En immersion sur l'UCI Track Championship League
Vous le savez, sur Endurance-Info on aime bien aller à la découverte d’autres sports. Cette fois, nous avons rendu visite à l’UCI Track Champions League sur le magnifique Vélodrome National de St Quentin-en-Yvelines situé 1 rue Laurent Fignon. Tout un programme.
Les parallèles avec ce qu’Endurance-Info couvre quotidiennement sont multiples. Il y a une piste, du sprint, de l’endurance, de l’aspiration, de la stratégie, des limites de piste, un safety-car, des qualifications, des mécaniciens, des watts, des rookies, un paddock, une salle de presse, un classement et un ‘powered by AWS’ comme en GT World Challenge. Le ton est donné.
L’UCI Track Champions League, c’est quoi ?
Le championnat comprend cinq rendez-vous en trois semaines dans trois pays : France, Pays-Bas, Angleterre. Organisé par ‘Warner Bros. Discovery Sports Europe’, l’UCI TCL comprend 72 cyclistes (36 hommes, 36 femmes) représentant pas moins de 28 nations (4 Français). Quatre catégories (18 cyclistes par catégorie) sont en piste séparément : Sprint, Scratch, Elimination, Keirin. Pour cette quatrième saison, on retrouve 10 champions du monde UCI et 6 médaillés d’or. Chaque cycliste roule pour lui-même sous les couleurs de son pays. Les vélos utilisés sont à pignon fixe et sont dépourvus de système de freinage.
Le Scratch est une course de 20 tours, l’Elimination fait qu’un coureur est éliminé sur chaque tour, le Sprint se court sur trois tours et le Keirin se dispute deux tours derrière un derny (mobylette électrique) avant trois tours à fond. Le draft est autorisé.
Du spectacle sur la piste et en dehors
Il ne faisait pas vraiment mettre un cycliste dehors samedi après-midi dans la région parisienne avec des restes de neige au sol. Par chance, les acteurs de l’UCI Track Champions League pédalaient à l’abri sur un circuit long de 250 mètres et les 4000 personnes qui ont répondu à l’appel du vélo étaient bien au chaud dans une ambiance électrisée.
Pour ma part, ma seule expérience sur piste remontait à 2020 à Adelaide (Australie) en marge du Tour Down Under. Avec l’UCI TCL, le sport auto n’est pas loin puisque la promotion est faite ICE (International Concept Event), la même équipe qui s’occupe des 6H de Spa (WEC). De quoi voir des têtes connues des paddocks, à commencer par Renaud Jeanfils.
L’UCI Track Championship League fait penser à une grosse boîte de nuit avec ses jeux de lumière terribles et sa bande-son qui rappelle les plus folles soirées en boîte de nuit sans le côté drague. Les spectateurs viennent voir un spectacle sportif au sens large du terme. L’aire centrale est réservée au paddock qui comprend la préparation des cyclistes qui suent sur les rouleaux avant de se déchaîner sur le dancefloor et brûler des calories et développer des watts à outrance. Toi t’en chies quotidiennement sur ton home trainer à développer un maximum de watts sur les entraînements. L’Israélien Mikhail Yakovlev, 1m99 et 103 kg, est capable de développer 2840 watts 🙈. Matthew Richardson, qui a brillé hier soir, peut donner 31,8 w/kg. Pour Mathilde Gros, c’était 205 battements/minute lors de la première épreuve du keirin. Le keirin, c’est deux tours derrière le derny, que l’on peut qualifier de safety-car. Il reste ensuite trois tours pour faire la différence. Les 72 cyclistes peuvent développer un total de 116 717 watts, soit assez pour allumer les 20 000 lampes de la Tour Eiffel.
Sur l’UCI TCL, pas de BoP entre les cyclistes ou de success ballast. Clément Petit, 23 ans, 1m81 pour 66 kg, fait face à Dylan Bibic, 21 ans, 1m85 pour 82 kg. Les deux pédalent dans la série Endurance, chacun avec ses armes. Le Sprint demande d’avoir des muscles et de la puissance, tandis que l’Endurance est plus proche de la route. Le timing est condensé car tout se déroule de 17h05 à 20h40 avec une compétition femmes suivie dans la foulée d’une compétition hommes. Facom assure l’assistance technique nécessaire entre les roulages : lubrification de la chaîne, pression des pneus, serrage et tous les réglages au millimètre.
Des watts, toujours des watts...
Les cyclistes britanniques font confiance à un vélo conçu par Lotus. Le poids mini d’un vélo est fixé par l’UCI à 6,8 kg. Les Français utilisent le Look T20 testé et produit à Nevers. Le T20 est 10% plus léger (800 grammes en moins) que son prédécesseur avec une réduction de 11% de la trainée et + 27% de transfert de puissance, le tout permettant un gain de 30 watts pour un sprint de 200 mètres. Il a fallu quatre années de recherche et développement entre Look pour le châssis et Corima pour les roues. Le pédalier monobloc de piste ZED permet un contrôle parfait des couches de carbone dans toutes les parties du cadre, en éliminant les jonctions entre les manivelles et l’axe. Look a encore fait mieux que le T20 en sortant le P24 qui a demandé l’élaboration de 33 versions successives du châssis.
Sur la magnifique piste en pin de Sibérie longue de 250 mètres de long pour 8 mètres de large avec un rayon constant de 23 mètres et des virages relevés à 44°, les séries s’enchainent les unes après les autres dans une ambiance surchauffée emmenée par Marc Charvet, le speaker du Tour de France. Aucun temps mort et aucune chute à signaler sur l’ensemble de l’événement. Juste des watts et encore des watts. Comme sur circuit, on peut parler des limites de piste. Une ligne noire représente la distance la plus courte et la plus rapide. Une ligne rouge indique que les coureurs doivent se trouver au-dessus de cette ligne s’ils dépassent dans le canal du sprinteur situé entre les lignes noire et rouge. Quant à la ligne bleue, elle sert au coureur éliminé qui doit rester au-dessus de cette ligne pour ralentir et sortir de la piste en sécurité.
Tout au long de la manifestation, la communion avec le public est constante, tant la proximité avec les acteurs est là. Pour 125 euros, vous avez accès à l’aire centrale (sans accès paddock) pour une meilleure immersion. Quand on vous dit que le sport auto n’est pas loin, vous croisez dans le paddock Antoine Gall, jusque-là event manager qui a officié dans le passé chez Renault Sport, ou encore Marc Minari qui présente le WEC sur la chaine l’Equipe. Certes, la vitesse n’est pas la même que sur un circuit automobile mais tout de même. Il y a une compétition sportive et un show.
Le merchandising a été dévalisé, et j’y ai en partie contribué. L’UCI Track Champions League, diffusé sur Eurosport et la chaine l’Equipe, prend peu à peu de l’ampleur dans le paysage du cyclisme sur piste. Chaque leader de catégorie repart avec un maillot bleu qu’il pourra arborer la semaine prochaine aux Pays-Bas à Omnisport Apeldoorn. Un mot sur la communication de l’événement où l’Endurance ferait bien de s’en inspirer sur pas mal de choses concernant les informations données aux médias et au public. Peut-être aussi que l'on doit cela au côté découverte. Pour ma part, j'ai un seul regret, celui d'avoir raté l'initiation à la piste où les journalistes qui le souhaitaient avaient la possibilité d'enfourcher un vélo pour faire quelques tours du Vélodrome National. Partie remise...
Commentaires (1)
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Jf76
24 nov. 2024 • 15:53
Merci Laurent et endurance info.👏👍😉