Nismo - 40 ans de gloire ... et de gadins (partie 2)
Nous l'avons vu dans la première partie, les 24 Heures du Mans ont constitué le premier programme international majeur de Nissan Nismo dès les premières années du lancement de la division compétition du constructeur de Yokohama.
Pourtant, jamais une Nissan ne se hissera sur la plus haute marche du podium sarthois, malgré quelques années intéressantes, comme avec la R390 GT1. Pourtant, l'endurance, Nissan s'y imposera, que ce soit en IMSA ou en GT, les deux autres programmes phares au niveau international.
L'IMSA, terrain de conquête de Nismo
Si des Datsun / Nissan ( ont été vues dans les classes GT dans les années 70, dès 1985, les Etats-Unis servent de territoire d'exportation pour Nismo, à une époque où les entreprises japonaises dans leur globalité investissent toujours plus le marché américain.
Comme pour les 24 Heures du Mans avec March, Nismo s'attache les services de partenaires pour mener à bien son engagement américain. Electramotive Engineering est ainsi désigné comme entité de référence pour gérer le programme, avec Lola en tant que constructeur châssis.
Dès 1984, les premières ébauches sont réalisées en Grande-Bretagne, avant qu'un bloc Nissan VG30ET ne soit installé dans un châssis Lola T810 et expédié aux Etats-Unis, comme nous l'évoquions ICI
Après une campagne de préparation en 1985, les premiers résultats d'envergure arrivent dès l'année suivante, avec un podium pour Geoff Brabham et Elliot Forbes-Robinson à Portland avec celle que l'on appelle désormais Nissan GTP ZX-T (T pour Turbo).
Si les courses d'endurance américaines comme Daytona et Sebring sont dans un premier temps évitées par Nismo, il ne faut pas attendre bien longtemps pour voir le premier succès de la Nissan GTP ZX-T, puisque Brabham et Forbes-Robinson dominent la 2e course de l'année en 1987 à Miami. Ceci avec de nettes évolutions sur la voiture comme l'indique Chris Willes, ingénieur Electramotive Engineering pour Endurance-Info.
« En 1987, le team abandonna la boîte de vitesses transversale Weismann qui ne donnait pas satisfaction pour une boîte Hewland VGC. Cette même année, l'équipe s'attela à la réalisation d'un nouveau châssis et d'une nouvelle conception de la suspension avant. Le nouveau châssis était plus rigide et la suspension plus accessible. Electramotive fabriqua son propre boîtier électronique - EECP pour Electronic Engine Control Processor - et lui apporta sans cesse des améliorations, ce qui eut un impact très positif sur les performances et la fiabilité. Tous les systèmes mécaniques furent également examinés en détail et remplacés par de nouveaux systèmes après un examen approfondi des défaillances des anciens systèmes. » Nissan, meilleure force pour contrer la domination de Porsche, quasiment invaincu entre 1973 et 1987 avec 14 titres sur 15 possibles ? La réponse sera oui.
1988 : Geoff Brabham, secondé par plusieurs pilotes, s'offre dix victoires et le titre Pilotes. 1989, ce même Brabham double la mise, Nissan décrochant la couronne Constructeurs, délogeant Porsche. Mieux, les premières sorties sur les célèbres épreuves Endurance outre-Atlantique se soldent par une victoire aux 12 Heures de Sebring avec Chip Robinson, Geoff Brabham et Arie Luyendyk. Forcément, cela donne des idées à Nissan pour aller décrocher les 24 Heures de Daytona, où la voiture a débuté mais abandonné.
Pour cela, il faut changer d'échelle. En 1990, Electramotive Engineering est intégré à Nismo sous la bannière Nissan Performance Technology Incorporated. L’équipe prend possession de nouveaux locaux à Vista, en Californie. Sont alors à disposition une soufflerie, un atelier de composites ... Trevor Harris développe une toute nouvelle voiture : la NPT-90, mue par un V6 turbo de 3 litres de plus de 950 ch.
