Le Mans

C'était mieux avant ?

24 Heures du Mans
26 mai. 2023 • 21:10
par
lmercier, un brin nostalgique

Par le plus grand des hasards, la date de la première édition des 24 Heures du Mans correspond à celle de la création d'Endurance-Info. Pour nous, on ne parle pas encore de centenaire mais bien de 17e anniversaire. Déjà ! Quand le média a vu le jour le 26 mai 2006, il n'était pas question de viser un quelconque avenir. 

 

Cette aventure sportive et médiatique débutée à cinq personnes partait de l'envie de parler Endurance ailleurs que sur des forums, aussi bien Motorlegend que Infoscourse. Dix-sept ans plus tard, on ne parle plus de forum mais de réseaux sociaux avec les dérives que l'on connaît. Par chance, il reste quelques espaces de convivialité comme on peut le voir sur Twitter sur Space (prochaine émission en direct lundi 21h). 

 

Que dire de plus que vous ne savez pas déjà ? Vous savez tout sur les 24 Heures du Mans, tout sur la création et le développement d'Endurance-Info et tout sur mes premiers pas au Mans en 1980. Tout a été largement raconté dans ces colonnes. 2023, c'est quand même quelque chose car un centenaire ne se vit qu'une fois. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais pour moi, jusqu'à il y a peu, je n'avais pas vraiment d'émotion particulière. Est-ce le fait de passer beaucoup de temps sur les circuits, de discuter avec les acteurs de l'Endurance toute l'année ? Au fil des mois, la sauce a commencé à monter. Il y a d'abord eu l'histoire des billets vendus en peu de temps. Ensuite, les festivités qui parlent du présent mais qui vont surtout revenir dans le passé. Nous vivons à une époque où on se raccroche souvent au passé. Vous entendez régulièrement que c'était mieux avant. Ce n'était certainement pas mieux avant, c'était juste différent.

Ce que je vous dis n'est pas entièrement vrai car il y a tout de même des choses qui étaient mieux avant, au siècle dernier pour parler comme quelqu'un qui fait partie de la génération X, celle qui a connu le droit de manquer l'école un samedi matin chaque mois de juin pour aller aux 24 Heures du Mans. Croyez-moi, ce n'était pas gagné. J'ai aussi connu le droit d'arpenter le parc coureurs pour approcher les pilotes, sentir les odeurs de mécanique, les petites tentes, s'immiscer pour apercevoir un pilote et tenter l'autographe car oui messieurs dames le selfie n'existait pas dans les années 80. On écoutait Madness et son One Step Beyond, on rêvait de voir les seins de Samantha Fox et on attendait cette semaine du Mans impatiemment. Il fallait patienter 363 jours pour attendre les deux plus belles journées de l'année. Avouez que vous comme moi avez connu les gradins en terre où vous avez passé un temps fou à regarder la vie des stands, le passage des concurrents. Avouez aussi que préfériez l'ancien village avec ses arbres et ses allées, ses petites boutiques et les souvenirs que vous rameniez. On collectionnait les badges puis les pin's. 

 

Quand on est gamin et qu'on a une pochette autour du cou avec le billet de la course à l'intérieur, c'est comme si vous étiez coureur, fier comme Artaban. Vous aussi avez passé du temps assis au-dessus des stands, serré comme des sardines avec les pieds qui tapaient sur les vitres des loges juste en-dessous. Les rêves de gamin, vous les avez tout comme moi et ceux-là sont indélébiles, marqués à vie. Avouez aussi que le dimanche matin, vous achetiez le Maine Libre pour regarder la dernière page avec les concurrents barrés en rouge. Mieux, vous preniez celui du samedi et vous cherchiez un stylo pour les barrer. Vous en avez fait des pas sur ce circuit, dans ses allées, son paddock, son musée. Le dimanche à l'arrivée, vous étiez crasseux mais avouez que c'était bon. Sur le chemin du retour, il fallait attendre un an avant de revenir avec le blues du dimanche soir même si le lundi matin à l'école, vous étiez le king à raconter ce que vous aviez vu aux copains qui eux étaient à l'école le samedi matin. 

