"Alpine, Le Mans en héritage", le film qui met l'humain en avant...

On ne compte plus les documentaires sur les 24H du Mans. Certains sont réussis, d'autres moins. Quand on regarde un doc sur Le Mans, on veut vibrer sur la course, ressentir les émotions et apprendre quelque chose. Le film officiel, c'est bien mais quand comme nous, vous baignez dans l'univers Le Mans toute l'année, vous connaissez l'épilogue. 

Que pourrait amener de plus le doc "Alpine, Le Mans en héritage" qui sera diffusé sur Canal + ce samedi à 15h15 ? Là aussi, l'histoire on la connaît. Endurance-Info a suivi le projet dès le début. Alors pourquoi faire plus de 700 km A/R pour monter à la capitale pour assister à la présentation du film ? Sans être dans le secret des dieux, on savait qu'il se tramait quelque chose avec le LMDh. Nous avons commencé par décliner l'invitation compte tenu de l'éloignement géographique. Puis, on s'est ravisé en se disant que le média leader de l'Endurance en France ne pouvait pas être absent de la soirée. Pour nous, le film était juste l'apéro d'une soirée bien plus intéressante. Paris, here we are ! 

Le prestigieux cadre du Centre Pompidou était tout trouvé pour une telle présentation. Le lieu, dédié à la création moderne et contemporaine, est parfaitement adapté ce genre de soirée. 

Pour en venir directement au film, une équipe de Canal +, sous la direction de Amandine Morhaïm a suivi le camp Alpine depuis le début du programme Le Mans 2021. Pour ceux qui l'ignorent, Amandine Morhaïm, championne de char à voile et ambassadrice des Demoiselles du Bugatti, est loin de débuter dans le monde du sport. Le résultat donne un film de près d'une heure sur l'aventure Alpine au Mans : "Alpine, Le Mans en héritage." 

L'histoire débute avec le châssis couleur carbone qui arrive à Bourges en provenance de chez ORECA. On soulignera l'entretien en préambule avec Jean-Pierre Jaussaud, décédé récemment. On ressent l'émotion dans les yeux du vainqueur des 24H du Mans 1978, même plus de 40 ans après.

Place ensuite à la mise en peinture de l'A480 puis les premiers essais à Motorland Aragon. La caméra pénètre dans l'intimité du programme. On y apprend les différents réglages du traction control, la cartographie moteur. Les entretiens avec les différents acteurs (pilotes, staff) du programme permettent de mieux comprendre les rouages. Les propos de Thomas Tribotté, l'ingénieur d'exploitation, accentuent la compréhension. Avec Nico Lapierre, Matthieu Vaxiviere et André Negrao, les trois pilotes, on sent de suite que les valeurs de l'Endurance sont bien là, que l'ego est mis de côté. Entre la séance de coiffure de Nico, la douche de André et le lavage de dents de Matthieu, le film fait aussi et surtout dans l'humain. Vous y apprendrez aussi pourquoi un problème de dos d'un pilote à 4h du mat' au Mans peut tout remettre en cause.

On y voit aussi les entraînements à l'atelier, les 6H de Spa, le mot de tous pour Jean-Pierre Jaussaud, le départ des 24H sous la pluie, l'intensité qui règne dans le stand. Les deux sorties de piste sont aussi traitées sans la moindre complaisance. A ce sujet, Matthieu Vaxiviere a été très honnête lors de la soirée devant l'assemblée. En fin de film, peu avant l'arrivée des 24H, le message de l'ingénieur envers Nico Lapierre à la radio est clair : "Nico, je te laisse gérer, fais-toi plaisir." 

"Ce film restera dans les mémoires", a déclaré Laurent Rossi, directeur général d'Alpine Racing, à l'issue de la projection. L'avis de Pierre Fillon, président de l'ACO, va dans la même direction : "Ce film est remarquable avec beaucoup d'émotion. Retranscrire les émotions dans un film-documentaire est quelque chose de compliqué. On veut voir la course et l'aventure humaine." 

Pour mieux apprécier le film, il faut sortir de la case connaisseur de la discipline. Tous les abonnés de Canal + ne sont pas des fins spécialistes. Si vous commencez à parler de BOP et à dire que l'Alpine s'est battue à Spa-Francorchamps face à des LMP2, vous risquez de perdre les gens. Avec ce film, la réalisatrice a mis un côté humain sur la plus grande course du monde où l'individualité n'a pas sa place. 

Pour conclure sur la soirée, il convient de souligner l'ouverture de Laurent Rossi, Hugues de Chaunac et Philippe Sinault qui ont tous les trois répondu avec franchise à nos questions sans éluder le moindre sujet. Monter à la capitale valait le déplacement même si la campagne a aussi ses avantages...