Wayne Taylor Racing entre passé et présent aux 24 Heures du Mans
Nous sommes le 16 juin 2002. Sous le drapeau à damier des 24 Heures du Mans, 70e édition, Team Cadillac ramène la Northstar LMP02 n°6 à la neuvième place du classement général. Au volant, le Sud-Africain Wayne Taylor, associé à Max Angelelli et Christophe Tinseau, termine encore une fois bien loin de ses espoirs initiaux face à Audi, qui enchaîne une troisième victoire de rang depuis 2000.
Vainqueur en LMP1 en 1998 avec Doyle-Risi et la Ferrari 333 SP, Taylor achève sa 13e et dernière participation dans la Sarthe, sans jamais avoir pu faire mieux qu’une quatrième place en 1987 avec Porsche et le Kremer Racing. Pour Cadillac, c’est aussi la fin d’un programme lancé en 2000 et qui n’aura jamais réussi à rivaliser avec les ténors du LMP900, et principalement la référence du moment qu'est Audi. Pourtant, l’histoire entre la marque du groupe GM et Wayne Taylor n’en est qu’à ses débuts.
Un an et demi après cet échec, Wayne Taylor, lauréat des 24 Heures de Daytona ou encore des 12 Heures de Sebring en 1996 avec Riley & Scott, lance sa propre structure en tant que bras armé de Riley Technologies, le tout avec des blocs moteurs Pontiac, marque du groupe GM. Hormis deux années (2009-2010) avec des Dallara-Ford, l’association entre WTR et GM demeure au coeur du programme sportif de Wayne Taylor, qui a stoppé sa carrière de pilote à temps complet fin 2007.
En 2017, arrive la nouvelle DPi-V.R qui permettra à ses fils Jordan et Ricky de coiffer la couronne Pilotes en IMSA après une saison marquée par cinq succès consécutifs entre Daytona et Detroit. Deux autres victoires aux 24 Heures de Daytona en 2019 et 2020 viendront conclure près de 15 ans de lien avec GM.
Vient en effet par la suite une infidélité faite au groupe américain entre 2021 et 2024, saisons passées à défendre les intérêts du clan Acura. A la clé, une nouvelle victoire aux 24 Heures de Daytona, en 2021.
2025 voit finalement le retour de Wayne Taylor Racing sous le pavillon de Detroit (Michigan) avec la Cadillac V-Series.R. Année qui marquera aussi une grande première avec les débuts de l’écurie aux 24 Heures du Mans, occasion donnée à WTR de sortir des Etats-Unis et tenter de briller face aux habitués du WEC. D'ailleurs, son retour dans le giron GM s'explique en partie par la possibilité de participer à la classique mancelle, ce qui était impossible avec Acura.

« Le Mans, il est évident que pour moi, c'est devenu aussi important que ce que c'était en tant que pilote, avoue Wayne Taylor. La famille a pratiquement tout gagné depuis 2017, lorsque Ricky, Jordan, Max Angelelli, Jeff Gordon (réunis dans la DPi-V.R à Daytona) et moi-même étions sur le muret et que ma femme conduisait le pace-car. C'était donc une véritable affaire de famille. Nous avions gagné cette course à Daytona, avions gagné cinq fois d’affilée et remporté le championnat. Je ne pense pas que cela ait jamais été fait auparavant en famille. »
« Lorsque l'occasion s'est présentée de gérer un programme Cadillac à deux voitures, la décision a été facile à prendre, en séparant Ricky et Jordan. Lorsque Cadillac m’a demandé de poser ma candidature pour l'engagement au Mans, j'ai été agréablement surpris et presque choqué qu'ils nous acceptent. Le tout sous la marque Cadillac Racing. Pour cette épreuve, vous savez, il était difficile de faire un choix. Il y avait quatre pilotes dans deux voitures, et maintenant nous n'avons plus qu'une seule voiture. Ricky et Filipe (Albuquerque. Ndlr) sont ensemble depuis longtemps, c'était donc naturel de les réquisitionner. Et le fait que Jordan soit dans la même équipe et dans une voiture différente nous a vraiment donné l'occasion d'essayer de refaire ce que nous avons fait à Daytona. »
Les deux frères Ricky et Jordan qui, pour rappel, totalisent chacun neuf départs aux 24 Heures du Mans. En difficulté depuis le coup d’envoi de la saison IMSA, face à la concurrence mais aussi face à Action Express Racing qui aligne aussi la Cadillac V-Series.R, WTR a-t-elle les armes pour briller sur une épreuve si spécifique, y compris dans le calendrier WEC ?
« Nous savons tous que Le Mans sera une expérience d'apprentissage difficile, concède Jordan Taylor. Évidemment, c'est la première fois que l'équipe s'y rend, donc il ne s'agit pas seulement d'apprendre des choses sur la piste, mais il y a aussi toute la logistique, les règles etc. Les ingénieurs et les membres de l'équipe y consacrent beaucoup d'heures. Nous avons une session de simulateur la semaine prochaine pendant deux jours. »

« Nous travaillons dur, et c'est une bonne chose que JOTA et Action Express nous soutiennent un peu du point de vue de l'ingénierie et de l'expérience, enchaîne-t-il. JOTA a roulé plusieurs fois en LMP2 et l'année dernière en Hypercar, alors Action Express est venu deux fois avec la Cadillac, donc il y a beaucoup de données que nous pouvons exploiter et comprendre. Une fois que nous y serons, ce sera comme si nous avions une équipe de quatre voitures, qui partageront toutes les informations. »
Et Ricky Taylor de poursuivre : « Il y a tellement de détails qui peuvent vous mettre en difficulté, qu'il s'agisse d'une Slow Zone, d'une relance après une voiture de sécurité ou de marcher dans la voie des stands alors que vous n'êtes pas censé le faire. Il y a tellement de petits détails qui peuvent vous coûter la course ou vous aider à gagner des positions. »
« Même si ni aucun d'entre nous n'a l'expérience dans la catégorie reine actuelle, nous utiliserons l'expérience que nous avons acquise en pilotant dans les autres catégories, puis nous comblerons les lacunes par ce que nous avons appris lors des quatre premières courses de l'année pour, je l'espère, réussir notre pari. »
Et écrire ainsi une nouvelle page de la longue et prolifique histoire WTR / Cadillac.
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