WEC

Vécu - Aston Martin Valkyrie, première émotion …

WEC
20 mar. 2025 • 9:00
par
Laurent Cartalade (MPS Agency)
Suite aux débuts de l'Aston Martin Valkyrie LMH en WEC au Qatar, Laurent Cartalade, photographe bien connu de MPS Agency, a pris la plume pour écrire son ressenti sur la nouveauté de l'année en Championnat du Monde d'Endurance.

Le sport automobile m’a toujours attiré depuis ma plus tendre enfance. La photographie est venue bien plus tard et m’a permis, au fil des années, de devenir un modeste acteur de ce milieu. C’est avec une certaine impatience que je me suis rendu au Qatar pour couvrir le Prologue. Il y avait certes le manque provoqué par la coupure hivernale, le lancement d’une nouvelle saison, mais surtout les premiers tours de roue en compétition de l’Aston Martin Valkyrie.

 

J’aime les voitures qui ont du caractère, de belles courbes et qui font du bruit (désolé si ce n’est pas politiquement correct au XXIe siècle, mais après tout, je suis d’un temps où l’automobile représentait bien plus qu’un simple mode de locomotion). J’avoue avoir un faible pour les GT de la marque de Gaydon, qui se sont succédé en endurance, et les premiers visuels de cette belle Anglaise dans sa robe verte ou bleue m’avaient déjà séduit. Il ne me manquait plus qu'à la découvrir dans son nouvel environnement.

 

C'est toujours une sensation particulière lorsque je couvre la première séance d’essais sur un circuit, surtout quand elle marque le coup d’envoi d’une nouvelle saison. Une excitation palpable s’empare de moi, une fascination qui me maintient en haleine pendant quelques minutes. Je redeviens un véritable passionné, happé par l’instant, me laissant porter par l’énergie de ce moment. C’est une parenthèse presque magique où l’adrénaline des premiers tours me rappelle pourquoi ce sport me captive tant. Puis, progressivement, je reprends mon rôle et les automatismes reprennent le dessus. Mais ce frisson initial, ce bref instant où je redeviens un simple enfant émerveillé, reste une sensation particulière. Ça doit être cela, au fond, la passion.

C’est donc dans cet état d’esprit que je me suis rendu à mon endroit préféré du Circuit de Losail : le virage 6. Il permet à la fois de capturer des images sous différents angles et de juger du comportement des voitures en piste. Le feu vert au bout de la voie des stands a libéré les concurrents, et très vite, la piste s’est animée. J’ai enchaîné les clichés, mais il m’a fallu m’armer d’un peu de patience pour voir enfin l’Aston Martin Valkyrie évoluer sur le tarmac. Sans grande surprise, le chant du V12 atmosphérique a précédé l’arrivée du prototype britannique, et j’ai instinctivement retiré l’un de mes bouchons d’oreilles pour ne rien perdre des décibels produits par le moteur de la Valkyrie. Où qu'elle soit sur le circuit, on entend la bande sonore délivrée par son moteur de 680 ch, sans équivalent dans le sport automobile actuel où les motorisations turbo sont devenues légion. La Cadillac V-Series.R n’est plus la seule à évoluer avec un moteur atmosphérique, et cela fait du bien aux tympans. C’est ce moment-là que j'attendais depuis mon arrivée au Qatar, celui que les fans d’endurance auront aussi à cœur de vivre cette saison.

 

Le V12 de 6,5 l développé avec Cosworth n’est pas le seul atout de la Valkyrie. À l’arrêt, au fond de son box ou en piste, elle attire instinctivement l’œil. Ses lignes épurées, son aérodynamique soignée et sa décoration vont très vite, j’en suis persuadé, en faire une icône de la discipline. La silhouette de ce prototype, conçue comme une véritable F1, en fait une véritable œuvre d’art mécanique qui a déjà donné un sacré coup de vieux à bon nombre de ses rivales. Adam Carter et son équipe ont su préserver l’ADN de la version routière conçue par Adrian Newey et en faire une machine de course radicale, sans système hybride.

