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Sarah Bovy (Iron Lynx) : "Attendre 17 ans pour vivre tout cela"

European Le Mans Series
24 Heures du Mans
17 sep. 2021 • 18:15
par
lmercier
Persévérer est une qualité que doit avoir tout pilote automobile qui veut percer aux XXIe siècle. Quand on parle de persévérance, Sarah Bovy connaît la signification du mot. Elle connaît maintenant le mot récompense avec une belle année 2021 grâce à Iron Lynx.
Sarah Bovy

En janvier dernier, Sarah Bovy pensait bien rester à la maison pour suivre les courses automobiles devant son écran, voire en disputer quelques unes au fil de la saison. Huit mois plus tard, la pilote belge était au départ des 24 Heures du Mans sur une Ferrari 488 GTE alignée par Iron Lynx. Quelques semaines plus tôt, c’était la manche GT World Challenge Europe du Paul Ricard, toujours chez Iron Lynx au sein de l’équipage Iron Dames. Être pilote classée Bronze par la FIA peut avoir des avantages mais cela ne fait pas tout. Entre Le Mans, l’European Le Mans Series et la Michelin Le Mans Cup, Sarah Bovy enchaînent les meetings et les heures de roulage. Endurance-Info s'est entretenu avec la pilote belge à Spa-Francorchamps. 

Ferrari 85

2021 est une belle année sur le plan personnel ?

 

« C’est la plus belle. Je prends mon 9e départ ce week-end (à Spa-Francorchamps, ndldr) et il me reste encore quelques courses. Ces programmes n’étaient pas prévus en début d’année. Jusqu'aux 24 Heures du Mans, c’était du course par course même si j’espérais toujours plus. Maintenant, je suis intégrée à la famille Iron Dames. Nous sommes toutes très proches entre les équipages ELMS et Le Mans Cup, aussi bien féminins que masculins. Iron Lynx est une équipe globale. »

Iron Dames

Comme quoi il ne faut jamais rien lâcher…

 

« Il ne faut pas être au bon endroit au bon moment mais être dans différents endroits à différents moments. Un matin, peu avant 8 heures, j’ai envoyé un mail à l’adresse mail contact de Iron Lynx sans trop savoir ce qu’il allait en résulter. Rahel (Frey) a pris contact avec moi dans la journée pour me demander quelle était ma catégorisation FIA. J'étais éloignée des circuits depuis deux ans, donc je m’attendais à être Bronze. Cependant, la décision est arrivée très tard. J’ai eu la confirmation le mardi matin et j’étais sur le circuit dès le lendemain.Tout s’est joué à pas grand-chose. Avant, je venais aux 24H de Spa en début de semaine pour essayer de rouler avec 1% de chance de pouvoir trouver un volant en dernière minute. Je ne m’attendais pas à ce que le programme Iron Lynx ait autant de conséquences positives. »

 

Vous avez voulu passer à autre chose ?

 

« J’avais mis de côté mes rêves de 24 Heures du Mans comme toute activité internationale. J’avais même débuté une formation pour un tout autre travail dans le milieu animalier. Toutefois, je n’avais pas la moindre amertume et je ne suis pas quelqu’un qui vit avec des regrets. Si la course devait s’arrêter, alors ça devait s’arrêter. J’ai fait ce que j’ai fait avec les moyens du bord. C’est la première fois depuis 2013 que je fais plus de cinq courses dans une saison et à cette époque, on parlait de courses nationales. Là, je roule beaucoup au sein de la même équipe. »

 

Forcément, on en veut toujours plus…

 

« Je profite du moment présent en montrant mes qualités de pilote Bronze. Ma classification est correcte et ce serait logique d’être à nouveau Bronze en 2022 même si la décision n’est pas entre mes mains. J’ai 32 ans et je ne vais pas gagner 4 secondes au tour et aller me battre contre les pilotes officiels. »

Iron Dames LM 2021

Disputer les 24 Heures du Mans reste un grand moment ?

 

« J’avais des étoiles plein les yeux. Je m’attendais à avoir le goût de la GTE d’ici la fin de saison. Avoir la confiance de Iron Lynx pour Le Mans est incroyable. La décision a été prise relativement tardivement. J’ai travaillé au maximum pour être prête pour Le Mans, je voulais être au top pour effectuer des doubles relais, rouler de nuit. Sur le moment, je n’ai pas réalisé ce qui m’arrivait. Dix-sept ans de travail pour arriver au rêve absolu. Le lendemain de la course, je me suis dit : « qu’est ce que je fais ? » La réponse était claire : revenir en 2022. Cependant, j’ai vite ôté de mon esprit cette question existentielle pour me concentrer sur la saison. J’ai envie de briller avec l’équipe. Deborah Mayer nous offre la possibilité des opportunités exceptionnelles, alors nous avons envie de rapporter des résultats. »

Iron Dames Le Mans

Vous connaissiez les 24H du Mans avant d’y rouler en pilote ?

 

« J’y étais allée plusieurs fois en spectatrice mais aussi pour m’occuper des réseaux sociaux de Total. Je connaissais l’ambiance mais là c’était autre chose. Partir en piste la première fois était incroyable. J’avais bien préparé l’événement sur simulateur et j’ai trouvé assez rapidement le bon rythme en piste. J’adore rouler de nuit et c’est mon meilleur souvenir. Tu as uniquement la piste devant toi et rien autour. La seule chose négative est d’avoir été obligée d’attendre 17 ans pour vivre tout cela. Malheureusement, la mécanique a causé des déboires avec la casse d’un amortisseur. Le potentiel était là pour un top 5 (Michelle Gatting, Rahel Frey et Sarah Bovy ont pris la 9e place en GTE-Am, ndlr). »

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