de disparité dans les équipages. En Am, les pilotes peuvent rouler en solo en appliquant une petite pénalité de 3s lors de l'arrêt obligatoire, ce qui n'est pas beaucoup." 

La relation avec Lamborghini est présente ?

 

"Sur la philosophie du championnat et l'accueil, Lamborghini a tout compris. La marque a le sens du client. Selon moi, le championnat est le meilleur rapport qualité, prix, performance. Les pilotes sont bien reçus sans être pris pour un simple porte-monnaie."

 

Vous n'avez plus votre place dans un championnat comme le GT World Challenge Europe ?

 

"Au fil des ans, les jeunes sont arrivés et c'est un championnat qui coûte cher. Il y a un entonnoir avec les Silver qui espèrent passer professionnels à l'avenir. En piste, les plus "dangereux" sont plutôt les Silver qui veulent se montrer, alors qu'il n'y a pas de souci avec les pilotes professionnels." 

 

D'une façon générale, les Am sont moins considérés ?

 

"Ici, le pilote est respecté en tant que Am et ceux qui ont des moyens financiers pour rouler ne sont pas dégoûtés. La voiture va vite en ligne droite avec moins d'aéro qu'une GT3 pour des passages dans les virages plus faciles. Il faut la piloter comme une auto de gentleman en adaptant son pilotage compte tenu des 650 chevaux. Le championnat a un très bel état d'esprit." 

 

Avec Claude-Yves, vous roulez comme qui dirait en famille...

 

"J'ai manqué les deux premiers rendez-vous de la saison. Avec Claude-Yves, on se connaît depuis 1995 et l'époque de la Formule 3000 chez Gosselin Compétition. Ensuite, j'ai roulé en Porsche Supercup pour remplacer Paul Belmondo avant de faire partie de l'aventure Paul Belmondo Racing où Claude-Yves était impliqué. Il y a une vraie amitié entre nous sachant en plus que je suis le parrain de sa fille. Nous nous sommes retrouvés sur les circuits en 2012 chez Kessel Racing et c'était d'ailleurs la première fois que nous partagions le même baquet. Deux ans plus tard, nous avons roulé chez Saintéloc Racing." 

Vous suivez toujours les courses d'endurance ? 

 

"Je suis moins passionné mais je regarde toujours car Le Mans reste un mythe. Selon moi, Le Mans est actuellement une course plus pour les LMP2 que pour les constructeurs. Je suis les courses GT Word Challenge Europe où on peut voir tout un plateau GT ensemble. C'est fantastique d'avoir 50 GT d'une même catégorie en piste."

 

On vous voit aussi en historique avec la Pilbeam. Vous prenez autant de plaisir que par le passé ? 

 

"C'est génial de rouler en historique. Je m'étais dit que c'était un truc de vieux où on ne m'y prendrait pas. Finalement, je prends beaucoup de plaisir car il n'y a pas d'enjeu sportif important. Tu retrouves l'ambiance d'époque, on est tous vieux et on a tous vécu la même chose avec les mêmes anecdotes à raconter."

 

Avec la Pilbeam LMP2, on est loin des autos actuelles...

 

"Aujourd'hui, les autos sont faites pour rouler à fond durant 24 heures. On parle d'endurance mais c'est surtout un long sprint. On voit que les problèmes techniques se font de plus en plus rares. C'est plaisant pour les pilotes qui peuvent rouler plus longtemps. Dans le passé, en étant moins performant, on pouvait passer entre les gouttes et décrocher un bon résultat. De nos jours, ce n'est plus possible." 

Vous avez cherché à refaire Le Mans ces dernières années ? 

 

"J'ai tenté ma chance jusqu'en 2015/2016 (son dernier départ remonte à 2012, ndlr). J'ai eu des propositions en 2016 mais le prix était bien trop important. J'ai abdiqué car mon profil n'intéresse plus. Dans le passé, on te demandait ton palmarès avant de te prendre." 

 

Vous êtes tout de même toujours là...

 

"Une page s'est tournée et je suis même surpris de toujours rouler. Les temps ont changé car je roule avec les enfants des pilotes avec qui je roulais et bientôt ce sera les petits-enfants (rires). Avec le temps, le rythme et l'approche changent. Quand j'étais jeune, je jouais ma vie à chaque virage, maintenant je fais attention à ramener la voiture entière. Un jeune pilote peut t'expliquer comment il faut passer tel ou tel virage. Tu as les boules mais c'est lui qui a raison. De mon temps, les pilotes devaient attendre 24/25 ans pour devenir Champion du Monde de F1. De nos jours, ils sont bercés par le simulateur. Le simulateur n'est pas pour moi. J'ai tenté de rouler virtuellement sur le grand circuit des 24H du Mans mais j'étais en dehors de la piste à chaque virage." 

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