Si les GTP ZX-T officielles débutent la saison, ne terminant pas à Daytona, la nouvelle venue se montre à la hauteur et Brabham conserve son titre tout comme Nissan. La marque empoche également une deuxième fois d'affilée les 12 Heures de Sebring, cette fois avec Derek Daly et Bob Earl. C'est même un doublé avec Chip Robinson et Geoff Brabham sur la seconde voiture.
Daly, associé à Geoff et Gary Brabham, double la mise en 1991 pour une troisième victoire à Sebring, toujours avec la NPT-90 qui assure un nouveau doublé. Geoff Brabham décroche en outre son 4e titre consécutif chez les pilotes. Mais Daytona manque toujours à l'appel malgré l'envoi depuis l'Europe des R90CK, la n°83 de Geoff Brabham, Bob Earl, Derek Daly et Chip Robinson terminant 2e, loin du Joest Racing et de la Porsche 962 lauréate, avec notamment Henri Pescarolo et Bob Wollek.
Et ce sera finalement l'engagement japonais qui viendra à bout de Daytona. Les R90CK sous bannière NPTI sont reconduites en 1992, mais c'est la R91CP - Nismo de Masahiro Hasemi, Kazuyoshi Hoshino et Toshio Suzuki qui s'impose et offre enfin le succès sur l'épreuve de 24 heures à Nismo pour la dernière année de présence officielle.
A ce tableau, il ne faut pas oublier les nombreux titres obtenus dans les classes GT en IMSA avec les équipes privées comme Cunningham Racing.
Godzilla triomphe
Lancée en 2007 sur les routes, la Nissan GT-R dans sa déclinaison actuelle vient en quelque sorte prendre le relais de la mythique Skyline. Comme nous le verrons dans une prochaine partie, ce modèle a présidé à bon nombre de succès pour Nissan et Nismo en compétition, notamment en tourisme.
C'est logiquement en GT1 que les premières versions compétitions de cette nouvelle venue vont débarquer. Mais la GT-R ne brillera pas au Mans, ne participant pas à la classique mancelle, mais en FIA GT, puis en FIA GT1 World Championship.
Dès 2009, la GT-R est engagée sous bannière officielle avant que le FIA GT ne laisse place au FIA GT1. En 2010, Sumo Power GT et Swiss Racing Team alignent la GT-R dans la nouvelle série, avec une victoire pour chaque structure.
En 2011, Swiss Racing Team est remplacé par JR Motorsports dans le clan Nissan. Ce qui constitue une bonne pioche puisque le duo Michael Krumm - Lucas Luhr empoche le titre Pilotes, JRM échouant toutefois face à Hexis pour la couronne Teams. Et puis ...rideau. La classe GT1 est remplacée par le GT3 l'année suivante. Mais pas de panique pour Nissan. La version GT3 de la GT-R débarque en 2012 sans toutefois être présente en FIA GT1, qui accepte pour sa dernière saison les voitures GT3.
Lancée en 2012 au Japon en GT300, c'est en FIA GT Series et Blancpain Endurance Series que la GT-R Nismo GT3 débute en Europe en 2013. Avec d'emblée le titre Blancpain Endurance Series Pro-Am Cup pour Lucas Ordóñez, issu de la fameuse Nissan GT Academy, offrant la possibilité aux « gamers » venus du jeu Gran Turismo de passer sur la piste, la vraie.
Un coup sportif et marketing parfait, qui aura pour fin malheureuse le programme GT-R LM Nismo (voir première partie). Mais en GT3, le sommet est atteint en 2015. Alex Buncombe, Katsumasa Chiyo et Wolfgang Reip sont titrés en Pro en Blancpain Endurance après avoir notamment remporté l'épreuve du Castellet sur l'exemplaire exploité par Nissan GT Academy Team RJN. Reip et Chiyo sont aussi les artisans du célèbre succès de « Godzilla » sur les 12 Heures de Bathurst avec Florian Strauss.
Sauf que depuis la fin du programme avec Team RJN, les GT-R Nismo GT3 ne sont plus réellement présentes en Europe. Il faut se tourner sur les terres historiques de Nismo pour trouver une trace régulière des GT-R. Le Japon, où Nismo a aussi conquis de nombreux titres, en proto, en GT ou en tourisme.
Troisième partie à suivre : Nismo et le Japon, une histoire d'amour
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