WEC – Deux voitures minimum par constructeur en Hypercar dès 2025 ?

Que sait-on à ce jour ?

Le sujet a été évoqué à diverses reprises début mars, dans le paddock du Circuit International de Losail. Et si, à l'avenir, les constructeurs étaient obligés d'aligner un minimum de deux autos dans la catégorie Hypercar ? Si elle peut sembler dénuée de sens, cette idée n'a finalement rien de saugrenue, et nous allons tenter de vous expliquer pourquoi.

Mais en préambule, rappelons que c'est déjà le cas en LMGT3 même si les raisons et le principe sont différents. En effet, une marque ne peut pas non plus voir ses intérêts défendus par plus de deux autos, ce qui ne sera pas le cas dans la classe reine bien évidemment, au risque de condamner les écuries privées.

Une BoP plus fiable...

Tout d'abord, il faut tenir compte du nouveau process de BoP mis en place en 2024. Pour rappel, et comme nous vous l'avez expliqué dans les grandes largeurs ICI, le volet appelé Compensation constructeurs prend en compte les performances moyennes de la meilleure voiture de chaque constructeur.

Reste que Cadillac, Isotta Fraschini et Lamborghini ⬇️ ne peuvent compter cette année que sur une seule auto, contre deux à Toyota, Ferrari, Alpine, BMW ou encore Peugeot et cinq à Porsche. Et cela n'est pas sans complexifier la tâche aux personnes planchant sur la BoP. « C'est (le fait que certains constructeurs n'aient qu'une auto sur la grille. Ndlr) forcément plus compliqué, car nous avons moins de datas à disposition » avouait au Qatar Thierry Bouvet, délégué technique international à l'ACO.

En effet, le facteur Pilotes ne peut être pris en considération, sans compter qu'une voiture peut passer complètement à côté de son week-end. Par ailleurs, même si cela n'est pas vraiment lié, l'intérêt que des voitures soient vendues à des écuries privées est que les écuries d'exploitation officielles ne peuvent se permettre de cacher leur jeu au risque de se faire damer le pion par leurs teams clients, cf Porsche Penske Motorsports au Qatar.

…et un championnat constructeurs plus révélateur ?

Par ailleurs, depuis l'édition 2018-2019 du WEC, seule la voiture la mieux classée de chaque Equipe / Constructeur marque des points au championnat Equipes (2018-2021) / Constructeurs (2022-...). Pourquoi ? Dans le but, lors des périodes de vache maigre, de maximiser les chances mathématiques des concurrents de Toyota, à l'instar du Rebellion Racing, puis de Alpine ou de Glickenhaus, qui ne s'appuyaient que sur une seule auto à l'année.

Si le championnat Constructeurs a retrouvé ses droits en 2022 après avoir été renommé championnat Teams en 2018-19, 2019-20 et 2021, ce système est toujours de mise aujourd'hui. L'objectif est toujours le même, à savoir maximiser les chances au championnat Constructeurs de ceux ne comptant que sur une seule auto et que nous avons listés en amont.

Reste que cela est moins révélateur que le système classique en vigueur en WEC en amont de la campagne 2018-2019 ainsi que dans les autres championnats du monde FIA tels la Formule 1, le WRC et la Formule E. Les constructeurs cumulent les points des deux autos habilitées à en marquer. Les championnats autorisant les constructeurs à en aligner plus de deux ne comptabilisant bien évidemment que le résultat de deux autos : les deux désignés en début de saison en WEC et les deux les mieux classées des trois nominées avant chaque épreuve pour le WRC.

Pour l'anecdote, nous nous sommes amusés à recalculer avec cette dotation le championnat Constructeurs Hypercar WEC 2023 qui avait vu Toyota (217 pts) terminer devant Ferrari (161), Porsche (99) et Cadillac (79). Toyota aura fini avec un total de 317 unités contre 234 à Ferrari et 132 à Porsche. Un écart plus significatif de la gifle infligée à ses rivaux par le géant japonais, fort de six victoires en sept courses.

Quel impact sur les engagés ?

Il s'agit d'une information et non plus d'une rumeur, même si celle-ci n'a pas encore été entérinée. D'ailleurs, après avoir eu vent de celle-ci, nous avons profité de notre présence au Qatar pour poser la question à une personne du giron ACO / FIA, qui nous a répondu : « ça pourrait être envisagé ». Voilà qui veut bien dire ce que ça veut dire...

A la question de savoir si les deux voitures doivent être alignées par la même équipe, la réponse serait non, comme c'est le cas déjà en LMGT3 où les deux Aston Martin Vantage sont inscrites sous deux bannières distinctes : D'Station Racing et The Heart of Racing.

Lamborghini et Cadillac – qui est en quête d'une nouvelle écurie d'exploitation après que son divorce avec Ganassi a été officialisé – ne font pas de mystère quant à leurs intentions de doubler les effectifs l'an prochain. Du côté du tandem Aston Martin / The Heart of Racing (qui a dit vouloir venir avec, a minima, une Valkyrie ⬆️) et de Isotta Fraschini, en revanche, le doute demeure.

Par ailleurs, si tout le monde reste et que personne ne change de constructeur, on pourrait arriver à un total de 22 autos en Hypercar (contre 19 cette année), voire 23 si Proton Competition concrétise ses ambitions de deuxième 963. Ce qui pourrait nous donner un total de 40 autos.

Problématique ? Nous savons que LMEM étudie les diverses possibilités qui lui permettraient de faire gonfler son contingent d'engagés à l'année. Mais pour les 24 Heures du Mans, cela ne donnerait plus que 22 places aux concurrents non inscrits à l'année en WEC.  Compliqué, plus encore quand on sait que 15 places sont réservées à la catégorie LMP2, qui n'est plus admise en championnat du monde d'Endurance.