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Imola - Olivier Jansonnie (Peugeot) : « Nous avons des références »

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20 avr. 2025 • 9:00
par
Thibaut Villemant, à Imola
Vendredi, le directeur technique de Peugeot Sport Olivier Jansonnie s'est présenté devant la presse avec ambition. Au terme de la qualification, une seule 9X8, la n°93, est passée en Hyperpole, la n°94 terminant la session aux portes du top 10. Finalement, c'est une 7e place qui a récompensé la monture de Vergne, Jensen et Di Resta à 1''381 de la pole.
© Fabrizio Boldoni / DPPI - FIA WEC

C'est la première fois que vous vous présentez sur une piste que vous connaissez déjà avec la 9X8 2024. En quoi cela change-t-il la donne pour vous ?

 

En termes d’approche, c’est bien évidemment différent, c’est certain. L’an passé, il y avait une nouvelle piste, une nouvelle voiture... Nous connaissons désormais un peu mieux l’auto, avons plus d’expérience et - le plus important - nous connaissons la piste donc nous avons des références. Sur tout ce que nous faisons, nous pouvons avoir des éléments de comparaison par rapport à l’année dernière, notamment sur les réglages. Nous avons aussi roulé ici en essais cette année comme certains autres constructeurs mais ce fut hélas pas parfait en raison de la météo.

 

Est-ce que ce roulage a été utile ?

 

Il aurait pu l’être davantage mais il a beaucoup plu, et avec des conditions telles que le draoeau rouge aurait été agité si nous avions été en course. Nous avons en revanche eu à quelques moments des niveaux d’eau sur la piste « acceptables » nous permettant de rouler de façon pertinente.

 

L’année dernière, nous avons vu que les dépassements étaient très compliqués sur cette piste. La qualifications y sont-elles plus primordiale encore qu'ailleurs ?

 

De par le fait que le peloton soit resserré, on ne peut plus dire que les qualifications ne servent à rien en Endurance. C’est encore plus important ici au vu de la configuration de la piste et de la difficulté à doubler. Les courses à Imola sont souvent hachées avec les murs très proches. La voiture de sécurité sort souvent, comme nous l’avons vu en ELMS et en WEC l’année dernière. Il y aura de la stratégie avec la possibilité de doubler dans les stands. La position de départ sera importante, mais quelle qu’elle soit, il y aura des opportunités de faire quelque chose sur le plan stratégique.

Olivier Jansonnie - © MPS Agency

Après une année d’exploitation de la 9X8 version 2024, êtes-vous satisfaits des progrès effectués ?

 

Clairement, nous avions atteint un plafond au niveau du développement de l’ancienne version. Avec la nouvelle, nous sommes sur le même plan que la concurrence côté pneumatiques, ce qui rend la comparaison plus facile.

 

Ici, les pneus seront différents au niveau des spécifications. En 2024, nous avions les Mediums et les Hard, alors que cette saison, nous avons Soft et Medium. Je pense que c’est mieux, car tout le monde se plaignait des gommes dures, qui étaient inutiles. Cela va donner une autre dimension à la course, et ouvrir la stratégie pneu.

 

Vous avez toujours dit que vous aviez besoin de temps pour débloquer 100 % du potentiel de l’auto. Pensez-vous encore avoir des choses à gagner ?

 

Oui.

 

Quel bilan tirez-vous des 1812 km du Qatar ?

 

Losail n’était pas une bonne course pour nous sur le plan de la performance. Nous avons fait le travail, avons été intelligents sur certains points, mais nous n’étions pas au niveau de performance attendu. Nous avons aussi rencontré des problèmes que nous n’avions pas expérimentés auparavant.

 

Des soucis de fiabilité ?

 

Non. Plus en termes de gestion des pneus et de performance. Durant l’hiver, lors de nos essais, nous avons encore trouvé des choses à améliorer. Pas spécialement pour cette piste (Imola. Ndlr) car nous n’avons pas pu réellement tester avec seulement 20 « vrais » tours sur le sec en une journée. Mais nous avons mené à bien des essais depuis le Qatar (4 jours à Imola, Barcelone, Le Castellet et Spa-Francorchamps. Ndlr) et nous avons trouvé des gains sur la voiture. Il est revanche difficile de dire où ils pourront être appliqués cette année.

© MPS Agency / Bruno Vandevelde

Ce qui vous laisse peu de journée d'essai à disposition n'est-ce pas ?

