GT4 European Series

Ajith Kumar : « J’aimerais mettre l’Inde sur la planète Endurance »

GT4 European Series
18 avr. 2025 • 15:00
par
Laurent Mercier, au Paul Ricard

Nouveau venu cette saison en GT4 European Series sur une Porsche de AV Racing, Ajith Kumar est loin d'être un inconnu en sport automobile. L'acteur star du cinéma tamoul qui a joué dans Varalaru et Mankatha est une vraie vedette dans son pays et en dehors. 

 

Retenu par ses obligations cinématographiques, Ajith Kumar a mis en pause sa carrière de pilote. Le natif de Hyderabad de 53 ans a croisé le fer en Formula BMW Asia face à Ho-Pin Tung en 2003. L'année suivante, on le retrouve sur un programme partiel en British F3 chez Mango Racing où il est en concurrence face à Alvaro Parente, Lucas di Grassi, James Rossiter ou encore Nelson Piquet Jr. Six ans plus tard, direction la Formule 2, l'année de Dean Stoneman, Joylon Palmer ou encore Benjamin Lariche, qui roule en GT4 European Series. 

 

🇬🇧 Ajith Kumar: « I would like to put India on the Endurance racing map »

 

Proche de Fabian Duffieux, pilote belge qui réside à Dubai, Ajith Kumar a fait un retour à la compétition remarqué en janvier dernier aux 24 Heures de Dubai où son équipe Ajith Kumar Racing by BKR est montée sur le podium de la classe Cup, alors que lui roulait sur une Porsche Cayman. En plus du championnat Creventic, Ajith Kumar a découvert la GT4 European Series le week-end dernier au Paul Ricard (France) en solo chez AV Racing dans la classe réservée aux amateurs (7e et 6e sur les deux courses). 

Cette passion du sport automobile remonte à longtemps ? 

 

J’ai commencé à piloter assez jeune à l’âge de 18 ans par la moto en Inde sur un championnat national. J’ai fait cela jusqu’en 1993 avant de me concentrer sur ma carrière professionnelle. En 2002, j’ai débuté sur quatre roues. J’avais 32 ans, j’ai trouvé des sponsors et je me suis mis à rouler. J’ai roulé en Inde en monoplace. Fin 2002, j’ai effectué un test en Formula BMW pour finalement disputer le championnat asiatique en 2003. C’était pour moi une expérience incroyable. L’année suivante, j’ai roulé en Europe en British F3 dans la classe Scholarship qui avait des autos un peu plus anciennes. Je suis monté à deux reprises sur le podium, une fois à Donington, une autre à Knockhill. Malheureusement, je n’ai pas pu disputer l’intégralité de la saison compte tenu de mon métier d’acteur. Je suis revenu en monoplace en 2010 en Formule 2. Là aussi, c’était assez incroyable comme expérience. J’ai eu la chance de rouler sur des circuits comme Marrakech et Monza. Là aussi, j’ai vite été rattrapé par mon métier.

 

Pourquoi avoir décidé ce passage en Endurance ? 

 

Maintenant, je suis trop âgé pour rouler en monoplace. Plusieurs de mes amis m’ont alors recommandé de rouler en Endurance. C’est un nouveau format pour moi et une nouvelle expérience. Rouler sur une Porsche Cup revient à recommencer de zéro. J’ai bouclé des essais à Dubai car je réside aussi bien à Chennai que Dubai. Être aux Emirats Arabes Unis est plus facile pour moi de rouler sur des tracés tels que Dubai, Qatar et Abu Dhabi. Je dois dire que j’étais assez satisfait de mon rythme. C’est alors que j’ai décidé de lancer une équipe avec le concours de Fabian (Duffieux) qui m’a présenté à Mathieu (Detry), puis à Cameron (Macleod) pour disputer les 24 Heures de Dubai en janvier dernier.

Vos 24 Heures de Dubai ont connu des hauts et des bas...

 

Cette course a été pour moi une vraie courbe d’apprentissage. Malheureusement, lors des essais privés, j’ai connu une violente sortie de piste. Initialement, nous étions quatre pilotes et la décision a été prise de me retirer de l’équipage. Nous avions une chance de monter sur le podium et je pense que j’ai pris la bonne décision. Cependant, j’ai réussi à trouver refuge sur une autre Porsche, cette fois un Cayman GT4 engagé par Razoon Racing. En une seule journée, l’équipe a pu me trouver une GT4 et une place dans un équipage. C’était parfait pour moi car cela m’a permis d’emmagasiner de l’expérience. Sur les conseils de Fabian, j’ai alors prolongé l’aventure en Porsche sur des courses plus courtes en Europe l’hiver dernier afin de rouler le plus possible.

