Vécu

Le circuit a ses limites de piste, le Vendée Globe a sa ZEA

5 déc. 2024 • 12:00
par
Laurent Mercier, au Musée de la Marine
Photo : CLS

Après une première visite au Vendée Globe une semaine avant le départ de la course, Endurance-Info prolonge le bail avec le tour du monde à la voile en solitaire, sans escale ni assistance. A l’heure où ces lignes sont écrites, ils sont encore 38 en course (40 au départ) sur l’Everest des mers, le plateau étant échelonné sur environ 8000 km.

 

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Nous avons répondu à l’invitation du Vendée Globe au Musée de la Marine (Paris) pour échanger sur la surveillance des icebergs qui peuvent handicaper la marche en avant des skippers. En course automobile, les pilotes doivent faire attention aux limites de piste. Sur l’eau, les marins se doivent de surveiller la ZEA (Zone d’Exclusion Antarctique) sous peine d'écoper d'une pénalité. La ZEA peut être remontée si de nouveaux icebergs sont détectés ou au contraire abaissée si les icebergs se sont éloignés. 

 

Durant plusieurs semaines, les navigateurs sont assez proches de l’Antarctique. CLS (Collecte Localisation Satellites) veille sur le plateau du Vendée Globe via une cartographie en temps réel afin d’anticiper les trajectoires des icebergs et ajuster les zones d’exclusion. Les équipes de CLS peuvent compter sur des satellites altimétriques, des satellites radar et des satellites optiques. Près de 100 personnes travaillent sur la sécurisation du Vendée Globe.

Centre de surveillance CLS (photo : CLS)

« Juchés à près de 700km à l’aplomb des marins, les satellites utilisés par les experts de CLS délivrent leurs données depuis le milieu de l’été pour leur permettre d’évaluer la situation et de géolocaliser le risque icebergs, explique Alain Leboeuf, président du Vendée Globe. CLS société à mission, généralement mandatée pour étudier, protéger la planète et gérer durablement ses ressources, utilise 3 types de satellites pour détecter les icebergs pouvant menacer la vie des skippers. » Début septembre, une première version a été proposée à la direction de course.

 

« 200 images radar seront analysées pour détecter les icebergs les plus importants, confie Franck Mercier, expert glace à CLS. Un iceberg est scruté de près, il s’agit d’un iceberg tabulaire de 20 km de long, équivalent à la taille de l’île de Noirmoutier, suivi par CLS depuis sa découverte en juillet dernier. Cet iceberg est en effet générateur de growlers, indétectables par satellite mais dont la présence probable est estimable. »

 

En pleine conférence de presse, un échange en direct vidéo depuis le bateau Initiatives-Cœur de Samantha Davies qui a laissé derrière elle le Cap de Bonne Espérance. La technologie permet d’avoir une liaison audio/vidéo parfaite. Même constat un peu plus tard avec Guirec Soudée (Freelance.com) en plein creux de 4 à 5 mètres. Pour l’anecdote, un échange avec Jean-Luc Van Den Heede (12 cap Horn à son actif) depuis les Sables d’Olonne était bien moins net sur le son et la vidéo.

Carte de détection d'icebergs avec les images radar (photo : CLS)

Les marins doivent surveiller cette ZEA et la direction de course veille au grain. « Cette ZEA est clé dans la sécurisation de la course, les skippers n’ont pas le droit de la franchir sous peine de pénalité, mais la plus grande pénalité serait le risque encouru, explique Hubert Lemonnier, directeur de course du Vendée Globe. Avec l’avancée des technologies, les bateaux sont de plus en plus rapides, une collision avec un iceberg serait d’autant plus fatale et même si le risque zéro n’existe pas, c’est de notre devoir de solliciter tous les experts compétents pour nous aider à accomplir notre mission : ramener tous les skippers aux Sables. » La pénalité peut aller de 2 à 24 heures. Pour éviter la pénalité, le marin doit ressortir par le point où il est entré.

Focus zone de détection d'icebergs (photo : CLS)

Chaque iceberg détecter par satellite est introduit dans un modèle de dérive et de fonte, prenant en compte les courants, le vent et les températures. CLS simule non seulement la dérive des icebergs, mais aussi leur dislocation en fragments plus petits, potentiellement dangereux pour les bateaux. Les bulletins de prévision, transmis à la direction de course, permettent des ajustements de la ZEA. Les zones ajustées devant le leader de la course.

 

Chaque iceberg a un identifiant pour un suivi complet. Depuis le départ, CLS a détecté plusieurs milliers d’icebergs et plusieurs relativement proches de la ZEA, mais assez loin pour ne pas relever la ZEA.

Photo : DR

Ce jeudi matin, Charlie Dalin mène la course sur Macif Santé Prévoyance, 93,98 NM devant Sébastien Simon sur Groupe Dubreuil. Yoann Richomme occupe le troisième rang sur Paprec Arkéa. Malheureusement, le Vendée Globe 2024/2025 compte un deuxième abandon. Après Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne), c’est Louis Burton sur son IMOCA Bureau Vallée qui doit rebrousser chemin et rejoindre Cape Town. Une sérieuse avarie sur un élément mécanique du gréement l’empêche de poursuivre la course.

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