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24H. Daytona - T'as (toujours) la lose Coco ?

IMSA
29 jan. 2024 • 19:00
par
Laurent Mercier, entre Daytona et Miami
Visuel : Quentin Guibert

« Les amis, je dois m'en aller. Je n'ai plus qu'à jeter mes clés. Car elle m'attend depuis que je suis né. L'Amérique » Les plus anciens auront repéré les paroles de la chanson « L’Amérique » de Joe Dassin.

 

Je vous avais quitté avec « T’as la lose Coco » et nous tenons d’ailleurs à vous remercier pour tous vos messages, jusque dans le paddock de Daytona. Ne croyez pas que c’est quelque chose qui a été mal vécu même si financièrement ce contretemps fait mal au derrière.

 

Malgré quelques peaux de banane balancées ici-et-là, aller en Floride en janvier reste toujours quelque chose de sympa, surtout pour nous Européens. On a bien les Marseillais à Miami, même si la culture française s’en serait bien passée, alors pourquoi pas Endurance-Info à Daytona… Ceux qui me connaissent savent que je suis de la génération Miami Vice.

 

Avec un peu de recul, nous avons été face à la lose à à plusieurs reprises à Daytona. Lors de notre première visite en 2009, alors que nous cherchions à mettre du carburant (là on aurait pu nous prendre pour les Marseillais à Miami), la station-service était évacuée car un gars avait eu la bonne idée de vouloir s’immoler avec un briquet et le tuyau de la pompe à essence. Plus tard, deux années de suite, il fallait remettre de la pression dans un pneu plusieurs fois par jour et même le faire réparer. Les aléas des déplacements. Vous me direz, là je vous écris cet article avec un Mac proche du décès qui met trois lettres au lieu d’une, ou qui ne met pas la lettre. American style…

La bonne adresse du petit dej' signée Xavier Combet

Notre changement tardif d’hôtel a été bénéfique car celui trouvé était quasi neuf et surtout équipé d’une bonne douche à l’italienne. Croyez-moi, ici la baignoire est encore la reine. Il nous fallait encore trouver un hébergement pour vendredi et samedi soir. Rien à moins de 200$ la nuit pour le week-end de course. Nous en trouvons un, pas très loin du circuit. Une fois sur place, la réceptionniste, qui ne respirait pas la propreté, me prélève deux fois la chambre, pensant que j’étais un autre Français qui avait appelé peu de temps avant. Elle dit rembourser le trop payé. Avouez que vous attendez maintenant de savoir comment était la chambre.

 

Compte tenu de notre brève expérience Airbnb, celle-ci est mieux. Allez, on va dire 2/10 contre -4/10 à la première. J’ai tout de même l’impression que l’on a dormi dans la chambre du voisin, tant c’était bruyant avec un mec qui regarde la télévision volume 7 toute la nuit et qui braille au téléphone à 3h du mat’. L’hôtel que tu ne gardes qu’une seule nuit. Il nous reste deux nuits pour trouver un hébergement, notamment celui du samedi soir. Pour être honnête, nous avons passé l’âge de la nuit de dormir dans la voiture. Fred Mako, qui avait un hébergement sur le circuit pour la nuit de la course, nous propose gentiment de nous laisser sa chambre située dans un hôtel proche du circuit. L’affaire se complique légèrement car on ne peut pas y aller en voiture et toutes nos affaires sont dans notre voiture stationnée assez loin du circuit.

 

A Daytona, tu prends une navette, que j’appelle vulgairement 'chariotte du diable' dans mon jargon pour aller du parking média au circuit car tu ne sais jamais si tu ne vas pas être obligé de descendre pour pousser dans les côtes. En fonction du trafic, cela peut prendre longtemps, très longtemps. En dernière minute, nous optons pour un Hampton Inn dans les terres à 20 minutes du circuit. Bon choix mais merci Fred pour l’option !