 

Ce championnat européen GT4 était prévu ? 

 

Fabian et Mathieu étaient inscrits en GT4 European Series sur une Porsche de AV Racing. Avant de les rejoindre, je voulais découvrir le Circuit Paul Ricard sur une Porsche Cup, ce qui a été possible grâce à AV Racing. Cependant, je ne comptais pas vraiment rouler en GT4 car ce n’est pas quelque chose que j’avais en tête. C’était juste pour me préparer en vue du championnat Creventic. La rencontre avec AV Racing a été très positive. J’ai ensuite discuté avec Romain Vozniak qui m’a fait part de la possibilité de rouler en GT4 sur la série européenne SRO en solo.

 

Vous avez l'envie de piloter durant plusieurs années ? 

 

Je n’ai pas de tournage cinématographique durant la saison de course, ce qui me permet de concentrer sur mon rôle de pilote de mars à octobre. Cela me donne la possibilité de terminer mes autres projets les mois suivants. Je vais avoir 54 ans en mai et je souhaite rouler au moins jusqu’à l’âge de 60 ans. Je compte participer à nouveau aux 24 Heures de Dubai en janvier prochain en guise de préparation pour la saison 2026. L’objectif est de voir l’équipe Ajith Kumar Racing en Creventic et aux 24 Heures de Dubai. Peut-être que la prochaine étape sera de rouler en GT3. Pour le moment, je prends de l’expérience en Cup et GT4. Je ne sais pas de quoi demain sera fait pour moi en course automobile et je ne tiens pas à brûler les étapes.

Cela vous permet aussi de faire connaître encore plus le sport auto dans votre pays ? 

 

Je veux aussi développer le sport automobile en Inde de la meilleure des façons, que tout le monde comprenne que je fais cela sérieusement et que ce n’est pas un simple hobby pour dépenser de l’argent. Si je suis le processus correctement en étant de mieux en mieux derrière le volant, je suis sûr que l’Inde pourra en tirer des bénéfices. Ce n’est pas simple pour les pilotes de mon pays de trouver des partenaires. Le sport auto en Inde peut devenir de plus en plus populaire. J’espère qu’un jour nous pourrons voir un championnat comme Creventic venir rouler en Inde. Pourquoi pas disputer une autre course de 24 heures en Inde avant ou dans la foulée de Dubai. J’aimerais mettre l’Inde sur la planète Endurance. Je pense que ce serait gagnant pour toutes les parties. L’Inde est un très beau pays qui comprend beaucoup de très beaux endroits.

 

L'Inde a beaucoup de circuits ?

 

Nous avons le Circuit International de Buddh mais aussi le Madras International Circuit près de Chennai. L’an dernier, le gouvernement de ma région a organisé une course en ville pour des monoplaces et des saloon cars. L’événement était très populaire. Ce serait génial d’organiser une course de 24 heures en ville. Chennai a l’avantage d’être un port, ce qui rend la logistique bien plus facile. Le cricket est très populaire en Inde et j’espère que le sport auto va se développer dans les prochaines années, que l’on verra de plus en plus de jeunes venir rouler en Europe. C’est ici qu’il faut venir rouler. Nous avons eu Karun Chandhok, il y a maintenant Kush Maini qui est réserviste chez Alpine F1. Ici, on voit Arjun Maini et Sai Sanjai. C’est super de les voir briller en Europe mais pour cela il faut trouver des sponsors. Il faut tout mettre en œuvre pour que les gens comprennent ce sport. Il y a tant de séries à travers le monde. Plus les gens regarderont, plus les sponsors seront intéressés.

AV Racing est une très belle découverte ?

 

J’ai été très bien accueilli par toute l’équipe AV Racing. Tout le monde m’encourage et me donne les meilleurs conseils pour progresser. Ils sont là pour me pousser. L’équipe prend mon programme très au sérieux et je ne peux que leur dire merci. Croyez-moi, ce n’est pas simple de revenir à la compétition après toutes ces années. C’est un challenge que je tiens à relever.

 

Les 24 Heures du Mans font partie des envies ?

 

Les 24 Heures du Mans restent pour moi un rêve. J’espère d’ailleurs y participer un jour. J’ai aussi les 24 Heures de Spa dans un coin de tête. Je veux rouler au plus haut de mes capacités. Le Mans est très connu de la communauté sport auto en Inde. Le fait que je roule doit permettre de faire connaître les courses dans mon pays. Plus les médias parleront des pilotes indiens, plus le public s’y intéressera.

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