Pourquoi Meyer Shank Racing fera l'impasse sur l'IMSA en 2024

Qu'a annoncé l'équipe Meyer Shank Racing ?

Sans surprise, qu'elle ne remettra pas le couvert l'an prochain en IMSA. Officiellement, c'est « pour se concentrer sur l'IndyCar », championnat que l'écurie disputera avec Felix Rosenqvist et Tom Blomqvist, qui remplacent Helio Castroneves et Simon Pagenaud.

« Prendre la décision de quitter pendant un an l'IMSA n'a pas été facile, loin s'en faut, souligne Michael Shank. Nos gars vivent et respirent pour cette équipe, et ont consacré la majeure partie de leur vie à travailler sur ces voitures et à se rendre sur les courses. Et beaucoup d'entre eux sont avec nous depuis près de 20 ans. Pour Jim (Meyer. Ndlr) et moi, notre principale préoccupation était de préparer nos gars et de nous assurer qu'ils allaient tous s'en sortir, ce que nous avons réussi à faire. »

« Il y a beaucoup de projets en cours dans l'atelier et, bien sûr, certains des gars participeront à notre programme IndyCar, qui est en pleine expansion, enchaîne l'intéressé. La troisième participation d'Helio aux 500 miles d'Indianapolis dans nos rangs est très importante et je suis heureux d'avoir les bonnes personnes en place pour nous aider à être aussi prêts que possible pour qu'il puisse obtenir la cinquième (victoire. Ndlr). Ensuite, lorsque nous devrons nous préparer à nouveau pour l'IMSA, nous aurons toujours ce grand groupe réuni et prêt à partir. »

Que représente MSR en IMSA ?

D'une équipe privée jouant les premiers rôles de temps à autres, la formation basée dans l'Ohio est devenue un représentant officiel de Acura en 2019 et 2020 puis en 2022 et 2023. Sur son CV, figurent trois succès aux 24 Heures de Daytona en 2012, 2022 et 2023, deux victoires à Petit Le Mans en 2016 et 2022 et autant aux 6 Heures du Glen (2017 et 2019). C'est une page qui se tourne, d'autant que l'entité en question est présente sur la scène Endurance outre-Atlantique depuis 2004 (GrandAm puis IMSA), la dernière manche, sur l'Indianapolis Motor Speedway, marquant son 350e départ dans la discipline.

Actuellement sixième du classement Equipes, elle peut d'ailleurs encore mathématiquement rafler un deuxième titre de rang la semaine prochaine à l'occasion de l'édition 2023 du Petit Le Mans, manche finale de la saison en cours. Pour parvenir à ses fins, elle s'appuiera sur son duo habituel Tom Blomqvist / Colin Braun, épaulé pour l'occasion par Helio Castroneves, entré il y a peu au capital de l'équipe.

« Jamais je ne remercierai assez les membres de mon équipe et les pilotes qui nous ont accompagnés, souligne Michael Shank. La plupart d'entre eux ont changé ma vie depuis que j'ai démarré cette équipe en Grand-Am. Et comme je l'ai dit, nous n'allons nulle part, nous sommes partis, mais ce n'est que provisoire. » 

La liste des pilotes ayant défendu les intérêts de l'équipe en Endurance est longue, mais citons notamment Olivier Pla, Dane Cameron, Ryan Hunter-Reay, Graham Rahal, Oswaldo Negri Jr, Justin Wilson, John Pew, Laurens Vanthoor, Andy Lally, Alvaro Parente, Matt McMurry, Mario Farnbacher, Tom Blomqvist, Katherine Legge, Simon Pagenaud, Helio Castroneves, Colin Braun, Oliver Jarvis, Mark Blundell, Martin Brundle, Ian James, Paul Tracy, Rafa Matos, Ryan Dalziel, Sam Hornish Jr...

Parmi les autres titres, évoquons notamment ceux décrochés en GTD en 2019 et 2020 avec la Acura NSX GT3.

Qu'est-ce qui se cache derrière une telle décision ?

Le facile deuxième succès de rang signé par le Meyer Shank Racing aux 24 Heures de Daytona, en janvier dernier, a étonné plus d'un observateur. Si le quatuor Tom Blomqvist / Colin Braun / Helio Castroneves / Simon Pagenaud n'a pas commis la moindre erreur, l'Acura n°60 tournait autour de ses rivales, y compris autour de l'autre ARX-06 en piste : la n°10 du Wayne Taylor Racing with Andretti Autosport. Une écurie pourtant fort à son aise sur le double tour d'horloge floridien, avec quatre succès si l'on compte celui du Suntrust Racing en 2004.

