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Yifei Ye (WRT) : "Je veux uniquement me concentrer sur l'ELMS et les 24 Heures du Mans"

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European Le Mans Series
14 mai. 2021 • 15:34
par
David BRISTOL

Yifei Ye n'est pas encore très connu du grand public et même de certains amateurs d’Endurance. Pourtant, il va falloir retenir ce nom. Le Chinois ne compte que cinq courses dans la discipline et en a déjà remporté 3 ! Il a été sacré champion Asian Le Mans Series cet hiver et a gagné les 4 Heures de Barcelone sur l’Oreca 07 #41 de Team WRT. Il faisait équipe avec Louis Delétraz et Robert Kubica. Afin d’en savoir davantage sur ce jeune pilote, Endurance-Info a pu le rencontrer…

Yifei Ye a d'abord roulé en Formule 4 France (titre en 2016 avec 14 victoires sur 23 épreuves) avant de passer en Formule Renault en 2017 et 2018, la dernière année étant synonyme de 3e place au championnat avec deux victoires et dix podiums. Il passe ensuite tout naturellement en Formule 3 chez Hitech Grand Prix en 2019. L’année suivante, il dispute et domine littéralement l’Euroformula Open car il est titré avec 11 victoires, 16 podiums en 18 courses ! Cependant, après ce sacre, il oriente sa carrière vers l’endurance et le LMP2. « Je pense avoir eu une bonne trajectoire en monoplace. Y faire sa place n’est pas facile, il faut toujours que vous prouviez que vous avez la vitesse, le talent. Si vous n’avez pas la bonne opportunité, c’est parfois piégeux. Si vous voulez aller dans un top team en F3 ou F2, le budget demandé est vraiment élevé. De plus, il y a peu de places. Certains pilotes ont fait une année, terminant à la même place que moi au championnat, mais ont pu en faire une seconde au sein d’un top team. Parfois, la performance et les résultats sur le papier ne montrent pas vraiment comment se déroulent les choses. J’ai déjà 20 ans, il a fallu que je réfléchisse à mon futur, fallu prendre une décision. Je n’avais pas le soutien financier nécessaire pour aller dans les plus grosses équipes. J’ai alors commencé à regarder du côté de l’endurance car c’est l’avenir. Beaucoup de constructeurs s’y intéressent et plusieurs ont déjà annoncé leur arrivée en catégorie reine. Neel Jani, qui est mon manager et qui connait très bien l’endurance, ainsi que son père, m’ont aidé. Je suis en LMP2 chez Team WRT en ELMS, c’est une bon départ pour moi, il fallait que j’essaie ! J’ai eu d’autres propositions mais j’ai choisi celle de Vincent Vosse... »

Le pilote chinois semble bien se plaire en Endurance et un retour en monoplace n’est pas d’actualité pour le moment. « De par mon budget, je ne peux faire que l’ELMS, je n’aurai donc pas de possibilité de rouler à nouveau en monoplace. Je fais cause commune avec Louis Delétraz et Robert Kubica, deux talentueux pilotes. Nous sommes tous les trois très impliqués dans ce programme et sommes focalisés sur la victoire. De plus, l’équipe a mis tellement d’efforts dans ce projet, nous avons aussi beaucoup de soutien. Je vais donc uniquement me concentrer sur ce programme European Le Mans Series et les 24 Heures du Mans. »

Avant de briller déjà en ELMS avec un premier succès dès sa première course à Barcelone, Yifei Ye a disputé « l’Asian Le Mans Series un peu plus tôt dans l’année et cela s’est bien passé (Aurus 01 G-Drive Racing) ! Pourtant, je n’avais fait aucun test de pré-saison comme beaucoup de pilotes le font. Donc je suis très content du résultat (titre avec deux victoires en quatre courses avec René Binder et Ferdinand Habsburg, ndlr). Cela m’a bien aidé pour rentrer chez WRT.»

Le jeune homme de 20 ans voit loin, bien plus loin que la saison ELMS 2021…« Je veux essayer d’engranger un maximum d’expérience cette saison ainsi que la suivante car le but est d’être pilote officiel ! En tant que pilote chinois, je pense qu’il pourrait y avoir de belles opportunités pour moi. D’abord, il faut que je prouve que j’ai le bon rythme car la nationalité ne fait pas tout ! Je l’ai déjà montré en Asian et il faudra aussi que ce soit le cas en ELMS. Ce championnat est plus relevé, il y a plus d’équipes, plus de bons pilotes. Mais avec les efforts de l’équipe, je pense que nous pouvons faire de belles choses cette année. Si tout se passe bien, je pense que cela pourrait jouer en ma faveur afin de m’associer avec un grosse équipe dans le futur. C’est mon objectif. »

Pour réussir dans son projet, il doit d’abord briller en ELMS. Il pourra compter, entre autres, sur Robert Kubica, l’un de ses coéquipiers et ancien pilote de Formule 1 avec 97 départs en Grand Prix à son compteur : « En termes de retours techniques et de compréhension de la voiture, Robert a beaucoup d’expérience, il a fait tellement de saisons en Formule 1. Il a énormément aidé l’équipe à connaitre et comprendre l’Oreca 07. Il a toujours un discours productif et aide à organiser les choses. J’ai beaucoup à apprendre de lui. Il m’aide à économiser des pneus, à être clair dans mes retours techniques, à mieux orienter l’équipe pour la faire avancer, c’est un vrai boost pour moi ! »

Yifei Ye s’est déjà bien adapté aux prototypes comme il le confirme : « Les LMP sont assez similaires et proches des monoplaces. Elles ont beaucoup d’appuis aéro, vous pouvez aider l’ingénieur à définir un meilleur set-up, avoir une bonne adhérence à l’avant, à l’arrière. C’est vraiment quelques chose de sympa, mais malheureusement, cette année, nous emmenons du poids supplémentaire et il y a une réduction de puissance d’environ 60 /70 chevaux, ce qui est assez conséquent. Le pilotage d’une LMP n’est pas si différent d’un F3 ou d’une F2. Il faut, par contre, gérer davantage les pneus pour pouvoir faire des doubles relais avec. Il faut aussi penser à ses coéquipiers et à ne pas détériorer la voiture pour le suivant, en particulier avec les vibreurs. Il y a un vrai esprit d’équipe en endurance par rapport à la monoplace. Il n'y a pas de souci d’égo de savoir qui est le plus rapide de l’équipage. On se pousse les uns les autres pour pouvoir signer le meilleur résultat. »

Avant de penser à l’Hypercar ou LMDh, un gros morceau attend notre pilote chinois, les 24 Heures du Mans. « J’ai commencé ma vie en Europe et en France. J’ai vécu au Mans pendant cinq ans donc y revenir pour y disputer les 24 Heures va être un moment vraiment spécial pour moi. Au Mans, il ne faut avoir que la vitesse. Il y a aussi le pilotage de nuit qui est loin de ce que j’ai l’habitude de faire. Je vais devoir rester concentré sur ce que je vais avoir à faire et sur certaines situations comme sortir en pneus froids, de longs Safety Cars, de longs Full Course Yellow. C’est bien plus dur que ce que les gens pourraient croire. Il y a pas mal de petites choses à préparer, mais je pense que l’équipe aura assez de temps ! Je suis certain que nous allons être compétitifs là bas ! »

@ Sergey Savrasov

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