Mathieu Jaminet (Genesis) : « La voiture requiert un style de pilotage différent »
Début octobre, Mathieu Jaminet s'en est allé décrocher à Petit Le Mans, en compagnie de son ami Matt Campbell, ce titre IMSA derrière lequel il courrait depuis 2023. Une journée riche en émotion pour lui, d'autant qu'il savait déjà qu'il quitterait quelques semaines plus tard Porsche, ce constructeur auquel il était lié depuis dix ans.
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« Ce fut l'un des décisions les plus difficiles de ma vie, avait-il reconnu. Mais j'ai senti que l'heure du changement était venue. Je n'oublierai jamais ce que cette marque a fait pour moi il y a dix ans, en misant sur ce jeune sans soutien, sans argent et qui n'avait que son rêve à vendre... »
Un rêve mais aussi un immense talent caché derrière une simplicité et une humilité trop rares dans le milieu. En 2016, en Porsche Carrera Cup France, il avait réussi l'exploit de coiffer la couronne en remportant l'intégralité des 12 courses au programme, non sans s'être octroyé toutes les pole positions et signé un total de 10 meilleurs tours en course. Comment Porsche pouvait-il dès lors ne pas l'intégrer dans son giron ?

Depuis, le Français a notamment décroché deux titres en IMSA (GTD Pro en 2022 puis GTP en 2025), une victoire aux 24 Heures de Daytona 2022 en GTD Pro ou encore un titre dans le très relevé ADAC GT Masters en 2018 ⬆️. Son rêve a donc déjà en partie été exaucé. Mais il lui reste encore des choses à accomplir, notamment aux 24 Heures du Mans. Et au vu du curieux virage pris par Porsche Motorsport, il est peu de dire que Mathieu Jaminet a eu du flair.
« C'est pour moi le début d'un nouveau chapitre, d'une nouvelle histoire, affirme-t-il. Je suis très heureux de rejoindre Genesis Magma Racing, qui m'offre l'opportunité de courir en WEC et à l'avenir, je l'espère, également en IMSA. Je voulais prendre un nouveau départ avec de nouvelles personnes pour continuer de progresser, mais aussi apporter mon expérience à une nouvelle équipe dans le but de contribuer à construire quelque chose d'incroyable pour l'avenir. »
Le défi est osé, Mathieu Jaminet quittant un concurrent bien établi et prolifique, pour intégrer les rangs d'une formation qui a tout à découvrir. Mais une écurie qui s'offre aussi les moyens de ses ambitions, et il en est la preuve. « Évidemment, le chemin sera long, comme c'est le cas pour toute nouvelle équipe, reconnaît-il. Mais je suis vraiment enthousiaste et impatient de relever ce défi. »

Mathieu n'a pas mis longtemps à se mettre au travail, puisqu'une semaine à peine après avoir bouclé ses derniers tours de roues au volant de la Porsche 963, il a découvert sa nouvelle monture - la GMR-001 Hypercar - à l'occasion d'une séance d'essai menée par Genesis Magma Racing à MotorLand-Aragon, du 15 au 18 novembre. Il a rejoint en Espagne ses futurs équipiers André Lotterer, Pipo Derani, Dani Juncadella et Mathys Jaubert, ainsi que la réserviste Jame Chadwick. Non libéré par Alpine, Paul-Loup Chatin n'était pas de la partie.
« J'ai forcément eu besoin d'une petite période d'adaptation, a déclaré l'intéressé. La voiture requiert un style de pilotage différent de celui auquel je suis habitué (dans la Porsche 963. Ndlr). Elle semble apprécier les courbes rapides, ce qui est assez agréable. À ce stade, chaque tour est vraiment important pour un pilote. Il faut comprendre tous les systèmes, tous les boutons du volant et toutes les procédures. »
Mais comme le soulignait le directeur sportif Gabriele Tarquini, il est aussi toujours intéressant de recueillir les sensations de pilotes découvrant l'auto. « Je pense avoir des commentaires différents sur certains points, a poursuivi Jaminet. Je suis l'un des pilotes les plus expérimentés avec les voitures LMDh et, évidemment, je conduisais une voiture différente il n'y a pas si longtemps. J'ai ainsi essayé de ne pas trop écouter les commentaires des autres pilotes, car je voulais vraiment me forger ma propre opinion. Pour moi, mais également pour les ingénieurs. L'idée était de ne pas me donner trop d'informations afin de partir d'une feuille blanche et que je puisse vraiment leur faire part de ce que je pense. »

L'intense programme d'essais se poursuit donc pour la formation coréenne, qui n'aurait pas encore déterminé ses futurs équipages, ni même si elle fera appel à des duos ou des trios sur les courses de six heures. Chaque chose en son temps.
« L'alchimie entre les pilotes dans la voiture est essentielle pour réussir, affirme Tarquini. Grâce aux essais, nous pouvons voir comment les pilotes travaillent ensemble, leurs styles de conduite et leurs préférences en matière de réglages, mais aussi comment les relations commencent à se former. L'essentiel sera de nous assurer que nous disposons des meilleures combinaisons de pilotes possible dans les deux voitures afin de nous aider à créer les bases solides dont nous avons besoin en tant qu'équipe. »
Mathieu Jaminet a l'avantage de connaître une certaine partie de l'effectif et certains de ses nouveaux compagnons de cordée, à l'instar d'André Lotterer (qu'il a cotoyé chez Porsche), de Pipo Derani (qu'il a l'habitude de croiser dans les paddocks de l'IMSA) ou encore de Paul-Loup Chatin, avec lequel il a ferraillé en F4 en 2010.
Du côté de l'équipe d'exploitation aussi il va retrouver quelques visages connus venus notamment du Porsche Penske Motorsport. De quoi accélérer son intégration, sa période de transition, et l'ouverture du nouveau chapitre d'une histoire déjà riche, qu'on lui souhaite aussi réussi que le précédent...
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