La très belle histoire de Philippe Lenoir en Ultimate Cup Series

Le sport auto fait malheureusement de moins en moins la part belle à l’humain, ce qui réduit de fait les belles histoires. Celle que l’on va vous raconter fait pourtant partie des belles histoires du moment.

C’est l’histoire d’un passionné de sport auto et principalement de courses d’endurance, très pote avec Pierre Thiriet et Mathias Beche. Jusqu’à maintenant, Philippe Lenoir a suivi la carrière de ses deux amis sur les circuits sans avoir la moindre ambition personnelle.

Certes, il y a bien eu quelques meetings histoires avec papa Lenoir et depuis peu un passage en Mitjet pour rouler en TTE « just 4 fun ». Aucune carrière en vue pour le trentenaire qui n’a pas de classification FIA.

Quelques jours avant le lancement de saison Ultimate Cup Series, Philippe Lenoir a l’opportunité de compléter l’équipage de la Nova Proto NP02 / DB Autosport pour épauler Mathias Beche et Romain Carton. L’objectif ? Aucun à l’exception de ramener la voiture intacte et de se faire plaisir sur un one shot. A l’issue des 110 tours de course, la victoire était au bout pour la NP02 n°20 et la seconde auto de DB Autosport dans le top 5. Pour Philippe Lenoir, ce succès est celui d’un rêve qui semblait inatteignable. Une bien belle histoire à raconter.

Au lendemain de cette victoire, quel est votre état d’esprit ?

Dire que je suis sur un nuage est un euphémisme. Je suis arrivé là totalement par hasard. Mathias (Beche) m’a envoyé un message mardi à 12h30 qui disait : « Est-ce que ça te dit de rouler en Nova Proto ce week-end ? Top deal. » Pour être honnête, j’ai failli ne pas lui répondre car je me doutais bien que ce n’était pas possible pour moi. Finalement, je l’ai appelé pour en savoir plus. Il me donne la proposition et j’avais un partenaire sous la main que je devais convaincre avant 15 heures. Toutes les planètes se sont alignées.

La Nova Proto NP02 est facile d’adaptation ?

Premièrement, j’ai été très bien accueilli par DB Autosport, ce qui met en confiance. Deuxièmement, dès les premiers essais, je me suis rendu compte que la voiture était assez facile sachant que je viens de la Mitjet 1300 deux moins puissante sans aéro. Je me faisais toute une idée de passer Signes même si je ne passais pas à fond.

On ne se dit pas ‘est-ce bien raisonnable d’être là ?’ 

Bien sûr que si. Avant de signer, je voulais savoir si la voiture était assurée et quelle était la franchise. Ce n’était pas raisonnable de dire oui mais dans la vie il faut prendre des risques. Je ne pouvais pas me permettre de faire la moindre casse, j’avais donc une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si je cassais, je pouvais dire adieu à ma saison TTE en Mitjet 1300.

La présence de Mathias dans l’équipage est un plus ?

Je connais très bien Mathias, donc l’acclimatation a été plus facile. Mathias était le premier coéquipier de Pierre en LMP2. Ce week-end avait donc un goût de revival (rires). Pierre a suivi la course tour par tour à distance. Je connaissais aussi un peu Romain. Mathias a pris un risque de me faire confiance. J’étais en quelque sorte le pari de l’équipe qui avait un autre plan avec un Bronze bien plus expérimenté. J’ai mal dormi par peur de casser la voiture mais je ne pouvais pas décevoir l’équipe en roulant à 10’’ des chronos.

C’est vous qui étiez chargé du départ. Une pression supplémentaire ?

Je me suis élancé de la deuxième ligne au sein d’un peloton de 23 prototypes. J’aurais pu tenter de faire le show pour essayer de me montrer mais il fallait ramener la voiture et gérer les pneumatiques. J’ai joué l’intelligence en perdant 10’’ durant mon relais, ce qui m’a permis de sauver du carburant et de bien gérer les pneus. L’équipe découvrait les gommes Goodyear sur le meeting. Je viens du Sprint en prenant quatre départs par meeting. Il était impossible pour moi de faire la moindre folie.

Vous aviez autre chose de prévu le week-end dernier ?

Je le répète, cette histoire n’a aucun sens. J’étais au beau milieu de la Suisse quand j’ai su que ça se faisait et je devais être au Paul Ricard le lendemain. Mon équipement n’était pas prêt sachant que j’avais prévu un week-end de ski avec des amis.

Cela donne forcément envie d’aller plus loin…

Oui mais je reste réaliste. Mon avenir est en Mitjet 1300 avec l’équipe de Jérôme Plantier qui s’occupe de la voiture. Aujourd’hui, j'ai réalisé un rêve mais j’ai quitté le Paul Ricard en me disant que c’était une course en NP02 sans lendemain. Tous les petits championnats comme le TTE  servent à quelque chose. On prouve que c’est une bonne école.

Votre statut de Bronze à 30 ans a fait grincer des dents ?

Je n’ai pas de catégorisation FIA car mon statut de Bronze a été donné par le promoteur. J’ai une saison et demie de sport auto derrière moi et une première licence internationale décernée après 30 ans. J’ai tout d’un Bronze et le rythme d’un Bronze. J’ai passé ma soirée du mercredi à étudier les caméras embarquées et le week-end à travailler avec l’ingénieur, Mathias et Romain. J’ai pris la mesure du côté exceptionnel de ce qui m’arrivait. Mon père a attendu 60 ans pour rouler sur un circuit, moi c’est à 30 ans.

DB Autosport est une belle découverte ?

Je n’ai jamais autant remercié quelqu’un à qui je donnais de l’argent (rires). DB Autosport est une équipe familiale dirigée par Daniel et Quentin Bassora. Ils font cela par passion. Au-delà de l’expérience sportive, il y a l’expérience humaine qui va avec. J’ai retrouvé chez DB Autosport l’ambiance des débuts chez TDS Racing, à savoir une équipe professionnelle où il fait bon vivre. Quand je pense que la veille d’avoir cette opportunité, je regardais une Story sur Instagram d’un autre pilote qui venait de diffuser la livrée de sa NP02 en me disant qu’elle était très belle et que cela me plairait de rouler un jour dans ce type de voiture.