 

Certes, ce n’est pas pour le moment la voiture la plus rapide du plateau. Les bureaux d’études d’Aston Martin et de Multimatic n’ont sans doute pas bénéficié des mêmes ressources que ceux mis en place par Ferrari, Toyota ou Porsche. Il reste beaucoup de pain sur la planche avant d’espérer atteindre les sommets et extraire pleinement le potentiel de cette Valkyrie. Il faut juste espérer qu’Aston Martin et son partenaire Heart of Racing en aient les moyens financiers et que cette nouvelle voiture ne connaîtra pas le destin de la Glickenhaus SCG 007 ou de la Lamborghini SC63.

Le projet Hypercar d’Aston Martin a au moins le mérite de me faire rêver, de me faire vibrer, et c’est avant tout cela l’idée que je me fais d’une voiture de sport et du sport automobile en général. Un peu moins de technologie et un peu plus de « Old-school racing passion » dans les veines. Je vous l’accorde, je suis un doux rêveur, un poil nostalgique d’une époque où il ne fallait pas une batterie d’ordinateurs et d’ingénieurs pour faire rouler un prototype ou une GT. Mais il faut bien vivre avec son temps, et pour attirer les constructeurs, il faut leur donner une plateforme qui ait du sens pour s’engager. L’ACO et l’IMSA ont trouvé la bonne recette et, pour notre plus grand bonheur, les constructeurs se bousculent au portillon. Une fois que les conseils d’administration de ces grandes marques ont appuyé sur le bouton et investissent des millions, il est normal que la victoire devienne une nécessité stratégique, et le romantisme du sport, qui s’est parfois manifesté par des histoires inspirantes ou des performances exceptionnelles, se trouve relégué au second plan.

 

Cependant, je reste persuadé qu’il y a quelque chose de plus grand que la victoire. Devenir éternel dans l’esprit collectif n’est pas donné à tout le monde. Raymond Poulidor est bien devenu une légende du cyclisme sans jamais gagner le Tour de France, et la Toyota GT One est une icône, malgré le fait qu’elle ait échoué dans sa quête du Graal. Au-delà des podiums, certaines personnes, certaines voitures transcendent leur époque par leur audace, leur performance, leur philosophie et l’émotion qu’elles suscitent. Je suis persuadé que cette Aston Martin Valkyrie possède tous les ingrédients pour atteindre cette dimension mythique et marquer ce nouvel âge d’or de l’endurance.

 

Commentaires (6)

Connectez-vous pour commenter l'article

david.olsztynski@orange.fr

20 mar. 2025 • 10:21

Le bruit fait partit du spectacle , c'est du sport automobile !! perso je me suis forcé à regarder la formule E ( c'est nul à ch...) c'est comme regarder un film avec Bruce Willis sans explosion . D'ailleurs la formule 1 parle de revenir au V10 . En tout cas vive les moteurs rotatifs , V12 , V10 , V8 et non merci à l'électrique ( de moins en sport auto ) laisser nous rêver !!!!!!!!

Skyd

20 mar. 2025 • 12:52

Je suis complètement d accord avec le bruit fait partie du spectacle.
Tout comme l odeur !
C est un spectacle en 3D!

Juxor

20 mar. 2025 • 13:00

Très beau récit partagé par un passionné !
J'ai moi-même hâte de la voir et de l'entendre au Mans en juin prochain 🥰

MotorsportColors

20 mar. 2025 • 13:29

La Valkyrie est magnifique, j'ai hâte de la voir à Spa puis au Mans. J'espère qu'elle disposera des moyens pour durer au moins aussi un longtemps que la regrettée Glykenhaus. L'ACO doit encore travailler pour permettre la présence de tels projets.

deltawing56

20 mar. 2025 • 15:41

hâte de la découvrir et de l'entendre au Mans. Oui, le bruit fait partie intégrante du sport automobile et ras le bol de l'aseptisation !!!