 

En 2009, lors de notre première venue à Daytona, nous étions comme qui dirait les puceaux du Grand-Am. Quand tu n’as jamais fait l’amour, tu regardes des films X sans avoir pratiqué une seule fois. Pour nous, qui couvrions le Grand-Am à distance, c’était notre première fois dans cette immense arène motorisée qu’est le Daytona International Speedway. A cette époque, on parlait de Riley Mk XI, Riley Mk XX, Dallara DP01 ou encore Crawford DP08. Seules les GT nous étaient familières. Ces Daytona Prototype, qui n’étaient pas très belles visuellement, étaient tout de même une attraction pour nous. Elles étaient moches et posées en piste. Pourtant, j’avoue qu’elles me manquent car pour nous, c’était un vrai dépaysement. Toutes les équipes étaient américaines à l’exception des Italiens de Mastercar-Coast 2 Costa Racing et ses deux Ferrari 430 Challenge. Sur place, nous étions de vrais inconnus car les frenchies étaient peu nombreux : Dumas, Collard, Bouchut, Pilet.

2009, le premier Rolex 24 pour Endurance-Info

Quinze ans plus tard, les équipes européennes sont bien plus présentes, tout comme les pilotes. Les autos nous sont elles aussi très familières. Nous sommes loin de « Rendez-vous en terre inconnue. » Les 24H de Daytona 2024 ont connu leur record d’affluence. Combien ? On ne sait pas car aucun chiffre officiel n’a été dévoilé. Les Américains sont souvent « the world famous » mais ils restent plus discrets que les Européens sur le sujet. Du monde, il y en avait. Quinze ans plus tôt, l’enceinte était vide de chez vide. Inutile d’imaginer un rendez-vous Tinder sur place. La convergence est passée par là, les constructeurs répondent présents. Aux Etats-Unis aussi, on sent clairement une passion pour l’Endurance avec des fans qui se foutent royalement de savoir si telle ou telle auto a pris 10 kg et 3 degrés sur l’aileron. Tout le monde s’en cogne. Les fans veulent du racing, des bagarres, des relances musclées, du bruit et…quelques bières. Le reste n’est qu’accessoire. 

 

Au cours de la semaine, nous avons échangé avec des français et belges, ravis d’avoir fait le déplacement. Tous vous diront qu’ici tout est plus facile, plus ouvert et surtout plus respectueux. Ici, si on te dit de ne pas franchir la ligne, tu ne franchis pas la ligne. Bien loin de nos petits soucis d’hébergement, il faut faire le déplacement jusqu’en Floride. Ici, les fans ont les mêmes accès que les journalistes (sauf l’accès à la salle de presse). Il n’y a pas de favoritisme. Nous faisons les interviews des acteurs dans l’allée du paddock près des fans. Tout le monde joue le jeu sans le moindre débordement. Il y a encore ce respect que l’Europe a perdu depuis longtemps. Les mentalités sont différentes et on ne peut que le regretter. Même l’accès aux GTP, pourtant équipées d’un système hybride, sont accessibles. A l’issue de la course, les fans peuvent assister de près aux vérifications techniques et prendre toutes les photos qu’ils veulent. Une allée dédiée proche du pont élévateur a même été installée.

Photo : Endurance-Info

Après l’arrivée, CrowdStrike Racing by APR a réuni des pièces usagées et des pneus pour une distribution gratuite. Je peux vous dire que les pièces ont fait le bonheur des fans. Moi aussi, j’ai joué à cela lors d’une visite à la NASCAR à Talladega où j’ai ramené un petit morceau de capot. Pourquoi ? Le souvenir. TDS Racing, la seule équipe tricolore du plateau, vous le dira mieux que moi. Les courses à l’américaine, c’est autre chose.

Photo : Endurance-Info

Vous voulez voir John Doonan, patron de la série ? Malgré des obligations bien remplies, John a pris le temps de nous recevoir durant 30 minutes pour nous faire part de sa joie de nous voir sur place. En nous accueillant, il nous montre son téléphone en nous disant : « C’est bien vous ça ? » On doit vous dire qu’on a pris peur quelques instants sur le fait d’avoir écrit une connerie, ce que bien entendu nous faisons toute l’année. La photo était celle de la Performance de l’Année 2023 avec Debard Automobiles qui a élu la NASCAR Garage 56 dont s’occupait John Doonan. On lui explique que ce sont les lecteurs d’Endurance-Info qui ont fait ce choix. Sachez que vous, lecteurs, avez été remerciés plusieurs fois par le patron de l’IMSA et Jim France, lui aussi ravi de ce prix. Une coupe de cette performance va même rejoindre les locaux IMSA/NASCAR. Nous n’en demandions pas tant.