 

Pour tout ça, c'était mieux avant. On ne reviendra pas en arrière, cela ne fait aucun doute. Nous allons donc vivre le centenaire des 24 Heures du Mans et Endurance-Info sera de la fête au coeur de l'action avec quelques surprises. Comme quoi il faut croire dans ses rêves. Tout le monde n'est pas pilote mais il est possible de passer de l'autre côté du grillage, ce que, quand vous êtes gamin vous rêvez tous de faire un jour. Bien sûr, au XXIe siècle, les choses ont bien évolué car vous suivez tout en temps réel. Combien de personnes qui font partie de ce paddock ont vécu la même chose que moi ? Combien de spectateurs ont vécu aussi cela ? 

Messieurs Faroux, Coquille et Durand, votre idée de mettre en place une course d'endurance de 24 heures en 1923 était farfelue, mais quelle bonne idée vous avez eu. Cent plus tard, votre investissement fait partie du patrimoine national au même titre que le Tour de France. Votre épreuve a même survécu à une pandémie, et même si l'automobile telle qu'on la connaissait n'a plus le vent en poupe, vous serez plusieurs centaines de milliers de personnes agglutinées autour d'un circuit automobile qui continue d'emprunter une route nationale. 

 

Je vais terminer sur une note moins joyeuse car ce 26 mai marque aussi le quatrième anniversaire du décès de mon papa, lui qui m'a fait découvrir cette course mythique, lui qui m'achetait des albums de Michel Vaillant que j'ai lu et relu en me disant que moi aussi un jour ma chance de piloter une Vaillante viendra. Alors qu'elle ne fut pas ma surprise en ouvrant ma boite aux lettres, d'y découvrir  le dernier album de Michel Vaillant, 'La cible', dont l'action se passe au Mans et quelle autre surprise d'y découvrir mon visage page 48 tout près d'un autre saltimbanque. Est-ce que la boucle est bouclée ? Non car maintenant il faut vivre ce centenaire et je sais à qui le dédier... 

Commentaires (19)

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jeanmi29470

26 mai. 2023 • 23:41

Bon anniversaire EI ! Merci Laurent pour cet article. 32 ans cette année que mon papa m’y a emmené pour la première fois en 1991. La passion reste intact et je retrouve dans ce papier des souvenirs, des moments qui me rappelle au combien je ne peux me passer de cette course. Longue vie à Endurance Info

Sanmibor

27 mai. 2023 • 0:03

Merci pour ce billet, où l'on ressent votre passion, et également cette ambiance si particulière du Mans.
Du haut de mes 27 ans, ça fait déjà 21 ans que je vais sur le circuit quasiment chaque année. Et pour certaines choses, oui, c'était mieux avant (notamment, je suis d'accord, la possibilité de s'infiltrer partout, c'est plus dur chaque année). Mais certaines choses s'améliorent.
Et Le Mans reste Le Mans. Ça reste cette fête populaire, où celui qui économise toute l'année croise celui qui va acheter sa Rolex. Et cette ambiance de Tour de France version mécanique.

Vive le centenaire, et puisse les 100 prochaines années être aussi belles.

Franeck49

27 mai. 2023 • 1:01

Merci Laurent pour ce bel article ! Je n’ai pas votre expérience du Mans que je ne vis que depuis une dizaine d’années, en « live » mais avec tant de plaisir et avec deja tant de souvenirs, de partage, de « cooptation » pour convertir des béotiens devenus fidèles ! Alors oui, il y a certainement bien des choses qui « étaient mieux avant » sauf que pour ceux qui le découvrent aujourd’hui, nous nous devons de les accompagner dans ce qui sera leur « c’était mieux avant ». La passion est toujours là, la ferveur autour de cette édition est fabuleuse. Et pour nous tous, que ce soit la première ou la centième (!) participation, on pourra dire et raconter les yeux remplis d’émotion : j’y étais !
Bon « centenaire » à tous !

Cabrelbeuk

27 mai. 2023 • 5:06

Très bon article.

Et le 5ième paragraphe est tout aussi valide si on a commencé à aller aux 24h fin 90/début 2000 ! Merci pour les souvenirs...

c.jahier@jahier-pneus.fr

27 mai. 2023 • 10:30

C’est malin de faire remonter autant d’émotions, j’aurais pu lister à peu près les mêmes souvenirs mais avec moins de talent. Imaginez depuis 1970…