 

Tout le monde applique la même stratégie, à savoir celle de concentrer ses essais avant les 24 Heures du Mans pour essayer de valider la fiabilité de la voiture et faire le développement performance nécessaire. Ce n’est pas simple, car en Europe, ce n’est pas la meilleure période de l’année pour rouler, et ce comme nous avons pu en faire l'amère expérience à Imola. Nous sommes allés ensuite à Spa en attendant de la pluie, Mais le temps était au beau fixe. Cela fait partie du jeu.

 

A Imola, vous devez utiliser les vibreurs pour aller vite. Etait-ce dur avec la voiture l’année passée ?

 

Au final non. La nouvelle 9X8 est meilleure que l’ancienne sur ce point. Ce fut d'ailleurs un des points positifs.

 

Tout le monde a déjà les 24 Heures du Mans dans un coin de la tête. Quelle approche allez-vous adopter ?

 

Nous y allons chaque année pour nous battre pour la victoire mais la concurrence est rude. Certaines voitures ont montré qu’elles sont très performantes au Mans, ce qui rend les choses encore plus compliquées. Nous avons deux participations à notre actif avec la 9X8, nous pensons être bien préparés, nous verrons donc ce qu'il en est. C’est difficile de prédire ce qu’il va se produire mais, quoiqu'il arrive, le nombre de constructeurs engagés fait que cela sera dur.

 

En théorie, si cette BoP visant une convergence à 100% est correcte, cela se résumera à la capacité opérationnelle et à la stratégie donc tout le monde doit pouvoir avoir des ambitions de lutter pour la gagne.

 

C'est le principe oui.

Commentaires (4)

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dmeyers

20 avr. 2025 • 11:20

la dernière question ! "En théorie" Certes, mais alors en théorie très très théorique !!!!! Pour l'instant c'est plutôt au doigt mouillé, au hasard, au petit bonheur la chance, voir au bon vouloir des 'instances' ! Le fait du prince en qq sorte : A chaque course JE décide/choisi qui va gagner. C'est à tout le moins ce que l'on ressent devant nos clavier/écran/TV, au tandem FIA/ACO de nous démontrer le contraire, mais cela fait tant d'années que ce n'est pas le cas, que j'ai le sentiment que nous ne sommes vraiment pas sur le point de voir le bout du tunnel.

wizztiti

22 avr. 2025 • 13:48

Cela fait des décénies que l'ACO choisit l'équipe qui aura la meilleure chance de l'emporter (si toutefois elle ne s'est pas trompée sur la fiabilité). Ca permet de faire de la communication facile sur la grandeur du Mans (anniversaires divers, records de victoire, etc). Sans doute aussi quelques avantages ? Donc, le modèle a été transposé en WEC. En perdant son intérêt technologique, l'endurance à perdu pour moi une grande partie de son intérêt (il reste bien sûr les équipes et stratégies stand/pneumatiques, mais je trouve ça maigre quand on est pas en monotypie et avec une BOP biaisée).
Sinon, concernant Peugeot, il est certain qu'ils ont râté un trou dans la réglementation en concevant cette auto au vu du déficit par rapport aux autres. Où ? Je note qu'en aéro, cette voiture est loin d'être aussi fine que les autres (largeur cockpit notamment). Fallait faire une LMP1.

flacroix

22 avr. 2025 • 14:26

Bonjour Thibaut,

Juste après les 24 Heures du Mans 2024, vous écriviez pour la Lamborghini SC63 :
"Le châssis – œuvre de Ligier – serait trop souple, d'où un comportement laissant à désirer sur les vibreurs ou les portions bosselées. Enfin, comme le confiait avec humour Romain Grosjean il y a peu : « Il faut la mettre au régime, car elle est un petit peu lourde pour le moment. » Et c'est peut-être là que le bât blesse le plus. En effet, la SC63 accuserait sur la balance un embonpoint conséquent. On parle de plusieurs dizaines de kilos par rapport au poids minimal d'une Hypercar, fixé à 1030 kg."

C'est pourquoi j'ai une question de profane : est-ce que les contre-performances de la Peugeot 9X8 pourrait être liées au châssis Ligier qu'elle utilise ?

Cordialement.

flacroix

22 avr. 2025 • 16:11

Erratum : "les contre-performances pourraient" et non "pourrait"