Le Mans

Franck Perera : « Rouler en LMP2 demande plus de concentration et de rigueur qu’en GT3 »

24 Heures du Mans
11 juin. 2025 • 8:00
par
Laurent Mercier, au Mans
Photo : MPS Agency

Contrairement à ma majorité des six autres pilotes qui vont enchaîner Le Mans, Nürburgring et Spa, Franck Perera ne disputera pas les trois courses de 24 heures sur la même monture. Pour son deuxième Le Mans, c'est l'Oreca 07 / VDS Panis Racing qui l'attend avant de retrouver sa Lamborghini Huracan GT3, Abt en Allemagne, puis VSR en Belgique. 

 

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Nous l'avons déjà écrit dans ces colonnes, Franck Perera n'est pas un familier des 24 Heures du Mans puisque ses débuts remontent à 2024 sur une Lamborghini, une édition terminée à une anecdotique 16e place en LMGT3. Cette fois, on parle de LMP2 pour épauler Esteban Masson et Oliver Gray. Franck Perera, qui connaît bien l'environnement TDS Racing, ne vient pas pour casser la baraque mais bien pour remplacer Charles Milesi, retenu chez Alpine. 

 

Âgé de 41 ans, Franck Perera n'a rien perdu de sa pointe de vitesse et le Montpelliérain est affuté comme jamais afin de rendre une copie parfaite en dépit d'un manque de roulage dans une LMP2. Qu'importe, le pilote Lamborghini Squadra Corse en GT3 connaît ses gammes sur le bout des doigts mais aussi son corps. 

 

Comme tout sportif de haut niveau, qui plus est avant de se farcir trois courses de 24 heures, il vaut mieux être prêt physiquement. Depuis qu'il sait qu'il va disputer les 24H du Mans, Franck Perera a modifié son quotidien. 

Photo : MPS Agency

Parlons d'abord de sport. Comment gérez-vous vos entraînements ? 

 

Chaque personne est différente. Pour ma part, je suis dans le rouge très rapidement. Plus l’entraînement dure, plus ça redescend. De base, j'ai un rythme cardiaque assez élevé. Côté entraînement, je passe du temps à la salle de sport avec beaucoup de renforcement au niveau des abdos et du cou. Je cours tous les trois jours, je fais du hometrainer, de la natation et du tennis avec un coach. On fait des séances d’1h30 sans la moindre leçon. On tape des balles durant 1h30. Je pratique régulièrement le tennis (niveau 15/5, ndlr) et là c’est plus dur qu’un match. Il n’y a pas de pause et pas de service. Le tennis est selon moi un sport plus dur que les autres car le placement est primordial : droite, gauche, avant, arrière. Quand tu fais du vélo ou que tu cours, tu fais une seule chose à la fois. Il n’y a pas de tactique, pas de placement.

 

Vous êtes tout de même régulièrement dans une voiture de course. Est-il si important de se préparer encore plus ?

 

Cette année, j’ai un programme moins complet que l’année passée, ce qui demande plus de préparation physique afin de rester affuté. J’avais accentué le sport avec la période de pandémie et j’a de suite vu la différence. Quand tu passes 40 ans et que tu veux rester au niveau, tu n’as pas le choix que de faire plus de sport et de faire encore plus attention à la nutrition. Là, je fais vraiment attention à tout.

Franck Perera avec les pilotes VDS Racing, TDS Racing, Olivier Panis et Xavier Combet (photo : MPS Agency)

Comment se passe votre récupération ? 

 

Je récupère assez vite mais il me faut mes 7, 8 heures de sommeil. Actuellement, si je regarde mes données Whoop (bracelet qui donne un tas d'informations sur son état de forme, ndlr), il me manque une heure de sommeil (entretien réalisé à Monza, ndlr). Quand tu as besoin d’éléments pour t’améliorer, c’est positif de faire quelque chose. Le Whoop t’amène quelque chose pour t’améliorer et mieux comprendre ton corps, comment il réagit. Je trouve l’intérêt pour le sommeil pour mieux le gérer. Tu peux dormir 6h avec un sommeil paradoxal parfait et tu peux être dans le vert. Si tu fais un excès à un moment, tu le ressens de suite sur ton état de forme et le sommeil. Le Whoop ressent aussi le stress. Je le vois sur le graphe. Par exemple, quand je fais deux tours rapides, le graphe est différent. J’ai fait du sport en début de semaine, le jeudi j’ai passé trois heures en voiture pour venir à Monza. Résultat, j’ai moins de stress sur la journée du jeudi mais il me manque toujours un peu de sommeil.

 

Vous arrivez au Mans sans compétition en LMP2. Un handicap selon vous ? 

 

J’ai roulé durant deux jours au Paul Ricard dans différentes conditions de piste, y compris la pluie. J’ai pu prendre mon temps pour bien appréhender la voiture. J’aime bien comprendre les choses et la montée en rythme a été progressive. Je ne peux pas nier qu’il me manque du roulage. Il y a des choses qui viennent vite mais de petits détails comme le frein met plus de temps. Ma voiture n’était pas réglée pour le Paul Ricard mais bien pour Le Mans. L’équipe était satisfaite de mon roulage. Rouler en LMP2 demande plus concentration et de rigueur qu’en GT3. Je suis assez calme et fédérateur, ce qui je pense est un avantage.

 

La préparation est différente de ce que vous avez l'habitude de faire en GT3 ? 

 

Le travail d’équipe est différent de ce que je peux connaître en GT3. En réalité, c’est oui et non. Je travaille encore à l’ancienne car je parle beaucoup aux ingénieurs, ce qui n’est plus forcément le cas de la nouvelle génération. Mathias Beche est dans la même mouvance que moi. La voiture est vraiment sympa avec pas mal d’aéro. J’avais perdu cela car la monoplace remonte à pas mal d’années et j’ai peu roulé dans la Lamborghini SC63. Tes qualités du passé reviennent mais il faut s’adapter. Je ne suis pas quelqu’un qui aime faire un chrono sans savoir le pourquoi du comment. Je préfère construire ce chrono.

Un souci d'enchaîner les trois courses en peu de temps ?

 

Si j’avais eu autant de courses qu’en 2024, je pense que ça aurait pu poser problème d’enchaîner les trois courses de 24 heures. Là, j’ai eu le temps de bien me préparer. La préparation physique me permet d’être prêt pour les trois courses. Le Mans est important pour moi car je veux vraiment faire bien les choses. Peut-être que cette course peut m’ouvrir d’autres opportunités.

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