Vécu

Mondial de l'Auto 2024, un bond dans le passé d'un salon électrifié

17 oct. 2024 • 19:00
par
Laurent Mercier, retour vers le futur

Mercredi 6 octobre 1982, 3h30 du matin. Direction le 69e Salon de l’Automobile de Paris en Renault 5 GTL, celle avec les protections latérales. A cette époque, je ne suis encore qu’un gamin qui n’a pas cours le mercredi, ce qui facilitait les choses bien loin des 24H du Mans où il fallait manquer le samedi matin. Nous partons à Paris à quatre avec mon père et deux de ses collègues qui travaillaient eux aussi en concession Renault. Dans les années 80, c’était un périple.

Pour nous, les choses tournaient mal au petit matin avec la casse du pare-brise qui, à cette époque, n’était pas feuilleté. Plein de verre dans la voiture et l’impression d’être à l’air libre. Il fallait donc trouver un garage Renault en chemin pour changer le pare-brise. Le garagiste n'avait pas le temps, donc il a fallu qu'ils le changent eux-mêmes. J’ai le souvenir de l’histoire d’une ficelle dans le joint de pare-brise ou un truc du style. C’est à peu près tout ce qu’il me reste de mon premier déplacement au Salon. Ce dont je me souviens tout de même, c’est d’avoir vu la Renault 5 Turbo 2 avec ce slogan sur le stand « Renault, l’esprit de compétition ». Il y avait aussi cette Citroën BX rouge avec ses vitres teintées exhibée sur un mur. 1982 rimait aussi avec les présentations des Ford Sierra, Peugeot 505 Turbo et Opel Corsa. Gamin, ce Salon de l’Automobile de Paris faisait rêver car on y voyait un tas de voitures pour la première fois, surtout quand on arrive du fin fond de la province. Une époque révolue !

 

Depuis, je suis régulièrement retourné à la Porte de Versailles au mois d’octobre, la dernière fois remontant tout de même à 2012, l’année de la présentation de la Bentley Continental GT3. Quarante-deux ans après ma découverte, me voilà de retour sur un salon qui a pris le nom de Mondial de l’Auto. Quand on connaît la morosité de l’automobile du moment, ce déplacement vaut-il le coup ?

Ce qui me change par rapport au passé, c’est que je ne vais plus à la Porte de Versailles en voiture mais bien en train. Il faut savoir que ce Mondial n’occupe pas tous les halls car se tient en même temps le salon Big Data & AI Paris 2024 dans le hall 3 (15/16 octobre). Intelligence artificielle ou la bagnole, faites votre choix. Le mien est vite fait.

 

En regardant de près le plan, je remarque que je n’ai jamais entendu parler de la moitié des marques, moi le gars qui possède encore plusieurs dizaines milliers de prospectus (oui on appelait cela des prospectus) de toutes marques. Les Maxus, Dongfeng, Skyworth, XPeng et autres GAC font la part belle à l’électrique. Finalement, c’est tout le Mondial de l’Auto qui est électrifié. Les voitures électriques, dont certaines sont tout de même très moches (question de goût), pullulent sur les stands. Il fut un temps où le public se déplaçait pour rêver, voir des choses inédites. Là, il se déplace pour voir quelle électrique a le plus d’autonomie.

Même les noms des modèles sont devenus compliqués. Qui a trouvé le nom de la BYD Seal U DM-i ? Alors, ok ce SUV au nutriscore automobile A peut avaler jusqu’à 1080 km. BYD pour Build Your Dreams ? Ce qui est sûr, c’est que ça ne construit pas mon rêve, moi qui aime la bagnole, la vraie. Finalement, peut-être que c’est moi le has been de l’automobile. La Chine veut investir le marché automobile européen avec une prévision de 12% en 2030. Sans moi ! 

Imaginez que le stand Ligier est aussi grand que celui d’un constructeur généraliste et on ne parle pas de JS P320 mais bien de JS50 et JS60. C’est là où je prends un sérieux coup de massue. Moi à 10 ans, je voulais juste m’asseoir dans une R5 Turbo 2. Maintenant, les jeunes s’assoient dans une voiture sans permis avec l’espoir d’en posséder une dès 14 ans. Attention car la Ligier JS50 Sport Ultimate est équipée d’une tablette tactile, d’une caméra de recul et de sièges simili cuir. Il est même possible d’avoir les sièges chauffants en option, le tout dès 15 499 euros. Quand je pense que j’ai harcelé mes parents pour avoir un Peugeot 103 MVL à 5000 francs (environ 1500 euros). Tu m’aurais donné une voiture sans permis à 14 ans, elle n’aurait pas fait le moindre kilomètre. Les temps changent… La voiture sans permis se décline dans toutes les versions avec un marché qui a doublé entre 2019 et 2023 pour arriver à quasiment 30 000 autos/an. Et encore je ne vais pas vous parler de la Microlino au look discutable. Chez Citroën, la célèbre Croisière Noire s’est transformée en Croisière Verte avec les Citroën Ami. Certes, c’est toujours en Afrique mais les autochenilles qui ont parcouru 20 000 km ont cédé leur place à quatre Ami qui vont boucler 14 000 km en totale autonomie jusqu’au Cap. Bon courage ! 

