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Sébastien Bourdais : « Les courses sont féroces, il faut donc les mériter »

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14 sep. 2023 • 9:00
par
Jean-Pierre Lévèque
Pilote de la Cadillac V-Series.R n°3, Sébastien Bourdais arrive en terrain connu sur, l'Indianapolis Motor Speedway.
Photo : LAT

Sébastien Bourdais retrouve cette semaine le circuit d’Indianapolis, un tracé que le quadruple champion Champ Car connaît bien, lui qui compte dix départs sur le tracé de l'Indiana avec une 4e place en guise de meilleur résultat en 2014, 2015 et 2018 en IndyCar.

 

Cette fois, c’est sur la Cadillac V-Series.R couvée par le Chip Ganassi Racing et partagée avec Renger van der Zande qu’on va retrouver le Sarthois, pour une course de l'IMSA d'une durée de 2h40. Le Manceau compte deux départs en prototype à Indy. Il y a d’abord eu une Riley-Ford DP en 2012 en compagnie d’Alex Popow, puis une Corvette DP l’année suivante.

 

Quand vous repensez à cette première course en 2012 à Indianapolis, à quel point cette victoire a-t-elle été spéciale pour vous ?

C'était un grand jour ! Les victoires et les premières comme celles-ci sont toujours de bons souvenirs, surtout vu le déroulé des événements. Je pense que nous avons dû rouler sur le sec et sur le mouillé. Les conditions météorologiques étaient assez intéressantes, avec beaucoup de précipitations pendant la course. C'est toujours ce genre de course à laquelle vous pensez plus tard et c'est la seule fois où j'ai embrassé les briques, donc c'était une journée plutôt cool.

La Riley-Ford/Starworks Motorsport en 2012

L'atmosphère est différente entre l'IndyCar, les voitures de sport et l'IMS (Indianapolis Motor Speedway). Ce circuit conserve-t-il une magie particulière pour les voitures de sport ?

L'endroit est incroyable. Quand vous entrez dans l'enceinte, c'est un lieu très spécial qui vous rappelle beaucoup de souvenirs. Chaque fois qu'il y a une course à l'IMS, l'ambiance est différente. J'espère qu'il y aura beaucoup de monde. On a beaucoup demandé à ce que l'Endurance revienne et je m'attends à un grand week-end de course.

 

Cet endroit mérite une grande foule tant il est grand, et je pense qu'Indianapolis, qui est une ville de course automobile, réagit toujours bien aux bons spectacles. C'est le cas de l'IMSA en ce moment. C'est génial d'en faire partie avec Cadillac Racing et c'est une course à domicile pour Chip Ganassi Racing, donc il y a beaucoup de choses à attendre.

 

Quels sont les défis à relever sur ce circuit ?

C'est un circuit avec une seule trajectoire et, chaque fois que vous devez en sortir - et vous devrez le faire - cela rend les choses très difficiles. Les boules de gomme s'accumulent très vite, donc pour nous, les GTP, qui ne sommes pas beaucoup plus rapides que les LMP2 et qui ne sommes certainement pas plus rapides dans les zones de freinage, l'interaction sera assez délicate et ce sera un des facteurs clés de cette course. La facilité avec laquelle votre voiture peut se déplacer autour des autres sera déterminante.

 

Techniquement, je pense que c'est un circuit très délicat parce qu'il y a des épingles qui impliquent d'avoir des repères de freinage très précis. Ce n'est pas comme un virage fluide et donc la marge pour atteindre le point de corde ou non est très faible, parce que si vous y arrivez, cela donne un virage très différent que si vous êtes à une dizaine de centimètres. Il n'y a pas d'ajustement possible à partir de là et ce sont tous des virages assez longs, donc je pense qu'un bon train avant est essentiel.

Photo : LAT

"L'énergie virtuelle" est-elle quelque chose dont vous êtes conscient durant un relais ?

C'est quelque chose dont nous sommes très conscients. Nous pouvons choisir la quantité de carburant que nous mettons dans la voiture, donc c'est vraiment de l'énergie virtuelle. Je reviens de Laguna Seca, où la stratégie y était un peu différente. J'expliquais à Claire (sa femme. Ndlr) que nous sommes rentrés au stand et que nous nous étions branchés, mais que nous n'avions pas changé de pneus et pas mis d'essence dans la voiture. Elle m'a dit : « Répète ça encore une fois. Donc, vous êtes au stand, vous n'avez pas mis de carburant dans la voiture ni changé les pneus, alors pourquoi étiez-vous dans les stands ? »

 

Il est possible d'être branché, ne pas prendre de carburant et remplir le réservoir virtuel. C'est en fait la quantité d'énergie nécessaire pour le relais qui est déterminée au début de la course, ce qui ouvre la voie à des stratégies lors des courses où il y a beaucoup de neutralisations et où l'on n'est pas limité par le carburant, mais par l'énergie pour arriver au bout. Nous économisons l'énergie de la même manière. Il faut évidemment garder un œil sur la quantité de carburant que l'on a dans la voiture, mais vous devez surtout garder un œil sur l'énergie qu'il vous reste pour terminer la course. La quantité de régénération que vous obtenez et la façon dont vous l'utilisez ont un impact sur l'énergie par tour, et c'est ce qui régit tout le monde.

 

Comment s'est déroulé le processus d'apprentissage de la voiture GTP cette année ?

C'est une voiture entièrement nouvelle et, chez Cadillac, nous n'avons pas vraiment été dans une position différente de celle des autres constructeurs. Nous découvrons les choses au fur et à mesure. C'était bien de faire des essais sur l'IMS. C'était vraiment le premier test de préparation pour Indy depuis Sebring. Nous avons donc appris pas mal de choses sur la voiture, et nous sommes allés à Road America, ce qui nous a été très bénéfique. Le week-end de course ne s'est pas forcément déroulé comme nous le souhaitions, mais nous avons vraiment eu l'impression d'avoir franchi un palier en termes de rythme. Le classement change beaucoup. Nous pouvons voir que certaines voitures utilisent mieux les pneus que d'autres en fonction des conditions.

 

Depuis Watkins Glen, nous utilisons le pneu le plus dur de Michelin et cela change un peu la donne. Les Cadillac étaient un peu plus performantes sur des composés plus tendres, prenant mieux soin des pneus. Maintenant que nous avons le pneu le plus dur, il est plus difficile d'en tirer le maximum et d'autres ont pu se démarquer en termes de performance.

 

C'est intéressant de voir l'évolution d'un circuit à l'autre et en fonction des conditions. Je pense que tout est très proche. La BoP a bien fonctionné. Les courses ont été bonnes et nous avons vu beaucoup de vainqueurs différents, donc je pense que le public a de quoi se réjouir. Pour nous, la voiture GTP est différente parce que c'est une voiture plus lourde avec de meilleurs pneus, mais plus de poids et nettement moins d'appui. Les courses sont féroces, il faut donc les mériter.

Commentaires (1)

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Dawheel

15 sep. 2023 • 13:50

Est ce qu'il serait possible d'avoir un article sur "L'énergie virtuelle".
On arrive sur une aberration si une voiture s'arrête au stand pour rien.