Le préchauffage des pneumatiques autorisé aux 24 Heures du Mans

Dans un but écologique surtout lié à l'image, la chauffe des pneumatiques est désormais prohibée en WEC. Les équipes n'ont plus recours aux cabanes de chauffe, qui consomment du fuel et donc sont considérées comme polluantes. 

Ainsi, les voitures partent désormais avec des pneus froids... ce qui n'est pas sans risque. Tout d'abord, sur les premiers tours, on se retrouve avec des autos évoluant de concert sur la piste avec des vitesses extrêmement disparates, celles sortant de la pit lane mettant du temps à faire monter leurs gommes en température. Enfin, en cas de faible température, les pilotes assurent évoluer sur de la glace.

Très rapidement, et avant même le début de saison, bon nombre de concurrents ont exprimé leur mécontentement, arguant que cette décision se faisait au détriment de la sécurité des pilotes. 

Le premier en avoir fait les frais lors d'une séance "officielle" est James Calado, parti à la faute en sortant de la voie des stands à Sebring durant le Prologue. Trop endommagé, le châssis de la 499P n°51 a dû être remplacé. Mais en Floride, c'est le seul souci qui a été déploré, la température ambiante étant relativement élevée.

Au Portugal, en EL3 – séance disputée avec des températures fraîches – plusieurs concurrents se sont plaints de la situation, mais aucun accident n'a été à déplorer... au contraire de Spa. Et pour cause, en Belgique, les protagonistes du WEC ont dû composer avec des températures très fraiches. Et dès la deuxième séance d'essais libres, la Ferrari n°21 de Diego Alessi est allée s'encastrer dans la 488 GTE n°54 de Thomas Flohr, qui sortait de la voie des stands en pneus froids. Certes, Alessi a commis une grossière erreur, mais tout de même...

Le lendemain, c'est Brendon Hartley qui s'en est allé taper les piles de pneus dans le Raidillon en qualifications, alors qu'il roulait à faible allure. Même sentence pour Antonio Fuoco en fin de course dans la descente après La Source. Alors que la 499P n°50 s'acheminait vers son troisième podium, elle a été contrainte à l'abandon. Et selon nos informations, le châssis n'est pas récupérable. 

Un vent de révolte s'est alors formé au sein du peloton. Si Antonello Coletta - directeur de Ferrari Attivita Sportive GT - est le seul patron d'équipe à s'être exprimé publiquement, les pilotes se sont mobilisé pour exprimer leur mécontentement. L'écologie oui, mais pas à n'importe quel prix ! La sécurité doit rester la priorité. 

Et force est de constater qu'ils ont été écoutés. En effet, nous avons appris cet après-midi qu'aux 24 Heures du Mans (10-11 juin), les 62 voitures inscrites auront bien recours à des cabanes de chauffe pour les pneumatiques. Ce qui ne sera pas de trop pour passer la nuit et ses températures pas toujours estivales à la mi-juin. Une exception pour cette seule et unique course ô combien spécifique.

"La FIA et l’ACO ont procédé à un examen approfondi des données d’utilisation des pneumatiques en collaboration avec Michelin et Goodyear, fournisseurs exclusifs du Championnat du monde d’Endurance FIA (WEC), peut-on lire sur le communiqué. En conséquence, les instances dirigeantes ont décidé, pour l’édition à venir des 24 Heures du Mans, d’autoriser le préchauffage des pneumatiques.

Cette autorisation est accordée aux seules 24 Heures du Mans, et assure aux pilotes de tous niveaux d’expérience la possibilité de courir dans un environnement le plus sécurisé possible, quelles que soient les conditions de piste ou de température. Par ailleurs, les manufacturiers de pneumatiques, équipes et pilotes disposeront d’un gain de temps appréciable pour développer une meilleure compréhension de la manière de porter des pneus froids à température.

Ce retour de la chauffe des pneus s’appliquera aux trois catégories en course afin de garantir une équité sportive et par souci de cohérence. De plus, les armoires chauffantes utiliseront un carburant 100% durable fourni par TotalEnergies, fournisseur exclusif du FIA WEC.

La suppression de ce préchauffage a été instaurée dans le cadre d’une stratégie à long terme du FIA WEC en matière de pneumatiques, et préparée ces deux dernières années en consultation avec les manufacturiers."