Sur ce Mondial de l’Automobile 2024, les deux stands les plus prisés sont français. Cocorico ! Renault et Alpine se taillent la part du lion ou plutôt du losange. Les Renault 5 et Renault 4 sont les stars du dancefloor. J’étais à la mode avec la R5 GTL pour aller au salon en 1982, sans compter que ma première voiture était une R5 TX. Tout ramène à la R5 et le public l’a compris. Tout le monde a une histoire avec la R4 et/ou la R5. Les deux font partie du patrimoine automobile français même si elles n’ont plus rien à voir avec les modèles originaux. Les modèles actuels, il faut les brancher comme un téléphone pour qu’elles fonctionnent. Sortez-moi une R5 Alpine thermique !!! R4, R5, R17 et Estafette sont bien en place chez Renault avec même une R16 ‘Europe 1’ du Tour de France 1969. La pauvre Volkswagen Golf 1 GTi exposée sur le stand VW est carrément snobée. Chez Alpine, l’A290 est la star au même titre que l’Alpenglow et l’A110 R Ultimate. Ford y va aussi de sa touche rétro avec la Capri et son look qui permet de dire que ‘Capri c’est fini’.

Côté sport, aucune Formula E sur un salon qui se veut pourtant électrique. En revanche, on y voit la Peugeot 9X8, la BMW M Hybrid V8 ‘Art Car’ et même l’Audi R18 e--tron quattro de Fässler, Tréluyer et Lotterer (Le Mans 2014) qui trône fièrement sur le stand Audi. Il y a bien quelques GT de Schumacher CLRT mais c’est à peu près tout. Porsche, Ferrari, Lamborghini, McLaren, Maserati, Aston Martin et Mercedes brillent par leur absence. Il y a bien les expositions comme l’espace Pop Culture et Dream Zone pour sortir des sentiers battus.

Mes trois achats au Mondial 2024

N’espérez pas revenir les bras chargés de goodies et de catalogues car ce temps est lui aussi révolu. Personnellement, je suis revenu avec trois miniatures : Renault 5 Turbo 3E, Alpine A290 GTS, Renault 4 E-Tech. Electrique ou pas, tout me ramène indirectement à la R5 et la bonne vieille 4L de mes grands-parents. Finalement, je suis comme le public et les constructeurs, je me raccroche au passé... 

Toutes les photos du Mondial de l'Auto 2024 sont ICI

 

Commentaires (6)

Connectez-vous pour commenter l'article

FastLM

18 oct. 2024 • 7:20

Et bien merci Laurent, ça me conforte dans l'idée que ne pas y aller était une bonne "ID" !

dmeyers

18 oct. 2024 • 9:43

Ah le salon ! mon premier en 1969, j"avais 11 ans, n'en est manqué aucun jusqu'en 2018. 2022 ? Pas le temps pas motivé, cette année ? Même pas en rêve ! Ces autos nucléaires chinoises me ferais plutôt faire des cauchemars, quant aux Renault, comment en parler en restant bien élevé ?!

steph73

18 oct. 2024 • 12:37

Non Laurent vous n'êtes pas has been. C'est vrai que tous ces smartphones à quatre roues sont plutôt déprimants...

Iragos

18 oct. 2024 • 13:35

Merci pour cet article, j'ai personnellement fait le salon en 2010, j'avais 10 ans, mes yeux brillaient devant la Sesto Elemento, le gros événement du salon de l'auto, mais il y avait aussi nombre de voitures de course, S7.R, R10, C6.R etc... que cela semble loin avec toute ces horreurs électriques et ces marques absentes du salon, et je ne parle même pas des remplaçantes de la "sainte trinité" la Ferrari F80 et son V6 est à des années lumières de la Laferrari...

Ce marché automobile est censé me concerner directement du haut de mes 24 ans, mais je vais me contenter d'un Z4 merci.

vsf1team

22 oct. 2024 • 17:29

Merci Laurent pour l'article. Cela fait bien moins rêver que les anciens salons avant le covid et la vague électrique.