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Nismo - 40 ans de gloire ... et de gadins (partie 1)

24 Heures du Mans
IMSA
Super GT
GT World Challenge Europe
WEC
29 aoû. 2024 • 15:00
par
EI
Nismo fête cette année son 40e anniversaire. Lancée en 1984, la division compétition et performance de Nissan a su créer certains des plus mythiques modèles en sport auto ... pour le meilleur et pour le pire. Première partie avec les 24 Heures du Mans.
© Nissan Media

En 1984, Joest supplée l'équipe officielle Porsche de la meilleure des manières aux 24 Heures du Mans avec le dernier succès d'Henri Pescarolo. En WRC, Audi écrase la concurrence avec sa Quattro et Niki Lauda empoche son dernier titre mondial en F1.

 

Que des grands noms de la compétition qui brillent au moment où, dans l'archipel nippon, Nissan lance en septembre un nouveau département intitulé Nismo (pour NISsan MOtorsports).

 

La marque Nissan est pourtant déjà présente en compétition depuis la fin des années 50, tant en circuit qu'en rallye, avec déjà des voitures de sport (R380, R381 ou R382 qui concourent au Grand Prix du Japon, mettant alors en scène ce type d'autos) ou de production, avec le début de la lignée Skyline. Les Datsun (puis Nissan) font aussi partie des voitures qui ont marqué l'histoire du Safari Rally, avec sept succès entre 1970 et 1982 grâce à Edgar Herrmann et surtout Shekhar Mehta.

 

Mais cette fois, l'effort peut être considéré comme véritablement « usine » et ainsi imiter Toyota, largement présent en rallye, ou Mazda, impliqué en endurance. Voici la suite de cette histoire, avec une première partie consacrée aux débuts et au programme des 24 Heures du Mans.

 

Premiers pas à domicile

 

Pour ses premiers temps, Nismo reprend l'équipement, les bâtiments et l'ensemble des activités de sport automobile de la troisième section du département de Nissan, située dans l'annexe d'Omori, spécialisée dans la vente de kits sportifs pour le sport automobile et leur assistance. Est aussi reprise la division Essais de Voitures Spéciales dans l'usine Nissan d'Oppama, tout en continuant à développer des voitures de course. La fusion de ces deux entités donne naissance à Nismo.

 

C'est logiquement sur ses terres que Nismo débute dès 1985. Le All-Japan Endurance Championship avec le Groupe C, et le All-Japan Touring Car Championship, avec le Groupe A, sont privilégiés. Dans ce dernier, c'est le début de la longue et belle histoire des mythiques Skyline sur laquelle nous reviendrons.

 

Basée sur une March 85 équipée d'un V6 turbo, la R85V Groupe C est engagée par Hoshino Racing et Hasemi Motorsport. La pige en Championnat du Monde des Voitures de Sport est même victorieuse à Fuji pour Hoshino Racing et l'équipage Kazuyoshi Hoshino, Akira Hagiwara, et Keiji Matsumoto.

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Une sorte de rampe de lancement pour Nissan et Nismo pour accéder au Graal de tout concurrent en Endurance : les 24 Heures du Mans. Ce sera le cas dès 1986.

 

Les 24 Heures du Mans, objectif manqué

 

C'est sous bannière officielle que Nismo se présente au départ de l'édition 1986 du double tour d'horloge sarthois. Pour une première, les attentes sont plus que mesurées du côté du Japon, face aux ogres Porsche (et la myriade d'écuries privées comme Brun Motorsport ou Joest Racing). Pourtant, Nismo fera mieux que le double abandon de Mazda, ou encore de Jaguar, avec la R86V n°32 de Masahiro Hasemi, Takao Wada et James Weaver 16e au général, quand la n°23 de Kazuyoshi Hoshino, Keiji Matsumoto et Aguri Suzuki renonce prématurément.

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Une première encourageante suivie d'une seconde participation en 1987, cette fois avec une R87E équipée d'un nouveau V8 turbo. Avec un double abandon à la clé. La R88C de 1988 améliore le meilleur résultat (14e), avec deux voitures officielles et pour la première fois, deux voitures clientes pour Team LeMans.

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L'année suivante, la R89C, nouvellement développée avec Lola, et qui accueille un nouveau bloc V8 VRH35 bi-turbo, veut surfer sur les résultats obtenus depuis 1988 par Nissan avec Electromotive Engineering et Lola en IMSA (voir partie 2). Mais le trio des R89C ne voit pas l'arrivée.