Finalement, le 8 mars dernier, nous apprenions que le Meyer Shank Racing avait été accusé et reconnu coupable de triche, la AXR-06 n°60 ayant roulé avec des pressions de pneus inférieures aux pressions réglementaires (2,1 bars), ce qui offre un avantage substantiel en performance pure. Une affaire que nous vous avions expliquée dans les grandes largeurs ICI et qui avait vu, pour rappel, MSR manipuler les datas renvoyés à l'IMSA.

➡️ POUR PLUS D'EXPLICATIONS : 24 H. de Daytona – Meyer Shank Racing devait-il perdre sa victoire ? Explications et analyse...

Si MSR avait conservé sa victoire, équipes et pilotes avaient vu leur compteur points tomber à zéro. Gageons qu'en Europe, cela se serait passé différemment, mais peu importe. Ce qui est certain, c'est que cette tricherie avérée avait fort déplu à Acura. Et pour cause, c'est même la branche sportive du constructeur qui avait dénoncé son écurie-partenaire aux instances dirigeantes.

« Nous sommes extrêmement déçus de la mauvaise conduite de l'équipe Meyer Shank Racing, avait lâché le président de HPD Motorsport David Salters. Nous avons eu connaissance d'un problème avec les données de la voiture n°60 et, après une enquête détaillée après la course, nous avons fait part de nos conclusions à l'IMSA. HPD ne tolère aucune mauvaise conduite, délinquance ou manipulation de données de quelque nature que ce soit. Nous soutenons totalement l'action de l'IMSA dans cette affaire. Nous avons fait d'énormes efforts pendant deux ans avec notre partenaire châssis (Oreca. Ndlr) pour faire de l'ARX-06 la meilleure voiture de course possible. Il est inacceptable que cela soit remis en cause. »

De quoi clairement mettre à mal l'idylle entre la formation de Pataskala (Ohio) et la branche américaine de Honda, qui ne poursuivront donc pas leur collaboration en IMSA. Le contrat arrive de surcroît à son terme, quand celui les liant en IndyCar va jusqu'à fin 2024. Acura n'en a réellement cure, d'autant que le Wayne Taylor Racing with Andretti Autosport alignera une deuxième ARX-06 sur l'intégralité de la saison IMSA dès l'an prochain.

D'ailleurs, si MSR remercie HPD dans son communiqué, celui-ci ne propose étonnement - ou pas ! - aucune citation de David Salters, le président de la branche sportive de Honda sur le sol américain.

Vous l'aurez compris, c'est plus que probablement là qu'il faut chercher la vraie raison de cette décision et non dans l'envie de l'écurie de se concentrer sur l'IndyCar. Une histoire de triche qui aura donc fait bien du mal à une équipe qui avait su se faire une place au soleil, au milieu de ténors tels Penske, Ganassi et autres Andretti...

QUID DE LA SUITE ? Le Meyer Shank Racing met donc l'Endurance entre parenthèses, elle qui rêvait de 24 Heures du Mans, une épreuve à laquelle elle a pris part à une reprise, en 2016, avec John Pew, Ozz Negri et Laurens Vanthoor. Mais Michael Shank insiste bien sur le fait qu'il conserve ses effectifs en vue d'un probable retour, peut-être dès 2025, mais probablement avec un autre constructeur que Acura. « Lorsque nous devrons nous préparer pour le programme IMSA, nous aurons toujours ce grand groupe réuni et prêt à partir, assure-t-il. Pour l'instant, nous partons, mais ce n'est pas pour toujours. » Assurément, comme l'équipe l'affirme sur ses réseaux sociaux ⬇️, ce n'est qu'un au-revoir...

𝐍𝐄𝐖𝐒: We will be pausing our IMSA program to focus on INDYCAR in 2024. But don't worry, we're not going anywhere and will be ready to rejoin IMSA soon!Official release: https://t.co/Djsq13CoFV pic.twitter.com/Q3FSaFMyn6

— Meyer Shank Racing (@MeyerShankRac) October 3, 2023