Magnifique vue depuis la tribune (photo : Endurance-Info)

En quinze ans, pas une fois je n’avais mis les pieds dans les immenses tribunes. Il aura fallu attendre 2024 pour cela. Je sais, j’ai honte. Pourquoi y aller cette année me direz-vous ? Deux heures après le départ, j’avais un rendez-vous avec Giorgio Sanna, patron de Lamborghini Squadra Corse, et Rouven Möhr, directeur technique, pour parler Hypercar et GT3. Se rendre dans la tribune un jour de course demande du temps, beaucoup de temps. Deux solutions s’offrent à moi : la fameuse chariotte du diable ou la navette Lamborghini qui s’avère être un Urus. Chariotte ou Urus ? Banco pour le Urus qui reste la voiture que j’aimerais avoir si j’en avais les moyens. Je commence à me demander si cette invitation est judicieuse en plein début de course. Il faut trouver la navette, télécharger une application pour avoir accès à des billets pour la loge dans la tribune. Tout ça pour voir deux personnes qu’il me suffirait d’appeler au téléphone. Le tour en Urus à 15 km/h dans l’enceinte du circuit est sympa. Trente minutes plus tard, il me faut encore trouver la fameuse loge au 3e étage.

Photo : Endurance-Info

Je suis stupéfait par la grandeur des installations. Il y a beaucoup de monde mais avec quatre étages et des allées immenses, tout est facile. Je peux vous dire que je n’ai pas regretté mon temps passé chez Lamborghini. Le point de vue en tribune est vraiment terrible avec une vue sur quasiment tout le circuit. C’est ‘awesome’ comme disent les Américains. J’avoue être resté une bonne heure après l’interview pour voir les concurrents passer. J’oubliais un détail important. J’ai pu prendre un café espresso Italien bien loin de l’americano local. Il en faut peu pour me faire plaisir, surtout pendant que Thibaut s’occupait de suivre la course. Ça lui apprendra à choisir la mauvaise file à l’aéroport. 

 

Accrédité ou pas, les 24 Heures de Daytona méritent le déplacement. Oui, les courses sont différentes de l’Europe avec des neutralisations à répétition, tout de même bien moins nombreuses qu’en 2009. Au moins, les relances sont disputées et offrent un show. Doit-on parler de sport ou de show ? La vérité est certainement au milieu. C’est aussi pour cela que les Européens s’y ruent chaque mois de janvier, nous y compris…

Commentaires (10)

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LittleBen

29 jan. 2024 • 19:10

Merci pour l’article, Laurent!
Et au-delà des côtés « billet d’humeur » et « en coulisses », j’aime beaucoup vos dernières lignes et votre conclusion.

tomtomflo

29 jan. 2024 • 20:04

Il ne reste plus qu'à organiser un voyage de groupe pour qu'on y aille tous en 2025 🤩😁

MotorsportColors

29 jan. 2024 • 20:17

Pour ma première, je confirme, en Floride tout est cool, facile. Même avec mon anglais pitoyable, j'ai été branché par quelques fans locaux.
Et le tribunes!!! Un peu vides car dimensionnées pour les 500 miles mais super bien conçues. Et, selon l'emplacement c'est bien tout le circuit qu'on voit.
Pour ma part, sûr que j'y serais en 2026. I'll be back.

TG-TO

29 jan. 2024 • 20:23

Tomtomflo....Chiche..🤣🤣
J ai pas trouvé d hébergement pour 2024 mais je compte m y prendre bien en avance pour 2025.
J ai fait Sebring à deux reprises et j aimerai mettre sur mon tableau PLM ou (pourquoi pas ET) Daytona.

filou

29 jan. 2024 • 20:42

Bonjour Laurent, vos articles « moment de vie » sont toujours un régal à lire…on s’imagine être là bas, ça donne envie…!