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Cinq R90, dans leurs déclinaisons CK ou CP, sont au départ du Mans en 1990. Malgré de vraies performances en qualifications, avec des puissances démoniaques offrant la pole à Mark Blundell (3'27"0), la n°23 - Nismo de Masahiro Hasemi, Kazuyoshi Hoshino et Toshio Suzuki termine la mieux classée en 5e position au général. Le programme Le Mans / Championnat du Monde s'arrête provisoirement.

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Et c'est en GT que Nissan/Nismo effectue officiellement son retour dans la Sarthe en 1995 avec la Skyline GT-R LM (engagée en LMGT1), dérivée de la voiture engagée en Japan GT Championship, remplaçant en quelque sorte des All-Japan Endurance Championship et All-Japan Touring Car Championship. La Skyline d'Hideo Fukuyama, Masahiko Kondo et Shunji Kasuya termine dans le top 10. Programme reconduit l'année suivante.

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Dès 1997, Nissan s'associe au Tom Walkinshaw Racing (TWR) pour développer une véritable GT1, la célèbre R390. Trop jeune en 1997, la voiture va signer ce qui reste aujourd'hui le meilleur résultat au général de Nismo aux 24 Heures du Mans avec une 3e place en 1998 pour Aguri Suzuki, Kazuyoshi Hoshino et Masahiko Kageyama. Avec trois voitures dans le top 6, l'avenir semble prometteur, mais Nissan revient en Proto avec la R391 (conçue en lien avec G-Force Technologies), avec un lourd échec (double abandon) qui mettra fin, provisoirement au programme Le Mans de Nissan.

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Car en 2014, Nissan annonce son retour dans la Sarthe, avec un projet LMP1 totalement décalé par rapport aux productions de l'époque. Ce sera la fameuse GT-R LM Nismo LMP1. Traction à moteur avant (V6 3 litres bi-turbo), cet OVNI / ORNI se crashera de façon monumentale. La genèse et le développement sont douloureux (dont un échec au crash-test), et les voitures ne sont pas présentes sur les deux premières courses de la saison WEC.

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Au Mans, sans système hybride (débranché), la meilleure GT-R LM Nismo est à près de 16" de la pole. Oui, 16". En course ? Seule la n°22 franchit la ligne, sans être classée, après avoir passé des heures entières dans le box. Les problèmes techniques ont achevé de ruiner la première participation aux 24 Heures du Mans, sans compter que la voiture ne pouvait pas escalader les vibreurs..

 

Bilan ? Un programme qui sera coupé net le 22 décembre 2015. Déjà à cette époque, nous écrivions que la Nissan GT-R LM Nismo avait rapporté « plus que clics que de résultats ». Visionnaires sur l'époque actuelle ?

 

Cette catastrophe industrielle, sportivement parlant, reste à ce jour, le dernier programme officiel Nissan dans la Sarthe.

 

Deuxième partie à suivre : l'IMSA terre de conquête / Godzilla triomphe ...

Commentaires (6)

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Clyde Gazooracing

29 aoû. 2024 • 16:14

Il faut reconnaitre que l'idée initiale de la LM Nismo n'étais pas fou, bien que décalé. Malheureusement, ils ont claqué plus de pognon dans la comm' (vidéo au Superbowl par exemple), que dans le développement même de la voiture. Dommage, on en saura jamais ce qu'elle vaut vraiment avec son système hybride fonctionnel...

julien36

29 aoû. 2024 • 16:32

Ah 2015... quel flop tout de même 😅.
Malgré tout, un grand bravo aux mécanos, ils n'ont pas dormi gros de la semaine, et aux pilotes envoyés au charbon avec un tel mulet.

Question, la ZEOD n'est-elle pas officielle (autre grande réussite) ?

PitchCH

29 aoû. 2024 • 18:33

Hasemi et Hoshino, deux grands noms de l'épopée Nismo en Jgtc et au Mans. J'ai récemment entendu dire que la R90CK avec 1148ch était la GrpC la plus puissante au Mans, mais il est possible que c'était une configuration Jgtc de 1993.

ManuP

29 aoû. 2024 • 22:44

Belle rétro, hâte de lire la suite!
Vous n'avez pas parlé du moteur LMP2 développé par NISMO de 2010-2015? Peut-être pour la suite 😉

Greg78

30 aoû. 2024 • 9:25

Ce que j'adore aussi sur EI, c'est ce genre de rétrospective!
Quelle belle auto que cette R390 GT1, et quel flop cette GTR LM traction et moteur avant, gros coup de comme, mais bel échec...
Impatient de lire la suite.